Nantes: chez les Aristouy, le rugby est "une histoire de famille”

Nantes: chez les Aristouy, le rugby est "une histoire de famille”

Nom : Aristouy. Prénom : Pierre. Palmarès : Champion de France 1946 de rugby à XV avec la section paloise, six sélections internationales. "Je porte le prénom de mon grand-oncle. Il est décédé dans un accident de voiture et quand je suis né mon papa a voulu lui rendre hommage. C’était son oncle, et quand un membre de la famille atteint le plus haut niveau d'un sport majeur jusqu'à défendre les couleurs du pays, ça fait forcément la fierté d'une famille, d’une ville et d'une région. Dans le sud-ouest et particulièrement dans la région de Pau son nom est très connu. Il a une place à son nom dans le village d’Arrete et une rue à Pau."

Pilier ou deuxième ligne, le rugbyman décède subitement en 1974, cinq ans avant la naissance du futur footballeur. "Tout naturellement, la famille a un lien assez fort avec le rugby. Pas mal d'entre nous avons joué mais de moi-même, je me dirige vers le foot. De mémoire, je dirais que c'est plus lié aux camarades d'école. Par contre, le week-end, quand on va voir du sport avec mon père, on va voir du rugby."

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L’odeur du camphre et de la bagarre

Au pays des frères Boniface et Castaignède, de Marc Dal Maso ou de Laurent Rodriguez, Pierre Aristouy se créé le dimanche après-midi des souvenirs pour la vie. Accoudé derrière la balustrade, les sens sont en éveil. "C'étaient des moments passionnés. J’allais avec grand plaisir à cette messe traditionnelle. Mont-de-Marsan n'est pas un village mais tout le monde attendait ce rendez-vous. J'ai vraiment des souvenirs assez clairs dans ma tête de ces moments-là. On allait toujours dans le même coin du stade, jamais dans les gradins mais au bord du terrain. Il y avait un contact avec les joueurs très proche. On sent plein de choses. C'est un sport d'odeur aussi le rugby. Celle du camphre sur les muscles des joueurs mais aussi de la tension, de la bagarre, du combat, l'odeur de la pelouse. C'est tout un tas de choses de l’enfance qui remontent à la surface. Au collège, je jouais au rugby, mais plus avec le foulard accroché au pantalon. Il n’y a pas de plaquage, on récupère le ballon quand on a sorti le foulard de l'adversaire. On avait aussi le jeu du toucher, où on récupère le ballon quand on a touché l’adversaire mais il n’y avait pas d'affrontement qui était réservé à l'école de rugby."

Joueur de foot à l’étoile sportive Montoise puis au Stade Montois, Pierre Aristouy effectue ensuite toute sa formation professionnelle chez les Canaris, avant de repartir jouer dans le sud-ouest à Bayonne, Pau ou Dax. Une période de sa carrière où il en profite pour garder contact avec le milieu de l’ovalie. "J'ai vu plusieurs matchs de l’Aviron bayonnais à Jean Dauger. Quand on parle d'émotions dans le sport, celui qui veut des émotions, il va voir un match à Jean Dauger il va être servi. J'ai été voir la section Paloise aussi et mon frère a été champion de France Crabos, donc chez les jeunes, avec la section. J'ai toujours suivi le rythme. Et à Nantes je suis aussi allez voir un match du SNUC."

"S'il n’y a pas de mouvement, il n’y a pas d’énergie"

Parler rugby avec Pierre Aristouy permet de faire rejaillir des morceaux d’enfance, mais aussi l’amour d’un sport où le mot valeur parfois moqué s’appuie sur des réalités. "Il y a beaucoup de choses qui me plaisent dans le rugby. Les valeurs éducatives, les valeurs de partage, les valeurs collectives. Dans le football professionnel elles sont beaucoup plus difficilement applicables à mon sens. Le rugby ne laisse pas le choix. S’il n'y a pas ça, il ne peut pas y avoir de résultat. On est dans un sport de combat, où les joueurs sont proches, se touchent, s’aident. Donc j'aime ces notions d'entraide, de solidarité, ces valeurs collectives qui me parlent déjà depuis très longtemps, même dans le football. Et puis j'aime la nature du jeu, j'aime ces règles où paradoxalement il faut pouvoir progresser tout en s’envoyant le ballon vers l'arrière. Ça nécessite tout un tas de choses à l'assemblage des coordinations de courses, des mouvements, des fausses pistes. J'aime une fois que l'attaque est lancée ce déploiement de la ligne arrière et ces courses croisées. Donc c'est artistique, c'est beau à voir.”

Si les schémas ne peuvent pas forcément coulisser du terrain de rugby à celui du football, Pierre Aristouy utilise des passerelles. "Ce dont je me sers, c'est plus la coordination des mouvements. C'est le jeu du Stade Toulousain: après contact, on fixe. Sans tomber, on donne le ballon, on le fait vivre. D'ailleurs, c'est marrant parce que ce sont souvent les femmes qui parlent le mieux de rugby. Elles aiment les matchs de rugby quand le ballon n'est pas enterré, n'est pas constamment sous les joueurs. Donc ça, je m'en sers. Moi, j'aime le mouvement, partout, dans tout ce qu'on entreprend. S'il n’y a pas de mouvement, il n’y a pas d'énergie. Ça c'est dans la vie pour tout." Des préceptes bien connus sur les bords de l’Erdre, où son mentor Raynald Denoueix et avant lui Suaudeau et Arribas ont toujours expliqué que la mobilité créait le jeu.

"Fabien Galthié : je suis totalement fan"

A la tête de l’équipe de France, Fabien Galthié a su aussi faire revivre le ballon au sein de l’escouade des Bleus. Une aventure que suit attentivement Pierre Aristouy depuis trois ans. "Moi je suis totalement fan de Fabien Galthié. C’est un personnage qui attire la curiosité. Je le trouve novateur dans ce qu'il propose. Je me suis beaucoup renseigné, j'ai beaucoup lu et écouté certains documentaires. Il s'est rapproché de ce qui pouvait être fait dans d'autres sports comme le foot, dans la préparation sur le terrain, aux entraînements. J'aime sa façon de manager parce qu’on sent qu'il a un lien avec les joueurs mais en même temps beaucoup d'exigences. Il aime le rugby, il aime le le mouvement, mais il a ce côté aussi pragmatique pour gagner des matchs. J'espère que ça pourra être validé jusqu'à la fin."

En attendant l’issue de l’histoire de l’équipe de France, le coach du FC Nantes va essayer de profiter un peu des matchs de la Coupe du monde à la Beaujoire. S’il n’a pas pu voir Irlande-Tonga samedi dernier en raison du match de son équipe à Clermont, il espère bien se rattraper dans quinze jours après un déplacement le vendredi à Strasbourg avec Pays de Galles-Géorgie et Japon-Argentine. De quoi refaire vivre quelques souvenirs d'enfance.

Article original publié sur RMC Sport