"Ça va être l’une des meilleures CAN de l’histoire": Harit se livre au micro de RMC Sport

Comment tu fais pour gérer physiquement alors que ta blessure du 13 novembre 2022 n’est pas si loin ?
Je m’étais préparé pour cette éventualité, je me suis bien équipé niveau machine de récupération etc... Ce n’est pas du mensonge. Je pense que, moi qui ne croyais pas énormément à ce genre de choses, je me rends compte que ça peut aider au niveau physique. Je n’ai pas de douleur musculaire, dieu merci, et j’espère que ça va continuer comme ça. Mais je suis très content. C’est l’une des grosses satisfactions de mon début de saison, ma capacité à récupérer et à enchaîner les matchs. Avant ma blessure, quand j’étais encore bien, je n’arrivais pas à enchaîner comme j’arrive à enchaîner ces derniers temps. Comment as-tu accueilli ta sélection avec le Maroc en septembre ? C'était un objectif pour moi de revenir le plus tôt possible en sélection, pouvoir retrouver ce groupe après l’avoir perdu de vue pendant quelque temps. C'est quelque chose qui m’a poussé à travailler plus dur pour être prêt pour la Coupe d’Afrique parce que je ne voulais pas rater deux compétitions de suite avec mon pays, d’autant qu’à la Coupe du monde, ça s’est super bien passé, donc ça m’a laissé un petit pincement au cœur. Ça a été une grosse source de motivation pour moi de s’accrocher à ce rêve de revenir en sélection. L’objectif était-il donc d’arriver en forme avec le Maroc ? Bien sûr, c’est clair je me suis mis deux objectifs en tête : être disponible pour la reprise du championnat au mois d’août avec l’OM et participer à la Coupe d’Afrique en Côte d’Ivoire. J’étais dans les temps même si les médecins et chirurgiens étaient sceptiques quant à ma reprise au mois d’août et je me suis donné les moyens de pouvoir réaliser mes objectifs.

"On ressent que les gens s’intéressent de plus en plus au football africain"

Qui est le favori de la CAN 2024 ?
C'est le Sénégal qui a gagné la dernière Coupe d’Afrique donc ils sont favoris. Après je pense qu’on a une très, très bonne équipe nous aussi. Il y a la Côte d’Ivoire aussi qui organise la compétition donc il va falloir les prendre au sérieux. Il y a énormément de pays avec de la qualité, mais une CAN ne se gagne pas qu’avec de la qualité, il y a de l’abnégation, de la détermination et du mental. Ce sont ces choses-là qui vont faire la différence et je pense que ça se vaut. En tant que Marocain, tu n’as pas le droit de citer l’Algérie ? L’Algérie est une équipe sur laquelle il faut compter. Il y a beaucoup de gens qui ne les prennent pas au sérieux parce qu’ils n’ont pas été bons lors de la dernière CAN (élimination dès la phase de groupes, ndlr) et n’ont pas été qualifiés pour la Coupe du monde. Quand on voit le nom des joueurs qu’ils ont à disposition... Les gens ont un peu oublié, mais ça ne va pas leur faire de mal. Je pense que c’est plutôt une force quand les gens ne parlent pas énormément de vous. Je pense que ça peut être une très belle surprise dans cette Coupe d’Afrique. Mesures-tu le chemin parcouru par le football africain ? On ressent que les gens s’intéressent de plus en plus au football africain. C’est dû aux performances en Coupe du monde, et pas que du Maroc. Le Ghana a montré un très beau visage, la Tunisie aussi, qui s‘est imposée face à l’équipe de France. C’est que bénéfique pour l’Afrique, pour la CAN, le fait d’attirer un peu plus de regards sur nous, de montrer le beau visage de l’Afrique, pas juste les quelques soucis qui peuvent être pointés du doigt par moments. Ça va être une très belle CAN dans un pays comme la Côte d’Ivoire ou les infrastructures ont été travaillées pour pouvoir donner ce standing à la Coupe d’Afrique et ne plus prendre cette compétition à la légère. Ça va être une très, très belle compétition, voire l’une des meilleures CAN de l’histoire.

"Regragui, c’est comme si c'était notre grand frère"

Pour le Maroc, que faut-il conserver et changer par rapport à la Coupe du monde ?
Ça faisait longtemps que le Maroc n’était pas allé très loin comme ça dans une grande compétition internationale. D’autant plus que c’était une Coupe du monde donc encore plus d’effort, de pression, d’engouement. C’est usant mentalement et physiquement. Je pense que la chose qui va nous plus aider est d’avoir appris à gérer un groupe, à gérer un effectif. On a fini avec presque 13-14 joueurs (disponibles) sur les 23 sélectionnés. D’un point de vue tactique, le coach a beaucoup appris à gérer le groupe. On a un effectif qui est encore plus étoffé avec beaucoup plus de joueurs de très, très grande qualité. Arriver en demi-finale de Coupe du monde, ce n’est jamais facile mais le plus dur est de réitérer la chose. Ce qui compte à la fin, c’est les titres, c’est ce qui reste écrit. Ça sera toujours écrit que le Maroc a été le premier pays africain à atteindre le dernier carré d’une Coupe du monde mais c’est encore plus beau d’écrire l'histoire et de rester gravé dans un trophée. Qu’on dise qu’on a été champions d’Afrique ou champions du monde dans le futur, j’espère, apprendre à gérer nos émotions et à travailler en équipe. Ça a été très bien fait pendant la Coupe du monde mais ne pas s’appuyer sur le passé parce que le passé s’oublie et qu’il n’y a que le présent et le futur qui comptent. Qu’apporte Walid Regragui en tant que sélectionneur marocain ? C’était important de retrouver un sélectionneur marocain, quelqu’un qui a la même vision, cet amour pour le pays. Je ne dis pas que les sélectionneurs qui ne sont pas marocains n’ont pas cet amour, mais il est différent. Ce n’est pas un amour de la patrie, c’est un amour de leur travail, de vouloir donner une bonne image du Maroc, mais il n’y a pas cet amour patriotique. Il est venu avec beaucoup de détermination, Walid. Le fait qu’il soit jeune, qu’il était un ancien international, ça jouait énormément. Il connaissait les rouages, ce qu’il fallait faire ou pas, et surtout il nous parle comme si on était ses amis. Ça crée une relation où tu dis "pour cette personne, je peux laisser ma jambe sur le terrain". Il a réussi à créer une équipe homogène, (il n’y a) pas de statut, pas de gens qui ne sont pas contents d’être sur le banc, pas de prise de tête. Pour un groupe qui vit ensemble pendant un mois, un mois et demi, quand tu arrives à avoir cette tranquillité d’esprit, d'avoir un groupe qui s’entend bien quoi qu’il arrive, je pense que pour lui c’est magnifique. Notre relation avec lui, avant d’être professionnelle, elle est familiale. C’est comme si c'était notre grand frère.

"On a énormément de choses à gagner encore plus que le football. Réconcilier les gens, ce sont des choses qui comptent pour nous"

À quel point la communauté marocaine vous pousse-t-elle ?
La belle chose, qui met énormément de pression, est la Coupe du monde. Quand tu sors d’une Coupe du monde comme ça, les gens s’attendent à ce que tu gagnes tout derrière et on le ressent. On le ressent quand on est au Maroc, quand les gens nous parlent, on sent qu’ils sont assoiffés de victoires et qu’ils nous attendent. Il ne faudrait pas se rater. On est prêts mentalement, à répondre au combat et à redonner de la fierté à ce peuple. Quand on a vécu ce qu’on a pu vivre pendant la Coupe du monde, cet engouement, l’après-Coupe du monde où il y a des émotions de fou... Je pense aussi à l’Algérie quand ils ont gagné la Coupe d’Afrique, les images de la fête. Je pense qu'on a énormément de choses à gagner encore plus que le football en faisant quelque chose de bien à cette Coupe d‘Afrique. Réconcilier les gens, ce sont des choses qui comptent pour nous. On sait que le football a un impact énorme en Afrique, en Europe, partout. C’est un sport mais c’est politique aussi, le football. À nous de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour rendre fiers tous ces gens. Sais-tu à quel poste vas-tu évoluer avec le Maroc ? Avec l’OM en ce moment, je ne suis pas "dix" malgré à ce que les gens peuvent penser, je suis plutôt relayeur, "huit" qui part de plus bas. Moi c’est ce que je préfère, pouvoir venir rechercher des ballons un peu plus bas, casser des lignes par le dribble ou par la passe. Après je sais qu’il peut avoir besoin de moi sur le côté, à l’intérieur le coach en sélection. Je suis prêt à jouer n’importe où mais je vais le redire encore parce cette question me suit depuis des mois : oui je préfère jouer au milieu de terrain !

Article original publié sur RMC Sport