Aux États-Unis, cet élu républicain « pro-life » a eu bien du mal à justifier l’avortement de sa compagne
ETATS-UNIS - « Faites ce que je dis, pas ce que je fais. » Alors que le 24 juin signera les deux ans de la révocation par la Cour suprême du droit constitutionnel des Américaines à avorter, le sujet est toujours autant d’actualité outre-Atlantique. Certains États se battent encore et toujours plus pour empêcher les femmes de recourir à l’IVG, même quand il s’agit de préserver leur santé.
Au Texas par exemple, les anti-IVG veulent empêcher les femmes enceintes de prendre l’autoroute pour se faire avorter dans des États où cela est encore légal. Les républicains pro-life semblent prêts à tout pour contrôler le corps des femmes, sauf peut-être Richard Holtorf, élu républicain du Colorado.
En 2020, celui-ci avait parrainé une mesure – qui a échoué – et qui aurait interdit l’IVG dans l’État après 22 semaines. Ce qui ne l’a pas empêché d’aider sa petite amie à avorter pendant la même période.
« Vivre la meilleure vie possible »
Un paradoxe qu’il a bien eu du mal à expliquer au journaliste qui l’invitait sur son plateau jeudi 13 juin. Richard Holtorf, candidat aux élections de novembre prochain pour représenter le 4e district du Colorado au Congrès, a expliqué qu’il avait donné de l’argent à sa compagne pour qu’elle puisse avorter et « vivre la meilleure vie possible ». Un droit qu’il veut donc refuser aux autres femmes, en tant que « pro-life ».
« J’ai respecté ses droits et je lui ai donné de l’argent pour l’aider à traverser cette période importante et critique », a-t-il expliqué. « Si l’avortement était le meilleur choix pour votre petite amie, pourquoi essayer de refuser ce choix à d’autres femmes ? », lui a demandé le journaliste, comme vous pouvez le voir dans l’extrait ci-dessous :
NEW: CO-4 GOP candidate Richard Holtorf has voted against abortion rights in the state legislature but said he respected his girlfriend's right to have an abortion "so she could live her best life." I asked him about that disconnect. #copolitics pic.twitter.com/WBB5YBmAcJ
— Kyle Clark (@KyleClark) June 13, 2024
Assurant être un « catholique pro-vie », Richard Holtorf explique laborieusement que « tout le monde devrait choisir la vie », mais qu’en l’occurrence sa petite amie avait fait le choix d’interrompre sa grossesse. « Est-ce qu’elle avait ce droit ? Oui. Était-ce mon choix, Kyle ? Non », a-t-il expliqué, ajoutant que « vous devriez essayer de choisir la vie à chaque fois. Mais il y a des exceptions. Et il y a des moments où il faut avorter. »
Le mot « choix » revient à plusieurs reprises dans ce discours, alors que c’est précisément ce que demandent les pro-IVG : laisser le choix aux femmes d’avorter ou non.
« Est-ce que l’une des exceptions est lorsque Richard Holtorf est le père ? », insiste alors le journaliste, pointant l’hypocrisie de la situation. Ce à quoi le républicain répond : « Il ne s’agit pas de moi. Ne personnalisez pas ça et ne parlez pas de moi. C’est une histoire. Ce n’est pas si important. Ce qui est plus important, c’est la politique. »
Pas sûr qu’il ait réussi à convaincre son interlocuteur.
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