Après la manifestation néofasciste à Paris, la gauche s’indigne, la majorité discrète et le RN silencieux

POLITIQUE - Des bras tendus, des croix celtiques et des chants nationalistes qui provoquent une onde de choc à gauche. Après la manifestation des militants néofascistes réunis sous la bannière du Comité du 9 mai à Paris samedi 11 mai, plusieurs responsables politiques ont exprimé leur effroi en commentant les images du cortège. Plus particulièrement à gauche, dans la perspective des élections européennes qui promettent un score important, à l’échelle du continent, aux formations d’extrême droite.

« C’est aujourd’hui, c’est à Paris, c’est l’extrême droite. Le 9 juin, vous voulez vraiment leur donner le feu vert ? », a interrogé le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, en commentant des images tournées sur place par Le HuffPost, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.

Député PS du Calvados, Arthur Delaporte a annoncé une proposition de loi visant à renforcer la lutte « contre l’affichage en place publique de ces symboles extrémistes et néonazis ». Comme l’ont constaté les journalistes sur place, plusieurs manifestants arboraient effectivement des t-shirts affichant des slogans suprémacistes entre autres références fascistes.

« Peste brune »

« Pour celles et ceux qui n’ont pas trop envie d’aller voter le 9 juin prochain… Les néonazis de la vidéo là, ceux qui ont défilé tranquillement dans la rue de Paris aujourd’hui, ils iront voter eux. Et leurs petits copains fachos de tous les pays aussi », a renchéri la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, en partageant les mêmes images. « La peste brune défile fièrement dans nos rues. Mon inquiétude est grande », a réagi de son côté Cyrielle Chatelain, tandis que la présidente socialiste de la région Occitanie Carole Delga déplore que la capitale soit « défigurée par le fascisme fièrement affiché ».

« Des centaines de néonazis ont défilé dans Paris, visage masqué, empêchant les journalistes présents de faire leur métier. Pourquoi aucun d’entre eux n’a été interpellé alors même qu’ils ont enfreint la loi ? Le racisme et l’antisémitisme sont un délit, pas une opinion ! », s’indigne de son côté le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel. Même inquiétude exprimée du côté de la France insoumise. À ceci près que les élus LFI jugent le gouvernement complice de la tenue de ce rendez-vous.

« Les ministres macronistes sont plus rapides pour insulter et salir les étudiants qui se mobilisent pour la paix et contre le génocide à Gaza que pour dénoncer une manifestation de néonazis en plein Paris », a grincé le député de Seine-Saint-Denis Thomas Portes. « On notera que la ministre en charge de la lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, n’a rien à dire sur la manif de nazi du jour à Paris », souligne de son côté sa collègue Nadège Abomangoli.

À ce titre, il est important de rappeler que la manifestation avait été interdite par le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, et que c’est la justice (contre laquelle l’exécutif ne peut pas grand-chose) qui a autorisé la manifestation. De quoi expliquer la discrétion qui domine en Macronie après le défilé, même si certains, à l’image de la députée des Yvelines (et ancienne ministre) Nadia Hai, s’est alarmée après la diffusion des images.

Silence du RN

Du côté du RN, en revanche, c’est silence radio. Habituellement prompts à réagir au moindre fait d’actualité, les élus lepénistes ont surtout utilisé leur connexion Internet pour afficher leur soutien à la candidate israélienne à l’Eurovision face « l’islamogauchisme » (voire à dénigrer le candidat tricolore Slimane) plutôt qu’à s’indigner de ce défilé néofasciste. Il faut dire que le RN cherche justement à faire oublier ses relations passées avec le GUD, groupuscule à la manœuvre de ce défilé. Mediapart rappelle par ailleurs que le Comité du 9 mai avait été créé par des militants de ce mouvement de jeunesse, lesquels avaient été défendus à l’époque par Marine Le Pen, alors avocate.

Même absence de réaction du côté des Républicains, où aucun cadre du parti présidé par Éric Ciotti n’a daigné réagir. « Ces slogans n’ont rien à faire dans l’espace public », a répondu sur LCI la tête de liste Reconquête ! aux élections européennes, Marion Maréchal, interrogée sur le sujet.

Selon l’AFP, les militants encagoulés vêtus de noir étaient environ 600 à défiler ce samedi.

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