Vladimir Poutine se rend au Vietnam après la Corée du Nord, une visite condamnée par les États-Unis

La tournée se poursuit. Au lendemain de la signature d'un accord de défense avec la Corée du Nord, le président russe Vladimir Poutine a débuté, ce jeudi 20 juin, une visite d'État au Vietnam, dans l'espoir de consolider des partenariats cruciaux dans la région alors que la guerre en Ukraine se poursuit.

Il s'agit de la cinquième visite de Vladimir Poutine au Vietnam, faisant suite aux voyages effectués l'an passé par le président américain Joe Biden et du président chinois Xi Jinping, qui cherchaient à obtenir d'Hanoï l'assurance qu'il ne prendrait pas parti.

Consolider les liens

Dans les rues de Hanoï, la présence de drapeaux russes et d'un important dispositif de sécurité témoignait de l'accueil prévu par les dignitaires locaux, à la hauteur de la longue histoire qui unit les deux pays depuis l'ère soviétique.

"Nous aimons la Russie, j'adore les Russes car ils ont été très gentils, nous apportant leur soutien pendant de nombreuses années", a déclaré à l'AFP Nguyen Thi Minh, une habitante de 59 ans.

Le chef du Kremlin a rencontré vers midi son homologue To Lam, dans le palais présidentiel, l'ancienne résidence des gouverneurs de l'Indochine française, lors d'une cérémonie formelle avec des coups de canon et des militaires au garde-à-vous, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Cette rencontre est l'occasion pour le Vietnam de consolider les liens avec la Russie qu'il considère comme "l'un de ses principaux partenaires dans sa politique étrangère", a affirmé le président vietnamien cité par le New York Times.

"La diplomatie du bambou"

En accueillant Vladimir Poutine, visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), Hanoï s'expose au mécontentement de ses partenaires occidentaux, les États-Unis en tête, qui considèrent le Vietnam, 100 millions d'habitants, comme stratégique pour la production manufacturière ou de semi-conducteurs.

"Aucun pays ne devrait donner à Poutine une plate-forme pour promouvoir sa guerre d’agression et lui permettre de normaliser ses atrocités", a déclaré Washington indique le New York Times.

L'an dernier, les présidents chinois Xi Jinping et américain Joe Biden se sont tous les deux rendus à Hanoï, qui essaye de maintenir une distance égale entre les deux superpuissances rivales, selon les préceptes souples de sa "diplomatie du bambou" qui allie prudence et pragmatisme.

Cette politique pourrait être de plus en plus difficile à tenir, selon Huong Le Thu, directrice adjointe du programme Asie de l'ONG International Crisis Group, interrogé par l'AFP. Pour l'experte, la visite de Poutine représente "un test pour voir à quel point la diplomatie multidirectionnelle de Hanoï peut aller loin, et si elle est toujours acceptée par les autres puissances majeures".

Une amitié de longue date

Reste à savoir donc si la visite du président Vladimir Poutine apportera des avantages tangibles au Vietnam ou si elle reflète plutôt les liens historiques entre les deux pays. Hanoï et Moscou entretiennent des relations diplomatiques depuis 1950, année qui marque les 30 ans d'un traité établissant des "relations amicales " entre le Vietnam et la Russie.

Article original publié sur BFMTV.com