Super Tuesday: 5 signes que Taylor Swift peut avoir un impact sur la présidentielle américaine

La potentielle influence de Taylor Swift dans le résultat du scrutin fait l'objet de tous les commentaires outre-Atlantique. Car la chanteuse a déjà fait montre d'une force de frappe politique insoupçonnée.

Instant décisif dans la campagne présidentielle américaine. C'est ce mardi qu'a lieu le traditionnel Super Tuesday, journée au cours de laquelle se dérouleront les primaires démocrates et républicaines de pas moins de 15 États. Si les candidats des deux camps seront fixés sur leur sort dans leur course à la Maison-Blanche à l'issue de ce scrutin, il y a une autre étape de leur campagne qu'ils attendent fébrilement: le jour où Taylor Swift, la superstar de la pop, donnera ses consignes de vote.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, le nom de la chanteuse est sur les lèvres de tous les observateurs depuis des mois. La plupart présentent la star comme un atout pour Joe Biden, qu'elle a soutenu en 2020 et qui est candidat à sa réélection. À l'inverse, elle serait un caillou dans la chaussure de Donald Tump, qui tente de retrouver le pouvoir après son échec de 2020. La principale intéressée, pour l'instant, ne pipe mot.

Car outre ses quatre années passées en tête des ventes de disques mondiales, son titre de personnalité de l'année 2023 décerné par le Time (une première pour une artiste) ou encore sa tournée phénomène, le Eras Tour, en passe de devenir la plus lucrative de l'histoire, tout laisse penser que Taylor Swift pourrait influer sur le scrutin américain. La preuve par cinq.

• 2018: Taylor Swift déclenche son premier séisme politique

Obstinément muette sur les questions politico-sociétales depuis le début de sa carrière, la superstar surprend ses fans en octobre 2018 en brisant son silence. À l'occasion des élections de mi-mandat, et alors que Donald Trump occupe le bureau oval, Taylor Swift se fend d'un long message sur Instagram pour critiquer vigoureusement Marsha Blackburn, candidate républicaine du Tennessee à un poste au Sénat.

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Électrice de cet État du Sud-Est, Taylor Swift en profite pour afficher son soutien aux candidats démocrates, assume pour la première fois ses sensibilités progressistes et, surtout, appelle ses fans à s'inscrire sur les listes électorales. Et si Marsha Blackburn a fini par l'emporter, Taylor Swift dévoile à cette période une force de frappe jusqu'alors insoupçonnée.

72 heures après la publication du message sur Instagram, le site Vote.org annonce avoir enregistré 250.000 nouvelles inscriptions sur les listes, dont 60% de jeunes de 18 à 29 ans. Soit plus en trois jours que tout au long du mois d'août (57.000 inscriptions) et tout le mois de septembre (190.000), comme le rapporte Reuters. Cette prise de parole résonne alors jusque dans les couloirs de la Maison-Blanche; Donald Trump lui-même prend la parole, déclarant aimer "la musique de Taylor environ 25% de moins désormais".

À l'époque, Taylor Swift comptabilise 112 millions d'abonnés sur Instagram. Ils sont aujourd'hui 282 millions.

• Les jeunes, le nerf de la guerre électorale

En septembre dernier, Taylor Swift a réitéré l'exploit en appelant à nouveau son public à s'inscrire sur les listes électorales. Cette fois, plus de 35.000 Américains se sont inscrits en l'espace d'une journée sur Vote.org. Surtout, la plateforme a observé un bond de 115% dans les inscriptions d'électeurs de 18 ans par rapport à l'année précédente. Et c'est justement auprès de cette démographie que l'interprète de Style a peut-être un rôle à jouer.

Comme le notait USA Today il y a quelques mois, le vote des jeunes est synonyme d'inquiétude outre-Atlantique: seuls 48% des 18-29 se sont rendus dans les urnes lors de la présidentielle de 2020, contre 73% des 65-74 ans.

"La jeune génération commence à se rendre compte que ce qui leur tient à cœur est intrinsèquement lié au taux de participation", estimait Andrea Hailey, PDG de Vote.org. "Quand quelqu'un génère 30.000 inscriptions d'un coup, il peut y avoir un impact, absolument."

Pour Thierry Arnaud, éditorialiste politique pour BFMTV, "cette élection va se jouer dans une petite poignée d'États, comme d'habitude. C'est ce qu'on appelle les swing states, où les résultats sont serrés (...) à chaque fois, ça se joue à quelques dizaines de milliers de voix; la mobilisation sera la clé, surtout chez les jeunes. Traditionnellement, ils votent moins que les autres mais quand ils le font, ils votent majoritairement démocrates. C'est dans ce sens-là que Taylor Swift les fera pencher, et c'est pour ça que son rôle peut-être déterminant."

• 18% des électeurs se disent prêts à la suivre

Et justement, les jeunes semblent particulièrement enclins à suivre les consignes de vote de Taylor Swift. C'est ce que révèle un sondage de Redfield & Wilton Strategies réalisé pour Newsweek en janvier dernier.

Chez les moins de 35 ans, environ trois Américains sur dix se disent plus susceptibles de voter pour un candidat soutenu par la chanteuse. Sur la population globale, 18% des électeurs américains se disent plus susceptibles ou beaucoup plus susceptibles de faire de même.

Ce dernier chiffre est à mettre en perspective; car à l'inverse, 17% des électeurs interrogés se disent moins susceptibles de voter pour un candidat soutenu par la chanteuse, aussi populaire que clivante.

• Donald Trump s'inquiète

Le 11 février dernier, le candidat républicain a évoqué Taylor Swift sur son propre réseau social, Truth. Avec la verve dont il a le secret, l'ancien président américain a quasiment exigé le soutien de la chanteuse, avec un aplomb qui semble trahir un manque de sérénité:

"J'ai signé et je suis à l'origine du Music Modernization Act, qui bénéficie à Taylor Swift et à tous les autres artistes musicaux", a-t-il écrit. "Joe Biden n'a jamais rien fait pour Taylor, et il ne fera jamais rien pour elle."

"C'est impossible qu'elle soutienne cet escroc de Joe Biden, le pire et le plus corrompu des présidents de l'histoire de notre pays, et se montre ainsi déloyal envers l'homme qui lui a permis de gagner tant d'argent", a-t-il poursuivi. "Par ailleurs, j'aime bien son petit-ami, Travis (Kelce, star du football américain, NDLR), même si c'est un libéral qui me déteste sûrement!"

Un message qui n'est sans doute pas étranger aux violentes critiques de Taylor Swift envers le candidat républicain. En 2020, la chanteuse avait soutenu la candidature de Joe Biden en vilipendant Donald Trump sur Twitter:

• Les complotistes la voient comme une menace

Autre signe que Taylor Swift sera au cœur de la présidentielle 2024: l'affolement des sphères complotistes à son endroit, qui voient en elle un pion du Pentagone pour faire réélire Joe Biden.

Jesse Watters, présentateur de la chaîne préférée des conservateurs américains, Fox News, a repris ces théories farfelues début janvier, d'abord publiées sur les réseaux sociaux par des commentateurs de droite, insinuant que la superstar travaillerait pour le gouvernement du président sortant.

"Non seulement Swift est, de sa PROPRE ADMISSION, une sorcière satanique, elle est aussi un OUTIL DU PENTAGONE pour influencer le vote de MILLIERS de jeunes électeurs", a récemment publié un compte promouvant des théories conspirationnistes du mouvement QAnon sur X.

En outre, certaines voix se sont élevées pour laisser entendre que Taylor Swift et Travis Kelce formeraient un couple créé de toutes pièces dans le seul but d'influer sur l'opinion publique en faveur de Joe Biden. Notamment celle de Vivek Ramaswamy, candidat qui s'est retiré de la course à la primaire républicaine au profit de Donald Trump; fin janvier, il a pointé du doigt sur X (ex-Twitter) "un couple artificiellement soutenu par la culture" qui, selon lui, révélera un "soutien présidentiel majeur".

Si les États-Unis semblent avoir acquis l'idée que la présidentielle américaine ne se fera pas sans Taylor Swift, l'Union européenne commence à prendre des notes. En janvier, le vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas a fait part de son espoir de voir la superstar mobiliser les jeunes électeurs pour le scrutin européen de juin.

Article original publié sur BFMTV.com

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