Affaire Théo : entre trois mois et un an de prison avec sursis pour les trois policiers mis en cause

Le policier auteur du coup de matraque qui a déchiré le spincter de Théo Luhaka lors de son interpellation en 2017 a écopé de la peine la plus lourde, 12 mois de prison avec sursis. Les deux autres policiers jugés dans cette affaire ont été condamné à trois mois de prison avec sursis.

Sept ans après, l'affaire Théo, devenue emblématique des violences policières, touche à son épilogue. Les trois policiers jugés pour l'interpellation de Théo Luhaka, grièvement blessé à l'anus par une matraque le 2 février 2017 à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), ont été condamnés à des peines allant de trois mois de prison avec sursis à 12 mois de prison avec sursis pour l'auteur du coup de matraque, ce vendredi 19 janvier. Après plusieurs heures de délibéré, la cour d'assises de Seine-Saint-Denis a partiellement suivi les réquisitions du parquet, prononcées jeudi.

Jeudi, l'avocat général avait réclamé trois ans de prison avec sursis à l'encontre de Marc-Antoine C., 34 ans, le policier auteur du coup de matraque. Ce dernier était poursuivi pour des violences volontaires ayant entraîné "une mutilation ou infirmité permanente" sur la victime, avec les circonstances aggravantes de sa qualité de personne dépositaire de l'autorité publique, avec arme et en réunion.

Il a été reconnu coupable de violences volontaires, mais les jurés n'ont pas retenu que le coup de matraque avait entraîné une infirmité permanente. Il est condamné à 12 mois de prison avec sursis, a 5 ans d'interdiction d'exercer sur la voie publique et 5 ans d'interdiction du port d'arme.

Trois mois de prison avec sursis pour les deux autres policiers

Pour ses deux collègues Jérémie D., 42 ans, et Tony H., 31 ans, poursuivis pour violences volontaires, l'avocat général avait demandé des peines respectives de six et trois mois de prison avec sursis. Ils ont tous les deux été condamnés à trois mois de prison avec sursis.

Le ministère public avait requis jeudi une interdiction d'exercer de cinq ans sur la voie publique pour Marc-Antoine C. et de deux ans pour Jérémie D, des réquisitions qui ont été suivies par la cour d'assises.

Des séquelles irréversibles

Si ces trois policiers sont jugés depuis deux semaines, un fait rare dans les affaires de violences policières, c'est que Théodore Luhaka garde des séquelles irréversibles de son arrestation. Ce 2 février 2017, à Aulnay-sous-Bois, le jeune homme de 22 ans à l'époque est interpellé.

Alors qu'il est dos au mur, pris en étau par deux fonctionnaires de police, Théodore Luhaka reçoit un coup avec la pointe d'un bâton télescopique de défense (BTD). Son sphincter (muscle annulaire) se déchire.

A ce geste s'ajoutent des tirs de gaz lacrymogène, des coups de genou et de poing portés par les gardiens de la paix quand Théo est menotté au sol.

"Je me suis senti violé", a confié Théo Luhaka à la barre. Le jeune homme, qui a célébré sa 29e année à l'ouverture du procès, se rêvait "grand footballeur". Il souffre désormais d'incontinence et s'enferme dans sa chambre où il regarde la même série policière en boucle.

"Un usage disproportionné" pour l'IGPN

A la barre, le policier auteur du coup de matraque avait exprimé "sa profonde compassion", estimant néanmoins qu'il s'agissait d'un "coup légitime", "enseigné à l'école". L'autre gardien de la paix, Jérémie D., lui, avait concédé un coup "ni justifié, ni légitime" lié à son "exaspération".

Une enquête administrative de l'Inspection générale de la police nationale, "la police des polices", avait conclu à "un usage disproportionné de la force". Les deux avocats des policiers ont plaidé l'acquittement, jugeant que leurs clients étaient dans une situation de légitime défense.

Ce vendredi matin, les trois policiers ont eu la parole une dernière fois, avant que la cour ne se retire pour délibérer. "Je maintiens mes déclarations, je n’ai rien à rajouter", a déclaré Marc-Antoine C. S'il "regrette les conséquences", Tony H. a estimé néanmoins "avoir effectué mon travail dans le respect des lois". "Je fais confiance en la justice", a-t-il ajouté. Le dernier policier, Jérémie D. a indiqué n'avoir "rien de plus à ajouter".

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Affaire Théo : le policier, qui a porté le coup de matraque, témoigne