XV de France: "Cette équipe est en souffrance", Charvet et Moscato "inquiets" malgré la victoire des Bleus en Écosse

Que ce fut compliqué! Poloso Tuilagi a beau assurer que sa main se trouvait bien sous le ballon, la France a battu l'Ecosse samedi à Edimbourg (16-20) après une décision arbitrale favorable. Un succès qui fait du bien aux partenaires du capitaine Grégory Alldritt mais qui n'a pas totalement convaincu Vincent Moscato.

"Oui je suis inquiet. Tu gagnes... Alors attention, la valeur de l'équipe d'Ecosse et les 40 points pris contre l'Irlande, a réagi l'ex-talonneur ce lundi dans le Super Moscato Show sur RMC. Il faut un peu que l'on balaye le passé pour pouvoir arriver à progresser. On est plus pendant la Coupe du monde, on n'a plus cette équipe qui a gagné le Grand Chelem. Le jeu s'est un peu delité, il y a eu le chaos de la Coupe du monde et on ne va pas revenir dessus, on a pris un uppercut contre le Sud-Africains et un énorme crochet contre les Irlandais. Là on revient, on a failli perdre mais on gagne. Mais cela ne te rassure pas. Sur le niveau qui était celui de l'équipe de France pendant les deux dernières années, tu sens que tu as régressé. Tu sens que tu es à bout alors que ce match-là tu ne le prends pas devant, tu es beaucoup moins bon derrière et leur charnière est bien meilleure que la tienne."

>> Ecosse-France (16-20)

"Je suis content mais inquiet"

Un résultat qui change beaucoup de choses et notamment la communication du sélectionneur Fabien Galthié au coup de sifflet final. "Tu n'y arrives pas et il faut un exploit personnel de Louis Bielle-Biarrey (...) Quelque part, je suis content mais inquiet parce que c'est juste, c'est raide. Encore une fois, tu ne gagnes pas parce que tu as marqué mais tu gagnes parce que les autres ont marqué mais que l'essai a été refusé", a enchaîné Vincent Moscato. "Il y a quand même une énorme différence dans le discours de Fabien (Galthié), même si ce n’est pas très grave. En tant qu’entraîneur, je comprends qu’il ne s’intéresse pas au contenu parce que ça va lui faire mal à la tête à chaud. De suite, qu’il soit content de la victoire et qu’ensuite, pendant la semaine, il passe au contenu. Bien entendu qu’il va passer au contenu mais on est quand même soucieux. Les Irlandais aussi ont perdu en quart de finale, là les Ecossais ont perdu mais ils ont fait un match extraordinaire."

Et notre consultant d'ajouter: "Je ne pense pas que l’on a été meilleurs qu’eux. Au maximum, je pense que l’on a fait jeu égal avec eux. Le sort en a décidé pour nous, tant mieux. Si on avait pu avoir cet arbitre contre l’Afrique du Sud, on ne se seraient pas privés. Ce n’est pas terrible comme match, c’est moyennasse. C’est dans la moyenne, c’est douze sur vingt parce que les Ecossais sont bons."

Un constat partagé par Denis Charvet, lui aussi pas rassuré de cette victoire poussive en Écosse. "Tu sais que tu n’as pas été bon et que les Écossais ont été meilleurs que toi. Dans tout le match, ils te mènent et tu finis par te dire que tu ne peux pas gagner. Et en même temps tu vas la chercher et tu gagnes. C’est un petit miracle mais tu la gagnes", a noté l'ancien trois quart centre. "Les matchs il faut les tuer, les Écossais n’ont pas tué le match comme la France n’a pas tué le match contre l’Afrique du Sud. Je ne vais pas revenir sur le contenu mais on le sait, Fabien (Galthié) insiste sur la dépossession et c’est aussi parce qu’on est en manque de confiance. Cette équipe est en perte de confiance et on le sait depuis la Coupe du monde et donc on joue un jeu minimaliste. Tu subis et surtout tu ne construis pas, tu ne prends pas de risques."

Le XV de France est "redevenu une équipe un peu ordinaire", selon Charvet

"C’est inquiétant dans la mesure où cette équipe est en souffrance. Il y a plusieurs facteurs qui rentrent en compte, les absents avec Dupont ou Jelonch et Flament", a jugé Denis Charvet. "Il y a des absents de marque dans cette équipe et cela fait qu’on est redevenu une équipe un peu ordinaire. Je crois qu’il y aussi l’usure mentale de certains. Quand on voit Jonathan Danty qui était un perce-muraille, un mec incroyable… Cette équipe est en souffrance donc tu ne peux être qu’inquiet. Le seul point positif, et je pense qu’on peut construire là-dessus, c’est que la défense est redevenue celle qu’on connaissait il y a six mois ou un an avant la Coupe du monde. Donc il y a cet état d’esprit qui est revenu à la surface. Quand Alldritt dit que c’est l’une des plus belles victoires, je comprends pourquoi. Parce qu’ils ont vécu une semaine terrible. Je crois que c’est une délivrance, c’est la libération quand tu gagnes à la fin. Ils se disent qu’ils sont libérés d’un poids et que c’est un soulagement. Cette victoire elle vient de nulle part en fait."

"Au départ on partait pour faire un Grand Chelem, je vous rappelle, c’était entre nous et les Irlandais, a conclu Moscato. On recevait les Irlandais chez nous et on recevait trois fois, on était partis pour un Grand Chelem. Il faut faire attention de ne pas finir quatrièmes."

Article original publié sur RMC Sport