Les États-Unis vont payer le Panama pour qu’il ferme la route migratoire d’Amérique centrale
Dans ses colonnes, El País América décrit le territoire qui sépare la Colombie du Panama en ces termes : “Le Darién, c’est l’enfer sur terre, un terrain escarpé et impraticable traversé par des rivières aux courants rapides. Cette jungle dense était autrefois considérée comme impénétrable, mais le flux migratoire ininterrompu a changé la donne.”
Ce flux ininterrompu auquel fait référence le média hispanophone est composé des migrants qui traversent la frontière, première étape d’un long périple qui doit les conduire jusqu’aux États-Unis. Selon les estimations relayées par El País América, 133 000 d’entre eux sont passés par le Darién pour atteindre le Panama en 2021, puis 248 000 en 2022 et même 520 000 en 2023.
Si la route a tout d’un calvaire, certains de ces migrants vénézuéliens, équatoriens, haïtiens ou cubains parviennent bel et bien à atteindre les États-Unis, ce qui a poussé Washington à agir. Lundi 1er juillet, annonce CNN, “les États-Unis et le Panama ont signé un accord qui vise à ‘fermer le passage de migrants illégaux’ à travers le Darién”. Celui-ci prévoit que “le gouvernement américain s’engage à prendre en charge le coût du rapatriement des migrants entrés illégalement par le Darién”, précise ensuite le média américain en citant directement une déclaration du gouvernement du Panama.
L’accord prévoit par ailleurs que les États-Unis soutiendront le Panama en lui fournissant “l’équipement, le transport et la logistique” nécessaires pour arrêter les étrangers qui violent les “lois panaméennes sur l’immigration”.
“Transférer le problème vers la Colombie” ?
Comme le précise El País América, la décision du Panama intervient dans le cadre de l’arrivée de José Raúl Mulino au poste de président. Le politique conservateur, qui avait remporté les élections en mai, a été investi le 1er juillet, et cette annonce officielle constitue un changement notable en matière de gestion de l’immigration pour le Panama.
“Jusqu’à présent, plutôt qu’un effort d’accueil et d’intégration, les autorités panaméennes ont opté pour une politique de flux maîtrisé, détaille le média hispanophone. Une fois que les migrants avaient traversé la jungle, les autorités favorisaient le transfert des migrants de sa frontière sud vers sa frontière nord, afin de leur permettre de poursuivre leur voyage.”
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