Attal présente son programme et renvoie dos à dos « Nupes » et RN : « Le 30 juin, j’aimerais que les Français me choisissent »

« Le 9 janvier le président de la République m’a nommé. Le 30 juin j’aimerais que les Français me choisissent ». Ce jeudi matin, le premier ministre Gabriel Attal a présenté les grandes lignes du programme de la majorité dans la perspective des législatives anticipées. « Jamais un vote n’aura autant de conséquences », a alerté le chef du gouvernement, alors que le camp présidentiel, pris en tenaille dans les enquêtes d’opinion entre un bloc de gauche, uni derrière la bannière « Nouveau Front populaire », et le Rassemblement national, risque de perdre la majorité à l’Assemblée nationale, ce qui ouvrirait la voie à une cohabitation.

« Le choix entre ces trois blocs se jouera dès le premier tour, dès le 30 juin. Au second tour, dans certaines circonscriptions, il sera peut-être déjà trop tard », a estimé Gabriel Attal, appelant les électeurs à « voter utile » dès le 30 juin, notamment « les électeurs d’une gauche sociale modérée ». « C’est dès le 30 juin que le Premier ministre, Jean-Luc Mélenchon, Jordan Bardella ou moi-même, se choisit », a-t-il affirmé. « Ce n’est pas une élection présidentielle, les choses sont claires, le président est élu jusqu’en 2027 et quel que soit le résultat du scrutin, il restera président jusqu’en 2027 », a également tenu à préciser Gabriel Attal.

Le locataire de Matignon a passé un long moment à fustiger les promesses de campagne de ses adversaires. « Le Rassemblement national c’est le brouillon et le brouillard, la Nupes, réunie derrière LFI, c’est le camp de la compromission et de la dissimulation », a-t-il taclé. Il a renvoyé la gauche au coût de son programme : « 300 milliards de dépenses nouvelles et 50 milliards d’impôts nouveaux dès cet été », reprenant à son compte un chiffrage présenté sur les réseaux sociaux par les soutiens du président de la République, mais largement contesté depuis. En ce qui concerne le RN, « devenu le camp du reniement national depuis le début de cette campagne », Gabriel Attal a épinglé les « reculades » de Jordan Bardella sur plusieurs mesures, comme le retour de la retraite à 60 ans.

« Inscrire dans la loi une règle d’or budgétaire, pas d’augmentation des impôts quoi qu’il arrive »

La plupart des mesures présentées par le chef du gouvernement avaient déjà été égrenées ces derniers jours.

Sur le plan économique, il annonce une baisse de 15 % de la facture d’électricité « dès cet hiver pour tous les ménages grâce à la réforme du marché de l’électricité », et la mise en place d’achats groupés pour les fournitures scolaires. « C’est en moyenne 50 euros d’économisés à la rentrée pour les familles », a-t-il estimé.

Mais aussi différentes mesures fiscales, alors que la majorité a fait de la baisse des impôts l’un des axes forts de sa campagne. « Nous prenons un engagement : inscrire dans la loi une règle d’or budgétaire, pas d’augmentation des impôts quoi qu’il arrive », a-t-il annoncé. Gabriel Attal s’est également engagé sur la suppression des frais de notaire à hauteur de 15 000 euros pour les primo-accédants et pour un achat de moins de 250 000 euros. Par ailleurs, le plafond de la prime de pouvoir d’achat sera relevé à 10 000 euros par an, sans charges ni impôts.

Expérimenter « la semaine en 4 jours » pour certains travailleurs

Sur le volet travail, le Premier ministre promet des baisses de charges au-dessus du Smic, « pour que les entreprises revalorisent les salariés et que cela libère les progressions de salaires ».

Il propose également d’expérimenter « la semaine en 4 jours », « qui permet aux salariés qui ne peuvent télétravailler de bénéficier d’un jour supplémentaire », a-t-il souligné. Toujours sur l’aménagement du temps de travail, Gabriel Attal souhaite que les parents divorcés puissent « travailler plus les semaines où ils n’ont pas la garde de leurs enfants et moins les semaines où les enfants sont à la maison ».

« Nous allons créer une mutuelle publique à un euro par jour, pour un retraité, c’est une économie de 90 euros par mois », a-t-il encore annoncé.

« Quatorze nouveaux réacteurs nucléaires »

Concernant la transition écologique, le locataire de Matignon souhaite proposer « chaque année 100 000 véhicules propres en location à 100 euros par mois maximum ». Il a également confirmé « la mise en chantier de quatorze nouveaux réacteurs nucléaires », fustigeant à la fois les dissensions à gauche sur le mix énergétique et la volonté du RN de sortir des renouvelables.

Un travail sur la justice des mineurs

« Impunité zéro et un sursaut d’autorité pour notre jeunesse », promet Gabriel Attal quant au volet sécurité de son programme. « Nous reverrons l’excuse de minorité pour casser la récidive », a-t-il déclaré. Il a également redit sa volonté d’interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans.

Face à l’antisémitisme, « la responsabilité » de certains politiques

« Je préfère être clair, constant, cohérent, dire la vérité plutôt que tout faire et dire n’importe quoi pour gagner une élection », a défendu Gabriel Attal devant un parterre de journalistes. « Je ne vais pas me mettre à vous dire que l’on va distribuer de l’argent que l’on n’a pas. »

Invité à réagir sur le viol à caractère antisémite d’une jeune fille de 12 ans à Courbevoie, le Premier ministre a dénoncé un acte « absolument innommable, abject, inqualifiable ». Mais il a aussi fustigé les prises de position de certains leaders politiques, estimant qu’ils avaient une « responsabilité » face à la « banalisation de la haine ». « Quand on dit, comme ça a été le cas pour Jean-Luc Mélenchon, que l’antisémitisme est, je cite, ‘résiduel’ dans notre pays alors qu’il […] a explosé, […] évidemment qu’on laisse se banaliser un discours, une haine dans le débat public. »