Trente ans après le génocide au Rwanda, les limites de la justice transitionnelle

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Pourquoi cet article

Cette année cela fait trente ans que le Rwanda a vécu l’un des pires génocides de l’histoire. Son bilan est de près de 800 000 victimes. Au-delà des responsabilités de la France, dont nous parlerons plus tard, nous vous proposons de nous arrêter sur cette longue enquête du Guardian qui part à la recherche d’un des bourreaux qui a réussi à échapper à la justice de son pays. C’est aussi l’occasion de revenir sur les mécaniques de la justice transitionnelle qui est au programme du thème 3 en terminale, et en particulier de l’axe 2 : “Histoire, mémoire et justice”. À noter qu’avec cet article un encadré très utile retrace la chronologie des événements.

S’il ne fallait retenir qu’une citation

“Les tribunaux gacaca sont des instances de justice transitionnelle créées au début des années 2000 pour juger les criminels présumés qui se bousculaient dans les prisons et le système judiciaire national.”

Le Rwanda a rapidement mis en place un processus de justice transitionnelle pour à la fois juger les responsables du génocide contre les Tutsi, ainsi que certains Hutu modérés, et entamer un chemin de réconciliation pour éviter que le pays ne se divise encore.

Ce fut aussi le cas de l’Afrique du Sud après la fin de l’apartheid en 1991 ; son exemple sert de modèle à ce système de justice transitionnelle. Néanmoins, débordé par le nombre d’accusés, le Rwanda a décidé de s’appuyer sur des tribunaux traditionnels et locaux, les juridictions gacaca, pour juger les responsables du génocide.

L’intérêt de cet article du Guardian est de montrer les limites de ce procédé. Car de nombreux accusés ont profité de ces procès pour s’échapper et se cacher, comme Célestin Munyaburanga, chef d’une milice locale qui se cacherait en Australie parmi la diaspora rwandaise. L’une de ses victimes montre bien que certains criminels, comme cet ancien directeur de lycée, ont pu profiter de complicités pour échapper à la justice.

De même, l’article souligne que ces tribunaux traditionnels, s’ils ont le mérite de désengorger les tribunaux officiels, sont loin d’être irréprochables. Les 12 000 tribunaux communautaires ont ainsi jugé plus de 1 million de dossiers à partir des années 2000. L’ONG Human Rights Watch dénonce par exemple l’absence d’avocat de la défense lors d’audiences qui se tiennent souvent au milieu de la place du village en présence de l’ensemble des habitants. De même sont aussi pointés du doigt des risques de corruption voire d’ingérence du gouvernement, qui se serait servi de ces gacaca pour se débarrasser d’opposants gênants. Enfin, l’essentiel des preuves à charge est souvent fondé sur des témoignages oraux difficilement vérifiables.

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