Affaire Daval: le meurtrier d'Alexia jugé pour dénonciation calomnieuse

Le meurtrier d'Alexia, Jonathann Daval, lors d'une conférence de presse à l'hôtel de ville de Gray, le 2 novembre 2017 (SEBASTIEN BOZON)
Le meurtrier d'Alexia, Jonathann Daval, lors d'une conférence de presse à l'hôtel de ville de Gray, le 2 novembre 2017 (SEBASTIEN BOZON)

Le procès pour dénonciation calomnieuse de Jonathann Daval, qui purge une peine de 25 ans de réclusion pour le meurtre de son épouse Alexia en 2017, s'est ouvert mercredi peu après 13H30 devant le tribunal correctionnel de Besançon, nouveau chapitre dans cette emblématique saga judiciaire.

Devant une salle comble, Jonathann Daval est apparu dans le box des accusés, musclé sous un tee-shirt bleu clair et un gilet pare-balles. Il a jeté un regard furtif à son ancienne belle-famille, dont les membres étaient assis face à lui dans la salle d'audience.

Son ex-belle-mère Isabelle Fouillot, qui avait réussi à lui faire avouer le meurtre d'Alexia durant l'enquête, ne le lâche pas des yeux.

L'ancien informaticien, désormais âgé de 40 ans, a rapidement reconnu les faits qui lui sont reprochés en début d'audience. Durant l'enquête, il avait dans un premier temps admis être l'auteur du meurtre de sa femme, en octobre 2017, avant de se rétracter et d'accuser son beau-frère Grégory Gay d'avoir étranglé Alexia, en tentant de la maîtriser lors d'une crise d'hystérie. La famille aurait alors passé "un pacte secret pour étouffer l'affaire".

"Premièrement, je tiens à m'excuser pour tout le mal que j'ai fait", a déclaré Jonathann Daval. "Beaucoup de personnes me disaient: +C'est pas possible, t'as pas pu le faire tout seul+. A un moment on veut leur faire plaisir, on dit oui, j'ai pas pu faire ça tout seul, sans penser aux conséquences derrière..."

- "Volonté de nuire" -

Jonathann Daval avait finalement reconnu avoir menti et avoué le meurtre de son épouse six mois plus tard.

Il est à présent poursuivi pour dénonciation calomnieuse par Isabelle et Jean-Pierre Fouillot, parents d'Alexia, leur fille Stéphanie et son mari Grégory Gay.

"Je tiens à rappeler l'horreur que nous avons vécue. J'ai du mal à trouver les mots", a de son côté insisté Grégory Gay, la gorge nouée. "On ne se rend pas compte de la souffrance et des difficultés qu'on a eues à encaisser tout ça. Il y avait clairement une volonté de nuire, il a embrigadé beaucoup de monde dans cette histoire."

Son ancien beau-frère a aussi évoqué des différents et des menaces avec les membres de la famille de Jonathann Daval: "Tout ça a généré beaucoup de peurs, de stress et ça continue aujourd'hui, c'est pour ça que j'ai déposé cette plainte, pour moi ça ne pouvait pas rester impuni".

La mère d'Alexia a évoqué sa "douleur de la perte d'Alexia et de cette ignominie".

"Nous, on a perdu Alexia, c'est déjà un drame en lui-même, et six mois après on nous apprend qu'on est accusés de meurtre et que nous sommes les assassins de notre propre fille (...) Ca dépasse l'entendement", a-t-elle lancé.

Grégory Gay avait déposé une première plainte pour "dénonciations calomnieuses" dès 2018, mais le parquet l'avait classée sans suite, d'où cette citation à comparaître directement devant le tribunal.

- "L'argent, rien d'autre" -

Le prévenu encourt cinq ans de prison, une peine qui serait confondue avec sa condamnation pour meurtre. Sa belle-famille demande 60.000 euros de dommages et intérêts, dont 30.000 euros pour Grégory Gay, 10.000 euros pour la sœur d'Alexia et 10.000 euros pour chacun des parents.

Pour la défense, "l'objet de ce procès, c'est l'argent, rien d'autre".

"Ce procès a déjà eu lieu pendant l'instruction et le procès d'assises: Jonathann Daval a reconnu qu'il avait menti, il a expliqué pourquoi et il a présenté ses excuses", selon son avocat, Randall Schwerdorffer.

Jonathann Daval a étranglé son épouse Alexia dans la nuit du 27 au 28 octobre 2017 à leur domicile de Gray-la-Ville (Haute-Saône). Le lendemain, il a transporté son corps dans un bois avant d'y mettre le feu et de donner l'alerte, soutenant que sa femme n'était pas revenue de son jogging. Le corps d'Alexia avait été retrouvé deux jours plus tard.

Pendant trois mois, Jonathann Daval avait montré le visage d'un veuf éploré dans les médias, avant d'être confondu en pleine vague #MeToo, une affaire qui avait ému et passionné les Français.

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