Euro 2024: la revanche de Jules Koundé, le tube de l'été chez les Bleus

Avant cet Euro, Jules Koundé en équipe de France, c’était :

  1. Des looks particulièrement baroques à son arrivée à Clairefontaine.

  2. Des prises de position tranchées et assumées sur des sujets politiques et sociétaux.

  3. Des prestations régulièrement mitigées voire médiocres dans son couloir droit, et souvent critiquées.

Rassurez-vous: sur les deux premiers points, rien n’a changé en cette campagne estivale. Le défenseur barcelonais de 25 ans nous a encore gratifiés de superbes santiags à talon lors de sa montée des marches du château le 29 mai dernier, et, fidèle à ses convictions, a dernièrement appelé à faire barrage contre le Rassemblement national lors des élections législatives qui secouent notre pays. Mais sur le terrain, le Jules Koundé version Allemagne 2024, plus libéré, plus confiant… n’est plus tout à fait le même que le Jules Koundé d’autrefois.

Titulaire lors des quatre premiers matchs de l’équipe de France, et jamais sorti par Didier Deschamps, "JK" est l’un des hommes du tournoi pour le moment. L’un des joueurs les plus fiables, grâce à sa rigueur défensive et ses 25 ballons récupérés (rappelons que la France n’a encaissé qu’un but sur penalty), mais aussi – et c’est nouveau – son apport offensif nettement plus tranchant. Et ça, les Bleus en sont ravis.

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Dans une vidéo de la FFF compilant les images du vestiaire tricolore avant et après France-Belgique, lundi soir en huitième de finale de l’Euro (1-0), une scène est ainsi particulièrement marquante. On y observe Jules Koundé, fraîchement élu homme du match au terme d’une prestation XXL contre les Diables rouges, retrouver ses camarades après ses obligations médiatiques. Accueilli en héros par Jonathan Clauss, sa "doublure" dans le couloir droit, Koundé voit ensuite tous les joueurs lui sauter dessus, au son des "MVP". Une séquence qui traduit la joie des Bleus pour leur latéral droit.

Quelques minutes plus tôt, Deschamps se montrait lui revanchard face à la presse. "Jules Koundé, que vous m’avez taillé pendant deux ans, est homme du match", soulignait le sélectionneur en justifiant ses choix tactiques, et en faisant référence aux critiques passées. Interrogé sur le sujet Koundé ce mercredi, Guy Stéphan a développé la satisfaction du staff. "Jules est un professionnel de très haut niveau qui, parce que le haut niveau veut ça, a été beaucoup critiqué à ce poste-là. Il se trouve qu’il joue au Barça quasiment tous les matchs arrière droit, et avec nous sur cet Euro il est top", a observé l'adjoint de "DD". "Top sur le plan défensif, capable de résister à Doku par exemple, mais capable aussi d’apporter sur le plan offensif. Pour l’instant, il fait un Euro parfait." Un constat clair, et juste. Mais loin d’être une évidence il y a quelques mois encore.

On se souvient par exemple du petit pont dévastateur subi par l’ancien Bordelais sur le deuxième but adverse lors de Grèce-France (2-2) en novembre 2023. On se souvient aussi de son calvaire face à l’Allemagne (défaite 2-0) en mars dernier, qui lui avait valu des notes désastreuses chez les observateurs. A ce moment-là, difficile d’imaginer le joueur du Barça en cadre des Bleus durant l’Euro, même s’il avait été le numéro 1 à son poste au Qatar.

Mais avec le printemps, est venue la résurrection. Sous les couleurs du Barça, déjà, en témoigne son énorme match aller contre le PSG en Ligue des champions le 10 avril (victoire 3-2 des Catalans), au cours duquel il avait parfaitement maîtrisé un certain Kylian Mbappé. "Jules, je suis ravi. C'était presque une recrue personnelle. C'est l'un des meilleurs défenseurs du monde en ce moment", s’emballait alors son entraîneur Xavi. Trois mois plus tard, Koundé est en tout cas l’un des meilleurs latéraux de l’Euro.

Comment expliquer cette transformation? Dans une interview accordée au Parisien début juin, avant le début du tournoi, l’intéressé livrait de nombreuses clés. Se présentant comme un "monstre de travail", et décrivant sa nouvelle routine à trois entraînements par jour (d’où, sans doute, sa condition physique parfaite et son évolution musculaire), Koundé expliquait aussi avoir franchi un cap dans son rapport au poste de latéral droit, lui l’ancien défenseur central, balancé sur un côté dès sa première sélection en bleu en juin 2021, puis sous les couleurs du Barça.

"C’est un poste que j’ai longtemps détesté, c’est vrai, mais auquel j’ai appris et où j’apprends toujours à jouer", glissait-il. "Quand on a passé quinze ans à jouer défenseur central, devenir latéral requiert un bagage complètement différent. C’est aussi une des raisons pour lesquelles j’ai rajouté un entraînement à mon programme. J’ai appris à l’accepter parce qu’inconsciemment, je pense qu’on se met des blocages en étant négatif. Et j’avoue que j’ai pu l’être par le passé. Maintenant, je me sens mieux. Je prends plaisir à travailler des choses spécifiques à ce poste. Je suis à la disposition de l’équipe, c’est ça le plus important. J’essaie de m’améliorer, d’être la meilleure version possible de moi-même. Ça prend du temps. Mais je pense que les gens ont déjà pu constater des progrès. Moi, je les constate de jour en jour."

Ses adversaires aussi, du Néerlandais Cody Gakpo au Belge Jérémy Doku, totalement muselés par Koundé lors des dernières rencontres. "Je suis dans la continuité de ce que j'ai fait ces derniers mois à Barcelone", complétait-il lundi soir après la qualif obtenue face à la Belgique, le sourire aux lèvres. "Je me sens bien dans cette équipe, j'essaie de m'adapter tout en sachant que ma vocation est avant tout défensive. Après, quand il y a de l'espace, j'essaie au maximum d'apporter. (…) J’ai eu un petit creux (à l'automne) après être revenu de blessure, je ne jouais pas mon meilleur foot. Je me suis réfugié dans le travail, j’ai beaucoup analysé mes matchs, discuté avec le coach Xavi à Barcelone, avec le coach Deschamps en équipe de France. Je me sens bien physiquement, j’ai la confiance de mes coéquipiers, du coach. On peut dire que je traverse ma meilleure période en bleu." Espérons désormais, pour Koundé et les Français, qu’elle dure au moins jusqu’au 14 juillet.

Article original publié sur RMC Sport