"Choc des savoirs": pourquoi les syndicats enseignants s'opposent à cette réforme du gouvernement

La mobilisation perdure. Enseignants, parents et élèves ont manifesté ce samedi 25 mai à Paris et dans plusieurs villes en France contre la réforme du "choc des savoirs" du gouvernement pour l'Éducation nationale.

Le Snes-FSU, SUD Education, la CGT éduc'action et la FNEC-FP FO, le Sgen-CFDT, Unsa-éducation, la FCPE, et des syndicats lycéens ont appelé "celles et ceux qui se retrouvent dans le projet d'une école publique, laïque et émancipatrice à manifester pour l'école publique et pour dire non au 'choc des savoirs'", selon un communiqué commun. Depuis plusieurs mois, ces syndicats protestent contre cette réforme, organisant grèves et manifestations.

Que contient cette réforme?

Annoncée en décembre par le Premier ministre, Gabriel Attal, lors de son passage au ministère de l'Éducation nationale, la réforme dite du "choc des savoirs" est un ensemble de mesures censées élever le niveau des élèves. L'une d'elles est particulièrement contestée par une très large partie du monde éducatif: l'instauration de groupes de niveau, en français et en mathématiques, au collège.

La ministre de l'Éducation nationale Nicole Belloubet préfère parler de "groupes de besoins". Les textes officiels donnent une certaine souplesse à chaque établissement pour les mettre en œuvre. Les "groupes" entreront en vigueur à compter de la rentrée scolaire 2024 pour les classes de sixième et de cinquième, et à partir de la rentrée scolaire 2025 pour les classes de quatrième et de troisième.

Autres changements de règles annoncés en décembre: ce sont les professeurs (et non les familles comme avant) qui auront le dernier mot en matière de redoublement et il sera dorénavant obligatoire d'obtenir son brevet des collèges pour accéder à la classe de seconde. Les élèves qui n'auront pas eu leur brevet à la fin de la troisième entreront en "classe préparatoire à la classe de seconde".

À la rentrée 2024, "dans chaque département, un ou plusieurs lycées" seront "identifiés par le recteur d'académie pour mettre en place" une de ces classes, dans le cadre d'une "phase pilote", indique un décret publié en mars.

Les syndicats dénoncent un "tri" des élèves

Dans leur communiqué publié le 19 mai, les syndicats dénoncent un "ensemble de mesures, du premier degré au second degré, qui dessine les contours d’un modèle d’École passéiste et conservateur". Ils déplorent une "généralisation du tri dès le plus jeune âge", via les groupes de niveau et les classes de "prépa-lycée" notamment.

"C’est aussi une certaine vision de la société qui est esquissée, celle du tri et de l’assignation sociale, dangereuse pour notre démocratie. Un pays où la jeunesse se trouve assignée à ses positions scolaires et sociales court un grave danger démocratique", estiment les syndicats. "Le choc de savoir c'est une volonté de trier les élèves, d'en mettre certains de côté, de renoncer à l'objectif de démocratisation de l'éducation", a déclaré Benoit Teste, secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire (FSU), au micro de BFMTV ce samedi.

"Donner du temps aux enseignants"

"Ce que nous disons, c'est que pour faire réussir les élèves, il faut diminuer les effectifs", plutôt que de procéder à des tris, et "donner du temps aux enseignants", a déclaré Bruno Henry, secrétaire général académique du Snes. Pour Nathalie Peres, 45 ans, professeure de français dans un établissement classé REP à Nantes, "dans les établissements d'éducation prioritaire, où le public est très fragile, il y aura des groupes qui vont multiplier les difficultés et on ne peut pas faire progresser les élèves comme ça".

"On est pour l'hétérogénéité, on sait travailler avec l'hétérogénéité, on sait faire progresser les élèves comme ça", assure cette professeure syndiquée au Snes-FSU.

"Il y a une exaspération totale", face à "un gouvernement qui avance à marche forcée, qui n'entend pas" alors que les réformes proposées "nous amènent droit dans le mur parce qu'on manque clairement de moyens pour pouvoir les réussir", a estimé pour sa part Morgane Verviers, secrétaire générale d'Unsa-Education.

Article original publié sur BFMTV.com