"Trop de civils sont tués" à Gaza: la France met la pression sur Israël

Alors qu'elle appelle à une nouvelle trêve entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, Catherine Colonna, dénonçant une "violation flagrante du droit international", annonce que "des mesures seront prises" contre les colons israéliens en Cisjordanie.

Après 72 jours de guerre entre le Hamas et Israël dans la bande de Gaza, la France, préoccupée "au plus haut point", a appelé à "une nouvelle trêve immédiate et durable" ce dimanche 17 décembre. Paris, par la voix de la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna, a aussi annoncé travailler à des sanctions contre les colons israéliens responsables de violences en Cisjordanie.

Après ses rencontres côté israélien, Catherine Colonna s'est d'ailleurs rendue dans une localité proche de Ramallah, où elle a dénoncé "des actes graves" commis par les colons qui "minent la perspective d'une solution politique" avec Israël et la création d'un État palestinien.

"La France se réveille sur la colonisation israélienne des territoires palestiniens", analyse Georges Malbrunot, journaliste au Figaro et spécialiste du Moyen-Orient. Car des sanctions avaient en effet été annoncées il y a deux semaines par les États-Unis contre les colons israéliens en Cisjordanie.

À Gaza, un agent du Quai d'Orsay tué, l'Institut français visé

Posture ou Paris hausse-t-il le ton face à Tel-Aviv? Samedi, le Quai d'Orsay a "condamné" un bombardement israélien dans la bande de Gaza ayant causé la mort d'un agent du ministère français des Affaires étrangères et a exigé que "toute la lumière soit faite" sur ce drame "dans les plus brefs délais".

Un tir israélien avait visé début novembre l'Institut français de l'enclave palestinienne. En parallèle, à quelques pâtés de maison de là, un bureau de l'Agence France Presse avait également été endommagé.

Dans la bande de Gaza, des Français ont été bloqués pendant de longues semaines, faute d'accord permettant leur évacuation. Trois Français sont aussi "retenus, disparus ou otages dans la bande de Gaza", après les attaques du 7 octobre.

De son côté, le ministre israélien des Affaires étrangères Eli Cohen a qualifié tout appel au cessez-le-feu "d'erreur" et de "cadeau pour le Hamas", le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza depuis 2007.

"Les Palestiniens n'ont pas à payer pour des crimes terroristes qu'ils n'ont pas commis"

Au 17 décembre, l'offensive militaire lancée par Israël a fait plus de 18.800 morts, en majorité des femmes, enfants et adolescents, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.

"De facto, aujourd'hui, des civils sont bombardés. Ces bébés, ces dames, ces personnes âgées sont bombardés et tués. Il n'y a aucune raison et aucune légitimité à cela. Nous exhortons donc Israël à arrêter", lançait Emmanuel Macron mi-novembre. Au point de susciter des critiques, y compris au sein de l'Etat Hébreu.

Ce dimanche en Israël, Catherine Colonna a une nouvelle fois appelé à une "trêve immédiate et durable" dans la bande de Gaza. "Nous n’oublions pas la tragédie du 7 octobre mais aussi que la vie des civils palestiniens doit être mieux protégée", a résumé la ministre des Affaires étrangères sur X.

"Trop de civils sont tués", a-t-elle déclaré, avant d'ajouter que "les Palestiniens n'ont pas à payer pour des crimes terroristes qu'ils n'ont pas commis".

Des propos loins du "soutien inconditionnel" apporté par la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet à Israël. Signe de l'évolution de la position française, la parlementaire Renaissance, quatrième personnage de l'État, a précisé sa déclaration mi-novembre.

"Le soutien qui est le mien, c’est à l’existence d’Israël de façon inconditionnelle et le soutien à une démocratie qui a été victime du terroriste", affirmait Yaël Braun-Pivet, appelant elle aussi à "une trêve humanitaire" ce dimanche 17 décembre sur BFMTV.

41 Français tués par le Hamas le 7 octobre

Rencontrant les familles des Français disparus, Catherine Colonna a aussi souligné que la France "n'oublie pas" les personnes "assassinées avec une cruauté absolue, dont 41 compatriotes" le 7 octobre, en rappelant en particulier les crimes dont les femmes ont été victimes.

"Toute négation, toute relativisation de ces crimes sexuels est inacceptable mais surtout indigne. C'est une insulte à la conscience humaine", a-t-elle dit, se disant touchée "en tant que ministre", mais aussi "en tant que femme".

"Les faits sont réels. Les faits parlent. Il faut avoir le courage de les regarder en face, comme ils sont une barbarie que rien, jamais, ne peut justifier, a lancé la ministre.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - En Cisjordanie, la popularité grandissante du Hamas