À Madrid, le musée Thyssen se décolonise, non sans polémique

“Des tableaux qui montrent l’esclavage, l’impérialisme, l’exploitation des ressources naturelles des peuples conquis, la sexualisation de leurs femmes, et aussi la lutte de ces peuples pour la libération.” C’est le programme de la nouvelle exposition du musée Thyssen, qui a débuté ce 25 juin à Madrid. “La mémoire coloniale dans les collections Thyssen-Bornemisza” s’attache à relire des œuvres de l’institution nationale sous un prisme critique du colonialisme européen, rapporte La Vanguardia.

Les toiles réunies s’échelonnent du XVIIe au XXIe siècle. L’une d’entre elles, Portrait de famille dans un paysage, du Néerlandais Frans Hals, donne à voir une famille à Harleem au XVIIe siècle, accompagnée d’un enfant noir, à une période où se développe l’esclavage dans l’empire colonial néerlandais. Une autre, attribuée au Britannique Thomas Lawrence, représente David Lyon, député et riche héritier d’une famille d’esclavagistes.

Réinterpréter le passé

Dans un contexte de “guerres culturelles” autour de ces sujets, et alors que des partis politiques minimisent ce passé colonialiste et ses répercussions, l’exposition suscite une polémique, certains craignant notamment une vague de restitutions d’œuvres comme cela a été le cas dans d’autres pays européens. Mais pour son directeur, Guillermo Solana, le musée peut se décoloniser sans forcément mener de politique de restitution.

“Pour cette exposition, nous n’entrons pas dans le débat sur la restitution. Notre parti pris est de relire, de réinterpréter ce qui est présenté dans les œuvres, de savoir ce qu’elles représentent, pourquoi et comment il faut l’interpréter, le lire”, affirme-t-il au journal espagnol. Il se défend par ailleurs de toute influence du gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez pour monter cette exposition, comme le suggèrent certains en Espagne.

Une œuvre palestinienne

Autre point susceptible de faire polémique, selon La Vanguardia : le choix d’inclure une œuvre du Franco-Palestinien Taysir Batniji datant de 2010 qui dénonce la colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens.

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