CAN 2024: après son Mondial historique, le Maroc veut (enfin) dépoussiérer son palmarès

Walid Regragui avait à peine six mois lorsque le Maroc a remporté la Coupe d’Afrique des nations, le 14 mars 1976 en Éthiopie. Autant dire qu’il n’a aucun souvenir du sacre des coéquipiers d’Ahmed Faras, qui avaient terminé en tête d’une poule finale devant la Guinée, le Nigeria et l’Égypte, pour offrir au royaume chérifien son premier titre continental. Le seul jusqu’à présent... Quarante-huit ans après cet hiver enivrant, Regragui va tenter de dépoussiérer le palmarès des Lions de l’Atlas. Le sélectionneur de 48 ans, en poste depuis l’été 2022, s’apprête à entamer la CAN 2024 avec un statut de favori en Côte d’Ivoire.

Après leur parcours historique lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar, où ils ont atteint les demi-finales (défaite 2-0 contre la France), en sortant notamment l'Espagne et le Portugal, les Marocains sont attendus au tournant en Afrique de l’Ouest. L’effet de surprise ne fonctionnera plus comme au Moyen-Orient. Il va falloir composer avec l’étiquette d’équipe à battre, cette fois. Une situation nouvelle pour une nation qui n’était plus vraiment habituée à briller sur la scène internationale ces dernières années. Dans l’euphorie du dernier Mondial, le peuple marocain attend désormais de voir son équipe soulever enfin un trophée.

Vaincre "la malédiction de la Coupe d’Afrique"

Walid Regragui en a parfaitement conscience, même si la CAN et le Mondial sont des rendez-vous bien différents. "Plus les compétitions africaines avancent, plus on s’éloigne de la date où on l’a emporté, mais ce n’est pas une raison pour se mettre la pression. Ce qui est important, c’est l’état d’esprit. On doit y aller en toute confiance pour dépasser la malédiction de la Coupe d’Afrique", a déclaré le coach national, le mois dernier, au moment d’annoncer sa liste pour la CAN. Un groupe dans lequel se retrouvent les principaux tauliers de l’épopée au Qatar.

Même s’ils se sont exilés en Arabie saoudite durant l’intersaison, le gardien Yacine Bounou (Al Hilal) et le capitaine Romain Saïss (Al Shabab) sont toujours là. Idem pour Achraf Hakimi (PSG), Nayef Aguerd (West Ham), Sofyan Amrabat (Manchester United), Hakim Ziyech (Galatasaray) ou Youssef En-Nesyri (Séville FC).

Des jeunes talents pour entourer les tauliers

Noussair Mazraoui (Bayern Munich), touché au mollet mi-décembre, et Sofiane Boufal (Al Rayyan), qui n’a quasiment pas joué cette saison au Qatar en raison de ses problèmes physiques, ont également été appelés. Idem pour Azzedine Ounahi (OM), qui déçoit rarement en sélection, Selim Amallah (Valence), le précieux soldat de l’entrejeu, et Bilal El Khannouss, le surdoué du KRC Genk (19 ans). Forfaits pour le Mondial, Amine Harit (OM) et Tarik Tissoudali (La Gantoise) font leur retour.

Pour entourer cette ossature consistante, Walid Regragui a choisi de faire appel aux jeunes talents qui ont brillé lors de la CAN U23 remportée à domicile par le Maroc en juillet dernier. Ismael Saibari, le milieu de terrain du PSV Eindhoven (22 ans, 4 sélections), Abde Ezzalzouli, l’ailier polyvalent du Betis Séville (22 ans, 7 sélections), Amir Richardson, le milieu de terrain du Stade de Reims (21 ans, 3 sélections), Chadi Riad, le défenseur prêté par le Barça au Betis Séville (20 ans, aucune sélection), et Oussama El Azzouzi, le milieu défensif de Bologne (22 ans, 1 sélection), ont été convoqués. Un vent de fraîcheur renforcé par Amine Adli, l’ailier du Bayer Leverkusen (23 ans, 4 sélections), récemment endeuillé par le décès de sa mère.

Des résultats en dents de scie depuis le Mondial

Autant d’atouts qui offrent aux Marocains le droit de rêver en grand pour cette 34e édition de la CAN. A condition de retrouver le souffle qui les a menés aux portes d’une finale de Coupe du monde il y a un peu plus d’un an. Depuis leur défaite face aux Bleus à Al-Khor, les Lions de l’Atlas, réputés pour leur solidité défensive et leurs qualités techniques, ont connu des résultats en dents de scie.

Après avoir battu le Brésil en amical fin mars à Marrakech (2-1), les Rouge et Vert ont concédé plusieurs nuls face au Pérou (0-0), au Cap-Vert (0-0) et à la Côte d’Ivoire (1-1). Ils ont aussi perdu une fois en Afrique du Sud, mi-juin, en éliminatoires de la CAN (2-1). Mais ils restent sur une série plus positive avec des victoires contre le Burkina Faso (1-0), le Libéria (3-0) et la Tanzanie, en ouverture des éliminatoires du Mondial 2026 (0-2). Ils ont dominé le Sierra Leone la semaine passée lors de leur dernier match préparatoire à la CAN 2024 (3-1).

Un groupe très abordable

De quoi débarquer avec une certaine confiance en Afrique subsaharienne, où les sélections du Maghreb ont souvent rencontré des difficultés. Placé dans le groupe F, le Maroc a hérité d’une poule largement à sa portée, même si le niveau global du football africain s'est resserré ces dernières années. Les coéquipiers d’Achraf Hakimi débuteront leur tournoi face à la Tanzanie, ce mercredi (18h), avant d’affronter la République démocratique du Congo (le 21 janvier à 15h), puis la Zambie (le 24 janvier à 21h).

Trois rencontres programmées au stade Laurent-Pokou de San Pedro, au sud-ouest de la Côte d’Ivoire. Éliminés en quart de finale de la dernière CAN par l’Égypte, il y a trois ans au Cameroun (2-1, ap), les Lions de l’Atlas semblent armés pour faire mieux cette fois. Reste maintenant à le confirmer sur le rectangle vert. Avec, dans l'idéal, une coupe dorée au bout de l'aventure...

Article original publié sur RMC Sport