Bébé secoué : la nourrice d'Augustin, décédé à 8 mois et demi, jugée aux assises

Le nourrisson est décédé en mai 2019 après un malaise, alors qu'il était sous la garde de sa nourrice. Elle comparaît aux assises de Paris ce lundi.

Le procès aux assises de la nourrice se tient sur cinq jours, à partir de ce lundi 11 septembre 2023. (Image d'illustration Getty Images)
Le procès aux assises de la nourrice se tient sur cinq jours, à partir de ce lundi 11 septembre 2023. (Image d'illustration Getty Images)

Sophie, nourrice de 62 ans, est-elle responsable de la mort du petit Augustin, 8 mois et demi, survenue en mai 2019 ? Les assises de Paris vont devoir trancher cette question sur les cinq prochains jours, alors que s'ouvre le procès ce lundi 11 septembre 2023.

Le 22 mai 2019 vers midi, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, une nourrice à domicile ouvre à la nourrice de l'appartement voisin, en pleurs et complètement paniquée, comme le rapporte Le Parisien. Celle-ci tient le petit Augustin dans ses bras, qui respire à peine. Les deux femmes contactent les secours.

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Soupçons du personnel médical

Une urgentiste du Smur de Necker se rend aussitôt sur place et ne peut que constater que le bambin est en arrêt cardiorespiratoire. Elle le fait transporter à l'hôpital Robert-Debré pour le soumettre à un scanner cérébral. L’examen médical effectué sur le nourrisson évoque alors des blessures non accidentelles.

Les médecins signalent alors les faits, soupçonnant un syndrome du bébé secoué. Le petit Augustin quant à lui, décèdera le lendemain matin. Dans son rapport d’autopsie, le médecin légiste a relevé des lésions mortelles compatibles avec un mécanisme de secouement.

Une autre version de l'histoire

Recrutée en 2018 par les parents d'Augustin, la nourrice n'avait pas d'agrément - et n'était donc pas assistante maternelle - mais avait effectué cinq formations depuis 2003, et est en outre mère de sept enfants et grand-mère de treize.

De l'avis même des parents à l'époque, elle était connue pour un travail responsable, et se montrait consciencieuse. Le jour et la veille des faits, l'enfant montrait des signes inhabituels de fatigue, et pleurait beaucoup.

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Selon la version de la nourrice, elle avait pris son service à 8h44 au domicile des parents. Confrontée aux pleurs intenses du bébé, elle l’avait bercé pendant près d’une heure. Elle l’avait ensuite placé dans son lit, vers 9h50 ou 10 heures. Pour le retrouver plus d'une heure après dans une position étrange, taché de vomi. Il refuse de manger, tremble et perd connaissance selon ses dires. C'est à ce moment qu'elle va chercher l'aide de la nourrice voisine.

Une chute accidentelle ?

Mais alors qu'elle avait soutenu n'avoir eu aucun geste maladroit avec l'enfant, elle finira par avouer plus tard une "chute accidentelle" alors qu'il se trouvait dans ses bras. Elle soulignera cependant des symptômes étranges antérieurs à cette chute, et un comportement "particulièrement triste" du père de l'enfant avant qu'il ne quitte le domicile. Une version contestée par le père de famille, et par les parents de l'autre enfant gardée par la nourrice.

Huit mois après la mort d'Augustin, un rapport médico-légal conclut sans appel au syndrome du bébé secoué. "Dans ce type de dossier, les nounous sont souvent considérées comme des victimes expiatoires. On essaie de faire ressortir cette vérité judiciaire à travers des expertises partisanes, développant une thèse qui n’est pas confirmée par la science", a regretté l’avocat de la nourrice, Me Bernard Benaiem. L'accusée encourt jusqu'à trente ans de réclusion criminelle.

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