Agriculture : trois syndicats rappellent à Emmanuel Macron sa promesse non tenue sur les prix planchers

Emmanuel Macron, ici au Salon de l’Agriculture à Paris, le 24 février 2024.
LUDOVIC MARIN / AFP Emmanuel Macron, ici au Salon de l’Agriculture à Paris, le 24 février 2024.

AGRICULTURE - Les trois syndicats agricoles minoritaires remettent la pression sur le président de la République. Ils appellent ce mardi 9 avril Emmanuel Macron à mettre en place les « prix planchers » promis lors de sa visite au Salon de l’agriculture, « condition n°1 » selon eux « pour sortir durablement de la crise agricole ».

La Coordination rurale, la Confédération paysanne et le Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef), respectivement deuxième, troisième et quatrième syndicats représentatifs derrière l’alliance majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA) signent ensemble une lettre ouverte au président de la République.

Si la Confédération paysanne et le Modef, classés à gauche, font régulièrement des communications communes, il s’agit d’un rapprochement rare avec la Coordination rurale autour de la question des revenus.

Décidée « malgré nos différences », l’initiative entend livrer un « signal fort » dans un « contexte de crise et face aux enjeux historiques ». La « condition n°1 pour sortir durablement de la crise agricole » est de garantir des « prix rémunérateurs », affirment les syndicats.

Lors de sa visite houleuse du Salon de l’agriculture, fin février, Emmanuel Macron avait fixé un objectif de « prix planchers » pour « protéger le revenu agricole ».

Depuis, l’exécutif n’a cessé d’expliquer qu’il comptait en fait renforcer, via un futur texte de loi, les dispositions dites Egalim censées améliorer la prise en compte des coûts de production des agriculteurs, pour éviter qu’ils ne vendent à perte.

« Sujet central »

Le sujet des prix planchers « a scandaleusement quasi disparu des 62 engagements déclinés par le gouvernement ces derniers jours » pour sortir de la crise, jugent les syndicats minoritaires dans leur lettre ouverte. « Abandonner ce sujet central à la seule évaluation des lois Egalim est complètement insuffisant, trop incertain et trop lent », ajoutent-ils.

Selon eux, « la remise urgente d’outils de régulation des marchés (prix minimum garantis, gestion des volumes, stockage public, encadrement des marges de l’agro-industrie et de la grande distribution...) est indispensable et permettra de prévenir les crises et protéger les agricultrices et agriculteurs de la volatilité des marchés ».

Les syndicats majoritaires FNSEA et JA, ainsi que les filières agricoles, ont peu apprécié la formule présidentielle de « prix planchers », l’estimant contraire aux lois du commerce dans un marché ouvert, où les productions françaises risquent de devenir trop chères.

Par ailleurs, sur France Bleu Limousin ce mardi matin, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a fait le point sur les engagements du gouvernement. « Les éleveurs ont raison de dire qu’ils attendent concrètement des avancées. Par exemple, la mesure fiscale et sociale permettra, dès cette année, une provision de 150€/vache. C’est attendu », a-t-il argumenté. « On comprend qu’entre le moment de l’annonce politique et la mise en place dans les fermes, il y a du délai mais faisons le constat qu’un certain nombre de choses avancent. »

La semaine dernière, le gouvernement s’est opposé à l’adoption à l’Assemblée nationale d’une proposition de loi des écologistes prévoyant un prix minimal d’achat fixé par « une conférence publique » dans les filières agricoles qui le souhaitent, ou sur décision du gouvernement en cas de désaccord.

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