À La Sorbonne, Macron entre dans la campagne des européennes pour sauver le soldat Hayer

A la Sorbonne, Macron peut-il sauver le soldat Hayer ? (ici le président de la République et sa candidate à Bruxelles le 17 avril 2024)
LUDOVIC MARIN / AFP A la Sorbonne, Macron peut-il sauver le soldat Hayer ? (ici le président de la République et sa candidate à Bruxelles le 17 avril 2024)

POLITIQUE - À la rescousse. Emmanuel Macron prend la parole à la Sorbonne ce jeudi 25 avril pour fixer ses ambitions européennes, sept ans après un discours fondateur dans le même amphithéâtre de la prestigieuse université parisienne. Une étape attendue par son camp à moins de 50 jours d’un scrutin à très hauts risques.

Discours d’Emmanuel Macron à la Sorbonne : on a revu celui de 2017 pour voir où en sont ses ambitions

Objectifs, affichés par l’Élysée : faire de ce moment la suite logique de l’appel à « l’audace » pour une « souveraineté européenne » lancé en 2017 par Emmanuel Macron juste après son accession au pouvoir. Et influer sur l’agenda de la prochaine mandature de l’Union européenne en soutenant la notion d’« Europe puissance. » Tout un programme.

Certes, l’entourage du chef de l’État jure que ce rendez-vous est complètement décorrélé de la campagne des européennes - il s’agit d’un « moment institutionnel », insiste un de ses conseillers. Il est malgré tout difficile de ne pas voir derrière ce timing, l’entrée en campagne d’un président désireux de peser dans une élection « existentielle » à ses yeux.

Chemin de croix

D’autant plus que l’heure est grave pour Emmanuel Macron et ses troupes. Devancé de justesse en 2019 par le Rassemblement national, le camp présidentiel (Renaissance - Modem - Horizons) est distancé de 13 points dans les sondages par le candidat du Rassemblement national Jordan Bardella, selon notre compilateur.

Tout aussi délicat, la liste menée par Valérie Hayer semble menacée par la dynamique qui entoure celle portée par Raphaël Glucksmann pour le PS et Place Publique. Si les courbes finissaient par se croiser, le chemin de croix tournerait à l’humiliation pour le locataire de l’Élysée et sa candidate.

Pour l’instant, les dirigeants de la campagne assurent que la course n’est pas encore vraiment lancée. Il n’empêche, si les signaux inquiétants se succèdent, d’autres laissent parfois planer une impression d’improvisation. En ce sens, Emmanuel Macron s’est affiché aux côtés de Valérie Hayer à Bruxelles mercredi 17 avril, sans doute pour l’aider à pallier le déficit de popularité qu’elle peine à combler… Avant que le compte de l’Élysée se presse pour rapidement supprimer les extraits vidéos des réseaux sociaux. Règles électorales obligent.

Quelques jours plus tard, c’est le timing même du discours à la Sorbonne qui a mis le camp présidentiel dans l’embarras. Mardi encore, Renaissance ne savait pas sur quel pied danser. Alors que le porte-parole de la campagne annonçait au HuffPost la présence de Valérie Hayer aux côtés d’Emmanuel Macron, le parti présidentiel a finalement fait machine arrière.

Macron, Attal : quel apport ?

Dans ce contexte difficile à bien des égards, beaucoup de soutiens du chef de l’État comptent donc sur le discours à la Sorbonne pour mobiliser les troupes. Lui-même « est persuadé qu’il va changer la donne », glisse un de ses conseillers dans les colonnes du Parisien quand un autre s’appuie sur le précédent 2019 lorsqu’il avait « relancé » la campagne de Nathalie Loiseau. Le président devrait, à ce titre, s’impliquer personnellement et ouvertement dans un second temps, peut-être même participer à un meeting.

Reste à savoir avec quel effet, après sept ans de pouvoir, l’usure qui va avec, et une cote de popularité en berne. Pour Gabriel Attal en tout cas, le Premier ministre censé être l’arme anti-Bardella selon certaines voix dans la majorité, le résultat n’est pas franchement étincelant.

Pire, dans une campagne écrasée par le contexte et les enjeux nationaux, le discours droitier du gouvernement et du locataire de Matignon ne semble pas vraiment propice à aider Valérie Hayer. Il n’est pas certain, par exemple, que le tour de vis sécuritaire et les propos autoritaires à l’endroit des jeunes soient de nature à convaincre les derniers macronistes de gauche à ne pas rejoindre Raphaël Glucksmann.

D’autant que le candidat des socialistes (comme celui du Rassemblement national) n’a pas prévu de faire de cadeaux. Il a choisi de tenir un meeting de campagne mercredi soir, pour couper l’herbe sous le pied du chef de l’État… Quand Jordan Bardella a préféré avancer la présentation de son programme à jeudi après-midi pour immédiatement porter la réplique. Une façon de priver le camp présidentiel de la bouffée d’air que pourrait éventuellement offrir la prise de parole d’Emmanuel Macron.

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