Violences dans le foot amateur, "report" sur d'autres sports... Le patron de la DNLH met en garde contre une "contagion"

Incivilités, menaces, passages à tabac… Dans le football amateur comme dans d’autres disciplines, la violence semble gagner du terrain ces dernières années. En janvier, c’est un match à Menton (Alpes-Maritimes) qui était interrompu après l’intrusion sur le terrain d’une trentaine de personnes armées de couteaux, cutters et autres battes de baseball. Un mois plus tôt, c’est un éducateur de l’ESA Linas-Montlhéry (Essonne) qui se faisait agresser par un parent lors d’un entraînement des U9. A Montrouge (Hauts-de-Seine), les entraînements du club local ont également été annulés une semaine en décembre d'une semaine après l'agression d'un éducateur par un parent, mécontent du faible temps de jeu de son fils.

Face à la hausse de ces violences, que faire concrètement et quelles mesures prendre? "Oui, on constate une montée de la violence dans le football amateur", confirme à RMC Sport Thibaut Delaunay, le commissaire et chef de la Division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH). "Ça tient à plusieurs faits. Nous sommes amenés à avoir un œil très attentif sur les divisions amateurs. Notre maillage territorial est très utile. Mais rien que sur le niveau national, le fait d’avoir d’anciens clubs professionnels avec des supporters organisés, des groupes de supporters dits "ultras" ça nous incite à avoir un œil attentif. Ça va être encore plus le cas avec le passage à 18 clubs de la Ligue 2. Le championnat National sera composé de clubs qui sont structurés. Donc forcément ces divisions amateures vont être de plus en plus touchées par ces phénomènes de confrontation entre supporters", observe-t-il.

La crainte d'un "report des comportements de supporters de foot" sur d'autres sports

Il constate aussi que "les divisions de jeunes" commencent "à être touchées par ces phénomènes". "Parce que les supporters de foot, et notamment d'équipes professionnelles, peuvent parfois se reporter sur les catégories de jeunes ou des féminines de leur propre club", appuie-t-il. Quid des autres sports? "Par exemple, c’est le cas des clubs qui sont omnisports. On va avoir un report des comportements de supporters de foot, je ne parle pas encore de violences mais en tout cas des comportements de supporters de foot sur d'autres disciplines. C'est aussi le cas sur le basket. On peut avoir des comportements déviants, notamment de la part de supporters étrangers qui viennent sur le territoire français comme des supporters qui arrivent de Serbie ou de Turquie", souligne Thibaut Delaunay.

Pour la DNLH et les instances, la priorité est d’anticiper "une éventuelle contagion des autres sports pour ne pas en arriver à constater que les autres sports sont victimes des mêmes phénomènes qu’au football". "On peut classer ces matchs, nous ne sommes pas une unité dédiée qu’au football, nous sommes multisports. Nous sommes amenés à surveiller ces rencontres. On a eu très très récemment, des petits incidents lors d'un match de Bourg-en-Bresse face au Besiktas en basket, ce sont des alertes que nous devons suivre et nous avions un dispositif mis en place sur le match. Il faut être vigilant", conclut-il.

Ce mardi 26 mars, avant la demi-finale d’Eurocoupe de basket entre la JL Bourg et Besiktas, des supporters sans billets du club visiteur ont ainsi tenté de forcer l’entrée de la salle Ekinox. La police a dû intervenir.

Article original publié sur RMC Sport