Annonces, imposer sa patte... À quoi sert le discours de politique générale que va prononcer Attal?

Des mots à la tribune de l'Assemblée nationale très attendus. Gabriel Attal prononce ce mardi son discours de politique générale, trois semaines après son arrivée à Matignon. Classique de la Ve République, cet exercice qui n'est pas une obligation constitutionnelle va permettre au Premier ministre de dévoiler sa feuille de route.

Concrètement, Gabriel Attal, qui prend la parole dès 15 heures dans l'hémicycle, devrait aller sur le terrain d'annonces concrètes sur la colère des agriculteurs, l'école ou encore la réforme du marché du travail. Il devrait également mettre ses pas dans ceux d'Emmanuel Macron après sa conférence de presse mi-janvier et axer une partie de sa prise de parole sur le "réarmement de la France".

Imposer sa patte

Parfois surnommé "le discours de la méthode", cette prise de parole est également l'occasion pour le nouveau chef du gouvernement d'apposer sa patte. Le Premier ministre a ainsi voulu prendre son temps en multipliant les rencontres depuis son arrivée à Matignon, du format classique d'échanges avec les syndicats et les oppositions au rendez-vous plus inhabituel avec des dizaines d'habitants lors d'un débat dans le Rhône.

Avec une obsession: ne pas paraître hors-sol et pouvoir incarner les problèmes du quotidien des Français. Gabriel Attal pourrait ainsi prendre exemple sur Michel Rocard qui avait évoqué la réalité des "boîtes aux lettres cassées" et "des ascenseurs en panne" en 1988. À l'époque, ses propos avaient été jugés très novateurs, loin de ses prédécesseurs aux discours souvent plus techniques.

Faire court

Si la durée de l'exercice est libre, Gabriel Attal en fin communicant ne devrait pas faire trop long. En 1993, Édouard Balladur avait parlé pas moins de deux heures, poussant des députés de gauche à quitter l'hémicycle pour protester contre cette longueur inédite. Même topo pour Alain Juppé en 1995 qui avait parlé près d'une heure et demie, sans guère convaincre ses propres troupes.

Le discours de politique générale est également l'occasion de juger la qualité de l'atmosphère à l'Assemblée nationale. Si Gabriel Attal est déjà intervenu à plusieurs reprises ces dernières semaines au Palais-Bourbon avec sa nouvelle casquette de Premier ministre lors des questions d'actualité au gouvernement, l'exercice va prendre une toute autre dimension.

Gérer une ambiance électrique

Élisabeth Borne au profil bien moins politique que Gabriel Attal avait été huée à plusieurs reprises par les oppositions pendant l'exercice en juillet 2022. En difficulté pour reprendre la parole et se faire entendre, elle avait dû être épaulée par la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet qui était intervenue à plusieurs reprises pour ramener le calme. Autant dire que le Premier ministre va devoir affronter un hémicycle sous très haute tension.

Après le discours devant les députés, ce sera au tour des groupes politiques de prendre chacun la parole pour lui répondre à la tribune. La tradition parlementaire veut que les députés votent ensuite la confiance au gouvernement. Si le Premier ministre récolte moins que 289 voix, il est alors renversé.

Se confronter à une motion de censure

En l'absence de majorité absolue, le nouveau locataire de Matignon a joué la carte de la sécurité. Pas question de prendre le moindre risque que les oppositions se coalisent contre lui. Il n'y aura donc pas de vote de confiance.

Après cette étape à l'Assemblée, Gabriel Attal prendra la direction du Sénat. Comme Élisabeth Borne avant lui, le Premier ministre lira un autre discours devant les sénateurs. Les sénateurs auront cependant déjà bien suivi les mots qui ont résonné devant les députés. Un ministre, probablement Bruno Le Maire, leur lira en effet le discours prononcé devant les députés en même temps que le Premier ministre le prononce.

La séquence ouverte par le discours de politique générale prendra fin jeudi dans l'après-midi. Sans vote de confiance à sa disposition, la gauche a décidé de déposer une motion de censure avec l'espoir de renverser Gabriel Attal lors d'un vote jeudi. Le calcul semble cependant impossible sans le soutien de la droite.

Article original publié sur BFMTV.com