Campagne législative: l'ex-ministre de Macron Aurélien Rousseau tracte à gauche

Nadia Hai, alors députée LREM, le 20 juin 2022 à Paris (Geoffroy VAN DER HASSELT)
Nadia Hai, alors députée LREM, le 20 juin 2022 à Paris (Geoffroy VAN DER HASSELT)

A Verneuil-sur-Seine, des militants Verts et PCF et une ex-candidate PS distribuent des tracts pour soutenir leur candidat Aurélien Rousseau, l'ex-ministre d'Emmanuel Macron: pour faire basculer à gauche la septième circonscription des Yvelines, le Nouveau Front populaire unit des forces plutôt hétéroclites.

Devant la gare de cette petite ville cossue de l'ouest de l'Ile-de-France, Aurélien Rousseau, choisi par Place publique, le parti de Raphaël Glucksmann, appelle mercredi les passants, pressés à l'approche de leur train, à "barrer la route au Rassemblement national".

A quelques mètres de lui, Nathalie, militante écologiste, dit approuver son arrivée dans la circonscription qui n'a pas élu de député de gauche depuis Michel Rocard en 1988.

Celui qui a été directeur de cabinet d'Elisabeth Borne puis ministre de la Santé, de juillet 2023 à son départ en décembre, en désaccord avec la loi immigration, peut selon la militante "ramener un certain nombre de sensibilités".

Parmi les militants qui entourent l'ancien ministre, Michèle Christophoul, candidate PS en 2022, qui aurait pu se présenter face à la députée sortante de la majorité Nadia Hai.

"Il y a eu un petit choc, on l'aurait tous vécu de la même manière", reconnaît M. Rousseau.

"C'est une pointure, il faut bien le dire", concède Mme Christophoul, estimant que l'ancien ministre a des atouts pour convaincre dans cette circonscription de 150.000 habitants de "classe moyenne", allant de zones urbaines plutôt populaires à des secteurs ruraux. Même s'il candidate dans "un département à droite", rappelle-t-elle.

- Traître ou "courageux"? -

De fait, à Verneuil-sur-Seine, les arguments de l'ancien ministre de la Santé et de la Prévention, qui a milité au PCF dans sa jeunesse, peinent à convaincre sur la place où se tient le marché.

"Ce qui m'inquiète, c'est l'après, avec LFI", explique un électeur, qui exprime auprès du candidat son appréhension de possibles hausses d'impôts.

"La différence que j'ai avec vous, c'est que pour moi, la première étape, c'est de faire barrage au Rassemblement national", lui rétorque M. Rousseau qui se présente pour la première fois aux législatives à 47 ans.

Face à lui dans cette circonscription, la cheffe et conseillère régionale Les Républicains Babette de Rozières se présente pour l'alliance LR/RN.

Un peu plus loin, un agriculteur, qui vend sa production locale de fruits et légumes, assure "ne plus rien demander aux candidats". "Ils doivent comprendre qu'il n'y a pas eu une crise agricole pour rien", lance-t-il à M. Rousseau.

"La colère, elle s'entend", réagit le candidat, disant vouloir défendre "la richesse d'avoir des exploitations agricoles à seulement 20 kilomètres de Paris".

En tout cas, les revirements politiques du candidat ne semblent pas trop peser sur les électeurs qui sont une très grande majorité à ne pas le reconnaître.

"On vous connaît depuis votre départ" du gouvernement, "on s'était dit heureusement qu'il y a des gens courageux", lui lance tout de même Martine Amramhein, ancienne enseignante de 74 ans.

La députée sortante de la majorité présidentielle, Nadia Hai, ne voit pas les choses de la même manière. Aurélien Rousseau, élu comme conseiller municipal de Saint-Hilaire-de Brethmas, petite commune près d'Alès dans le Gard (d'où il est originaire), "à 700 km des Yvelines, se présente sans honte à des électeurs qu'il a trahis, dans un territoire qu’il ne connaît pas", déplore-t-elle sur X.

M. Rousseau assure pour sa part avoir "un seul adversaire: le RN". "J'ai pris trois semaines de congés sans solde" -il est maître des requêtes au Conseil d'Etat-, "si Nadia est devant au 1er tour, je ferai une semaine de campagne pour elle sans état d'âme", assure-t-il, sous-entendant déjà qu'en cas de triangulaire, il se désisterait.

js/cal/ dch