Covid-19 : y a-t-il eu un "effet Noël" et un "effet nouvel an" sur les contaminations et les hospitalisations ?

Même si l'épidémie de coronavirus progresse en France, difficile de savoir si Noël et le nouvel an ont eu un gros impact, car de nombreux facteurs entrent en jeu.
Même si l'épidémie de coronavirus progresse en France, difficile de savoir si Noël et le nouvel an ont eu un gros impact, car de nombreux facteurs entrent en jeu.

La situation épidémique se tend en France depuis quelques semaines. Les contaminations et les hospitalisations liées au Covid-19 sont en hausse, au point qu’un nouveau confinement est évoqué. Est-ce un “effet Noël” et nouvel an ?

C’était l’une des craintes du gouvernement et des experts : que les fêtes de fin d’année, autorisées, aient ensuite des conséquences catastrophiques sur les contaminations au coronavirus. D’ailleurs, face à des chiffres plus élevés que prévu mi-décembre, l’exécutif avait décidé de maintenir le couvre-feu à 20 heures le soir de la Saint-Sylvestre, alors que cette soirée devait initialement en être exemptée, comme ce fut le cas pour le 24 décembre.

Ces deux soirées ont-elles eu les effets redoutés ?

Plusieurs facteurs à prendre en compte

Il est maintenant communément acquis qu’il faut environ une semaine pour voir les effets d’un événement précis sur les contaminations au Covid-19, puis entre 15 jours et un mois pour observer les conséquences sur les hospitalisations, les admissions en réanimation et finalement les décès. Noël ayant eu lieu il y a exactement un mois, et le nouvel an il y a trois semaines, les conséquences devraient pouvoir se faire sentir maintenant.

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Mais ce n’est en fait pas si simple. “La difficulté, c’est qu’on a toute une série de facteurs qui peuvent pousser en avant ou freiner” l’épidémie, nous explique Yvon Le Flohic, médecin généraliste, épidémiologiste et membre du collectif Du côté de la science. La période de l’année, d’abord. “De décembre à avril, c’est la période préférée des coronavirus humanisés”, décrit-il. La météo a également un rôle, puisqu’on “a une certitude, c’est que les UV jouent sur la persistance des aérosols : plus il y a d'UV moins il y a d’aérosols”. Par ailleurs, le froid “fait qu’on est plus à l’intérieur”. Et, à l’inverse, la fermeture des écoles durant les vacances scolaires semble avoir plutôt un impact positif et diminuer la circulation.

Autre élément à prendre en compte, “on a déconfiné alors qu’on n’était pas du tout redescendu à un niveau raisonnable”, poursuit de son côté Catherine Hill, épidémiologiste à l’institut Gustave Roussy. Et il y a “un relâchement dans la vie de tous les jours, qui est normal puisque ça fait maintenant un an que le virus est parmi nous”, ajoute quant à lui Jérôme Marty, médecin généraliste et président de l’Union Française pour une médecine libre.

“On ne peut pas savoir”

Impossible, donc, de réfléchir de manière binaire. Trop d’éléments sont à prendre en compte. D’ailleurs, Catherine Hill nous confirme qu’on “ne peut pas savoir, et qu’on ne saura jamais” si Noël et le nouvel an sont la cause de la situation actuelle. “Tout ce qu’on peut faire, c’est observer les données”, nous explique l’épidémiologiste.

“Tous les indicateurs augmentent depuis le 1er janvier, mais ils avaient de toute façon arrêté de baisser depuis le 1er décembre”, commente-t-elle, en s’appuyant sur les nouvelles hospitalisations, les nouvelles admissions en réanimation et les décès. Pour elle, ce qui a vraiment eu de l’effet, c’est “plutôt l’ouverture des magasins et le déconfinement” alors que nous n’étions “pas revenus aux chiffres de début septembre”.

Moyenne glissante sur 7 jours des nouvelles hospitalisations, nouvelles admissions en réanimation et nouveaux décès par Covid-19 (mis à jour le 24 janvier par Catherine Hill)
Moyenne glissante sur 7 jours des nouvelles hospitalisations, nouvelles admissions en réanimation et nouveaux décès par Covid-19 (mis à jour le 24 janvier par Catherine Hill)

Des contaminations mais pas de raz-de-marée

S’il est difficile de connaître le rôle exacte de Noël et du nouvel an sur les hausses enregistrées depuis quelques semaines, une chose est sûre, “on ne voit pas d’effet de crête dans les courbes”, commente le docteur Jérôme Marty, alors qu’il aurait dû se situer “autour du 7 ou 8 janvier pour Noël, et du 15 pour le nouvel an”.

“Manifestement, on n’a pas eu de raz-de-marée. Il y a eu des cas de contamination pendant les repas de Noël, mais c’est un peu noyé dans d’autres causalités, qui peuvent être positives ou négatives”, poursuit le docteur Yvon Le Flohic. L’une des illustrations de cette absence d’impact majeur : les disparités régionales. “Il y a aussi eu des festivités dans les Côtes-d’Armor, et pourtant, l’indice de circulation est faible et il y a un seul patient en réanimation”, poursuit celui qui est également épidémiologiste.

Un surcroît d’attention pendant les fêtes

Pour les deux hommes, la communication autour de ces deux soirées pourrait avoir permis d’atténuer les risques. “Certes, il y a eu du relâchement dans la vie de tous les jours, mais Noël et le nouvel an, ce n’était pas la vie de tous les jours, il y a eu un surcroît d’attention”, observe Jérôme Marty. “À force de dire que ça allait être la catastrophe, les gens ont fait attention”, complète Yvon Le Flohic.

Si l’épidémie de coronavirus a repris sa progression et que les fêtes de fin d’année peuvent avoir, en partie, joué un rôle, la France a échappé au raz-de-marée annoncé. Ça n’avait pas été le cas, en décembre, des États-Unis, qui ont connu une flambée épidémie après Thanskgiving.

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