Xavier Dupont-de-Ligonnès : le procureur de Nantes met en pièces la version développée par sa sœur

Jugée « farfelue » et « extravagante » par Renaud Gaudel, la version de Christine Dupont-de-Ligonnès exposée dans son livre ne repose sur aucune preuve pour le procureur.

JUSTICE - Pour le procureur de Nantes, il reste le suspect numéro 1. Si la présence remarquée de Christine Dupont-de-Ligonnès sur les plateaux de télévision pour la promotion d’un livre où elle estime dévoiler la vérité sur l’affaire judiciaire qui concerne son frère a été particulièrement commentée, la justice ne s’en était pas encore mêlée.

Voici où en est vraiment l’enquête, 13 ans après le début de l’affaire

Mais ce vendredi 22 mars, le procureur de Nantes, Renaud Gaudeul, est sorti du silence pour rétablir la vérité sur le dossier Xavier Dupont-de-Ligonnès par l’intermédiaire d’un communiqué relayé par Ouest-France.

Xavier, mon frère présumé innocent, c’est le nom du livre écrit par la sœur du principal suspect de la tuerie survenue à Nantes en 2011 au sein de la famille de Xavier Dupont-de-Ligonnès et pour laquelle il est toujours recherché. Mais comme l’indique le procureur de la ville de Nantes, la sortie de cet ouvrage « a heurté aussi bien la famille d’Agnès Dupont-de-Ligonnès (épouse de Xavier) que les enquêteurs qui ont travaillé et travaillent encore sur ce dossier ». Suffisant pour le motiver à répondre.

Le travail des enquêteurs remis en cause

Parmi les hypothèses avancées par Christine Dupont-de-Ligonnès, celle de l’exfiltration de la famille vers les États-Unis par l’agence américaine de lutte contre les trafics de stupéfiants. Une théorie qui permet à la sœur du principal suspect d’avancer l’idée que les cinq corps retrouvés enterrés sous la terrasse de la maison familiale ne sont pas ceux de la famille. Et donc qu’il n’est pas coupable du quintuple meurtre.

Un élément battu en brèche par le procureur. « Même si de nombreux observateurs ont d’ores et déjà indiqué que cette thèse était ’farfelue’, ’extravagante’, je me dois de confirmer que rien ne permet de donner judiciairement du crédit à cette version », assure-t-il. Renaud Gaudel va encore plus loin en estimant que cette version impliquerait forcément « la falsification d’actes judiciaires » par les enquêteurs, mais aussi par les experts en charge des autopsies et des analyses d’identification par empreintes génétiques.

Impossible selon lui. D’autant plus que « les analyses ont été réalisées à partir de prélèvements musculaires opérés sur les corps découverts ». À ce titre, le procureur ajoute que Christine n’a jamais demandé d’analyses ou d’enquête supplémentaires sur cette partie du dossier en tant que partie civile. Qu’il s’agisse d’une démarche de sa part ou de celle de son avocat, « elle n’a jamais demandé à être entendue par le magistrat instructeur ».

Les recherches se poursuivent

Des arguments suffisants pour mettre en doute la version avancée dans ce livre. Et alors qu’il s’exprime très peu sur ce dossier, Renaud Gaudel en a profité pour préciser certains points de l’enquête toujours en cours d’instruction au pôle criminel de Nantes.

Ainsi, il indique que les enquêteurs de trois entités distinctes « poursuivent leurs investigations afin de localiser Xavier Dupont-de-Ligonnès ». Un travail loin d’être évident compte tenu du fait que 1 750 signalements ont été réalisés, en France comme à l’étranger. Reçus et exploités, ils n’ont toujours rien donné à ce jour.

Reste à savoir si un procès par défaut pourrait avoir lieu malgré l’absence de celui qui est désormais surnommé « XDDL ». Mais « contrairement à ce qui a pu être publié » dans la presse, le procureur de la République de Nantes est formel, « une clôture prochaine des investigations n’est pas aujourd’hui à l’ordre du jour ».

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