Appel au "compromis", huées... Ce qu'il faut retenir du discours de politique générale d'Élisabeth Borne

Appel au "compromis", huées... Ce qu'il faut retenir du discours de politique générale d'Élisabeth Borne

La prise de parole était extrêmement attendue. Face à un Parlement défiant où elle ne dispose pas de majorité absolue, Élisabeth Borne a ce mercredi prononcé sa déclaration de politique générale au terme de laquelle, comme cela avait été annoncé, elle ne s'est pas soumise à un vote de confiance. Pendant environ 1h30, la Première ministre a exposé les grandes priorités de son gouvernement pour les mois à venir.

• Un appel à "bâtir" des "compromis"

En guise d'introduction, celle qui a été élue députée du Calvados lors des dernières législatives est revenue sur les résultats des dernières élections, la présidentielle et les législatives, à l'issue desquelles l'exécutif n'a pas obtenu de majorité absolue. "Les Français nous demandent d'agir autrement et de prendre collectivement nos responsabilités", a-t-elle estimé.

"Nous mesurons l'ampleur de la tâche et ne pouvons pas décevoir. Ensemble, nous répondrons à l'exigence de responsabilité", a-t-elle martelé.

"Face à de tels défis le désordre et l'instabilité ne sont pas des options, nous ne sommes peut-être pas d'accord sur toutes les solutions, mais nous avons toutes et tous conscience de l'urgence et de la nécessité d'agir. Les Français nous demandent de nous parler plus, de nous parler mieux et de construire ensemble", a-t-elle encore lancé.

Dans la suite de son discours, Élisabeth Borne a encore assuré vouloir "redonner un sens au mot compromis trop souvent oublié dans notre vie politique": "Il est temps d'entrer dans l'ère des forces bâties ensemble."

• Le plein emploi "à notre portée"

En ce qui concerne les mesures d'urgence que la Première ministre souhaite mettre en place, cette dernière a dans un premier temps évoqué "l'urgence du pouvoir d'achat" comme premier défi de son gouvernement. Élisabeth Borne a dans un premier temps défendu les mesures prises "sous l'impulsion du président de la République" pour protéger le pouvoir d'achat des Français, en particulier en ce qui concerne le prix du gaz, de l'électricité ou encore du carburant.

Au moment de défendre la politique du gouvernement en matière d'emploi, la Première ministre a estimé que "le plein-emploi est à notre portée."

"C’est une conviction qui m’anime profondément, nourrie par mon parcours comme ministre du Travail. Nous devons changer notre rapport au travail, le plein emploi et le bon emploi. Ce n’est pas une illusion ni un objectif inatteignable, le plein emploi est à notre portée. Le travail reste pour moi un levier majeur d'émancipation", assure-t-elle.

Toujours sur le plan économique, Élisabeth Borne a assuré qu'il n'y aurait "pas de hausse d'impôts" et que le gouvernement visait à "baisser la dette en 2026" et la ramener sous les 3% dès 2027.

• La réforme des retraites toujours sur la table

Au moment d'aborder l'épineux sujet de la réforme des retraites, la Première ministre Élisabeth Borne a été vivement chahutée par une partie de son auditoire, après avoir estimé qu'un allongement du temps de travail était nécessaire pour la pérennité du pays.

"Je le dis aujourd'hui, pour la prospérité de notre pays, et la pérennité de notre système par répartition (...) nous devrons travailler progressivement un peu plus longtemps. Notre pays a besoin d'une réforme de sons système de retraite", a-t-elle insisté.

La réforme "n'est pas ficelée" pour autant, a-t-elle assuré. "Elle ne sera pas à prendre ou à laisser. Mais elle est indispensable", notamment "pour bâtir de nouveaux progrès sociaux", a jugé Élisabeth Borne.

• Des "réponses radicales à l'urgence écologique"

Après l'économie, l'écologie a longuement été abordée par Élisabeth Borne. "Je ne crois pas que cette révolution écologique passe par la décroissance", a-t-elle commencé.

C'est "par l'innovation et des inventions d'avenir" qu'Élisabeth Borne annonce "gagner la bataille du climat", a-t-elle ajouté, assurant que "chaque ministre aura une feuille de route climat" et que la collaboration avec "les élus locaux" serait renforcée à ce sujet.

"Dès le mois de septembre, nous lancerons une vaste concertation en vue d'une loi d'orientation énergie-climat", a-t-elle promis, en assurant vouloir définir "filière par filière, territoire par territoire" des "objectifs de réduction d'émissions, des étapes et des moyens appropriés".

• Vers une renationalisation à 100% d'EDF

Alors qu'elle évoquait encore les projets du gouvernement en ce qui concerne l'écologie et la transition énergétique, Élisabeth Borne a assuré que l'État voulait renationaliser "à 100%" EDF.

"Je vous confirme aujourd'hui l'intention de l'Etat de détenir 100% du capital d'EDF. Cette évolution permettra à EDF de renforcer sa capacité à mener dans les meilleurs délais des projets ambitieux et indispensables pour notre avenir énergétique", a-t-elle déclaré devant l'Assemblée nationale.

• Les salaires des enseignants revalorisés

En ce qui concerne l'éducation, Élisabeth Borne a promis que les conditions de travail des enseignants, ainsi que leurs salaires, seraient revalorisés.

"Nous allons revaloriser les salaires des enseignants et mieux les accompagner dans leur évolution professionnelle" a-t-elle prévenu, annonçant qu'elle veut mieux associer les acteurs de l'école aux évolutions de ce secteur.

De manière générale, l'éducation sera l'un des projets les plus importants du gouvernement durant ce mandat.

"La République de l'égalité des chances se construit dès la naissance, l'enfance sera une priorité de ce quinquennat. (...) Nous répondrons à la première préoccupation des parents aujourd'hui: le manque de solutions de garde pour les enfants et notamment ceux de moins de trois ans." Pour cela, un service public de la petite enfance sera bâti.

• Le pass culture étendu dès la 6e

"La culture sauve, la culture grandit, fait l'âme et le rayonnement de notre pays, rendons la culture accessible à toutes et à tous dès la jeunesse", déclare la Première ministre Élisabeth Borne devant les députés.

"C'est pourquoi nous proposerons d'étendre le pass culture dès la sixième et d'amplifier l'éducation artistique et culturelle. Soutenons la création dans l'espace physique comme numérique."

• L'allocation adulte handicapé déconjugalisée

La mesure était attendue depuis de longues années. Lors de son discours, la Première ministre Élisabeth Borne a annoncé la déconjugalisation de l'allocation adulte handicapé (AAH) pour "bâtir une société inclusive.

"Mon gouvernement réformera avec vous et les associations l'allocation adulte handicapé", une "réforme en profondeur où nous partirons du principe de la déconjugalisation", a-t-elle annoncé.

Emmanuel Macron au départ peu favorable avait bougé sur cette mesure pendant la campagne présidentielle. L'annonce, dans l'hémicycle, a été accueillie par de nombreux cris de satisfaction.

• 200 nouvelles brigades de gendarmerie créée

Une large partie du discours a été consacrée à la sécurité des Français, et Élisabeth Borne a assuré ne plus vouloir de "territoires blancs de la sécurité" dans le pays.

"L'insécurité c'est une inégalité, elle touche directement et violemment ceux qui ont déjà été fragilisés par la vie", a-t-elle déclaré, assurant que le gouvernement souhaitait "la création de 200 nouvelles brigades de gendarmerie", ainsi que de 11 nouvelles unités de forces mobiles."

"J'ai confiance dans nos forces de l'ordre et j'ai le plus grand respect pour elle, c'est pour cela que j'ai envers elle la plus grande exigence", déclare Élisabeth Borne.

"Je le dis sans détour: honte à ceux qui attaquent systématiquement nos policiers et nos gendarmes, à ceux qui dressent les Français contre ceux qui les protègent."

• La Première ministre regulièrement chahutée

À de nombreuses reprises lors de son discours, Élisabeth Borne a été invectivée et chahutée par les oppositions, en particulier au moment d'aborder la réforme des retraites, la transition écologique ou le sort des soignants.

Afin de calmer la situation, et alors que la Première ministre a été contrainte de s'interrompre, la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a été forcée de rappeler à l'ordre plusieurs députés.

Vers la fin du discours, plusieurs élus ont scandé "on vote! on vote! on vote!" afin d'appeller la Première ministre à se soumettre à un vote de confiance.

À cela, Élisabeth Borne a répondu que "la confiance ne se décrète pas a priori, mais se forge texte après texte." En attendant les premières discussions autour de projets de loi dans l'Hémicycle, les oppositions vont lui répondre dans la foulée de son intervention.

Article original publié sur BFMTV.com