Violences à Port-au-Prince : « Parfois, il y a collusion entre la police et les gangs »

L'écrivain haïtien Gary Victor.  - Credit:Pedro Ruiz
L'écrivain haïtien Gary Victor. - Credit:Pedro Ruiz

Carrefour-Feuilles. C'est un si joli nom pour un quartier historique du centre de Port-au-Prince. Un quartier qui, comme nombre d'autres de la capitale haïtienne, subit depuis la mi-août la furie des gangs qui prennent le pouvoir sur la ville, entraînant la fuite d'une population terrorisée. C'est un si joli nom, tout près d'un autre quartier nommé Bas Peu de Choses, dont Dany Laferrière parle souvent. C'est un quartier tout près de la Fondation Fokal, le poumon culturel de la ville, qui doit adapter ses activités aux menaces hurlées par les chefs de gang.

C'est une réalité terrible que celle des Haïtiens de la ville et de ses alentours, livrés à ces délinquants surarmés qui tirent, violent, incendient sans foi ni loi, sans idéologie ni cause à défendre. Une situation que le pouvoir en place ne parvient pas à dominer.

« Le gouffre est à deux pas »

« Quand je regardais, hier après-midi, les gens de Carrefour-Feuilles en train de fuir leurs maisons, j'ai eu le cœur découpé. Cette rue qui m'a toujours bercé de tendresse porte aujourd'hui les marques des blessures profondes qui ne se cicatriseront pas de sitôt. Des enfants éberlués et peureux. Des femmes au regard troué de toutes les peines du monde. L'odeur du sang frais sur des corps d'hommes et de femmes plus que jamais assoiffés de repos. Spectacle pitoyable. Ici, le gouffre est à deux pas et la mort, à portée de tête. Tout le monde tente d'échapper aux balles assassines des caïds écervelés qui se battent con [...] Lire la suite