"Il gouverne contre les enseignants": les syndicats vent debout contre les groupes de niveau voulus par Attal
Les syndicats s'étaient félicités d'un recul du gouvernement. La semaine dernière, la ministre de l'Éducation nationale Nicole Belloubet avait évoqué une "certaine souplesse" dans la mise en place à la rentrée prochaine, en 6e et 5e, de groupes de niveau, qu'elle a préféré qualifier de "groupes de besoin."
Mercredi 13 mars, lors d'un entretien accordé à l'AFP, le Premier ministre Gabriel Attal, ancien instigateur de ce projet alors qu’il était lui-même ministre de l'Éducation nationale, a finalement indiqué que ces groupes seraient "la règle" sur "les trois quarts de l'année au moins", et la classe "l'exception", pour l'enseignement des mathématiques et du français en 6e et 5e, et ce dès la rentrée de septembre.
Il y aura "trois groupes selon le niveau de difficulté des élèves, avec un objectif: qu'on puisse faire le point sur le niveau des élèves", a-t-il ajouté, deux jours avant la publication des textes officiels ce vendredi.
"Déconnecté de la réalité"
Logiquement, les syndicats d'enseignants et de chefs d'établissements scolaires ont laissé éclater leur colère après cette volte-face gouvernementale. Pour Jérôme Fournier, secrétaire national du SE-Unsa, "il est urgent d'attendre la publication des textes officiels", afin d'analyser leur contenu.
"Dire que la classe, c'est l'exception est une souplesse relative" et "on persiste à penser que les groupes sont néfastes pour les élèves", a-t-il déjà prévenu.
Invitée ce jeudi 14 mars sur Franceinfo, Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées), s'est montrée très remontée.
"Les professeurs sont contre, les parents sont contre, les chefs d’établissement sont contre, les inspecteurs sont contre, les chercheurs ont montré que ce n’était pas une bonne chose, finalement il n’y a plus que Gabriel Attal dans ce pays qui est pour les groupes de niveau. Il gouverne contre les enseignants", a-t-elle estimé.
La responsable amèrement les déclarations sans équivoque du Premier ministre après la souplesse affichée par Nicole Belloubet il y a quelques jours.
"On a l’impression que Gabriel Attal est complètement déconnecté de la réalité. [...] Ça va trier les élèves, les enfermer dans leurs résultats, les stigmatiser. La recherche a d’ailleurs montré que ce n’était pas une bonne chose pour faire réussir les élèves", a encore fait valoir Sophie Vénétitay.
"Encore un pilote dans l'avion?"
Au-delà de la proposition de groupes de niveau, les différents syndicats ont également fait part de leur agacement quant au traitement de l'éducation par le gouvernement actuel.
"On a l’impression d’être passés d’une ministre de l’Éducation nationale à mi-temps avec Amélie Oudéa-Castréa à deux ministres, peut-être même trois si Emmanuel Macron s’y met comme il a l’habitude de le faire. Est-ce qu’il y a encore un pilote dans l’avion? On se pose la question et tout cela ne ramène pas la sérénité", a-t-elle ajouté.
Depuis janvier, plusieurs mobilisations ont eu lieu contre cette réforme. Un nouvel appel à la grève sur la défense de la fonction publique est lancé pour le mardi 19 mars.