"Thérapies de conversion" : au cœur d'un séminaire organisé cet été en France malgré l'interdiction

BFMTV a pu s'infiltrer dans un séjour proposé par l'association protestante évangélique Torrents de vie. Organisé dans le sud de la France, "pour aider les personnes chrétiennes à tendance homosexuelle, qui se sentent mal à l’aise dans leur identité".

Depuis le 31 janvier 2022, les "thérapies de conversion", qui consistent à convaincre les participants que l'homosexualité, la bisexualité et la transidentité seraient des maladies qu'il conviendrait de "guérir", sont interdites. Mais une association protestante évangélique, Torrents de vie, continue d'organiser des événements pour "restaurer l'identité relationnelle et sexuelle".

BFMTV a pu infiltrer avec caméra cachée un de leurs séminaires, organisé pendant une semaine dans le sud de la France cet été, auxquelles 27 personnes ont participé. Au programme, prières et échanges en petits groupes pour "renoncer au feu du désir".

"Je suis arrivée en 2006 avec une dépendance émotionnelle envers les femmes. Je ne savais pas si j'étais homosexuelle ou pas, j'étais dans une confusion totale", raconte une bénévole qui a suivi plusieurs sessions.

D'autres venaient pour "se libérer de leur mal-être": dépendance affective, alcool, pornographie.

Se couper du monde extérieur, prier

"Je pense qu'une attirance homosexuelle, c'est une façon de remplir quelque chose que je n'ai pas eu, de l'amour que je n'ai pas eu, et que je vais chercher chez un semblable", explique lors d'une réunion un organisateur.

Pour guérir de leurs supposés maux, chaque jour les participants ont reçu des câlins pour combler leur "manque d'amour supposé".

Les participants sont aussi invités à déposer des mots et des pierres symboles de leurs "fardeaux". Un pasteur, figure de ce mouvement évangélique, suggère même de se couper du monde extérieur.

"N'hésite pas les podcasts à la croix, Facebook à la croix, tout ce qui peut te donner des images qui sont toujours des séductions. Débarrasse ça", dit-il, ne sachant pas qu'il est filmé par une caméra discrète.

Le dernier jour, un participant demande à une femme de s'agenouiller. Onze personnes l'entourent et "prient pour la délivrer des ténèbres de l'homosexualité".

"Aider à la restauration de l’identité relationnelle et sexuelle"

Implantée dans une quinzaine de villes françaises, l'association Torrents de vie a été fondée par Andrew Comiskey. Cet Américain "explique qu'il était homosexuel et qu'il est devenu hétérosexuel grâce à Dieu et à ces thérâpies", a fait savoir Morgane Dumont, la journaliste qui a infiltré ce séjour pour BFMTV.

Torrents de vie avait déjà été épinglée dans un rapport de la Miviludes, la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, en 2021.

"Ce mouvement dit évangélique est implanté en France où il prône l’abstinence et la prière. Assurant n’avoir jamais reçu de mineurs lors de ses séminaires, le mouvement se défend de pratiquer toute 'thérapie de conversion'. Il indique 'aider à la restauration de l’identité relationnelle et sexuelle' des participants, 'souvent déchirés entre leur sexualité et leur vie chrétienne'", pouvait-on lire.

Dans ce document, la Miviludes invite à faire la différence entre les "thérapies" à vocation psychiatrique et médicale de celles à vocation religieuse.

Mais tous ces groupes, théoriquement interdits depuis janvier 2022, qui entendent "guérir" l'homosexualité ou la transidentité, utilisent des éléments de la dérive sectaire, note l'organisme: déstabilisation mentale, atteinte à l'intégrité physique et discours antisocial.

Bérangère Couillard, la ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et hommes et de la lutte contre la discrimination, a indiqué "condamner fermement ces pratiques" et a saisi le procureur de la République.

Article original publié sur BFMTV.com

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