Equipe de France (f) - Kenza Dali: "J'ai fait mon deuil de ce penalty"

Equipe de France (f) - Kenza Dali: "J'ai fait mon deuil de ce penalty"

Titulaire face à l’Autriche, elle a porté à nouveau le maillot bleu pour la première fois depuis ce quart de finale de Coupe du monde face à l’Australie le 12 août dernier. Une élimination au terme d’une séance de tirs au but hors du temps (7-6, avec quatre joueuses tricolores qui ont manqué leur tentative : Selma Bacha, Eve Perisset, Kenza Dali et Vicki Becho) qui a marqué Kenza Dali. De retour de blessure, la milieu de terrain d’Aston Villa s’était confiée à RMC Sport sur ce quart de finale en début de stage à Clairefontaine et cette fameuse séance de tirs au but où elle a échoué par deux fois face à son ancienne coéquipière à West Ham la gardienne de buts des Matildas Mackenzie Arnold.

Kenza, vous êtes de retour en équipe de France après votre blessure pour la première fois depuis cette élimination en quart de finale à Brisbane face à l’Australie et cette séance de tirs au but où vous échouez pas deux fois face à Mackenzie Arnold, avez-vous fait des cauchemars de tirs au but?

"Forcément (sourire)…. Forcément, ça été très compliqué. En plus derrière j’ai la blessure. Cela a été compliqué après j’ai fait mon deuil, et je dois faire mon deuil parce qu’aujourd’hui il y a une autre compétition. Soit je me dis je fais mon deuil, j’avance et je prends le train, soit je regarde le train passer. Quand il nous arrive des moments comme ça, on peut choisir si on laisse ce moment nous définir en tant que joueuse et que personne ou si on décide d’avancer, de créer autre chose. Je ne peux pas changer ce moment-là mais je peux faire autre chose après c’est la voie que j’ai décidé de prendre.

Depuis, avez-vous revisionné la séance de tirs au but? Vous en avez frappé à l’entrainement?

Les pénaltys, on les a travaillés. Si vous demandez au coach, j’avais 93 % de réussite. Après c’est la gestion des émotions, ce sont des faits de jeu. C’est un mix de tout. Après est-ce que je les ai retravaillés... je les ai toujours travaillés, en soit travailler c’est un gros mot. Mais si demain il faut prendre un pénalty avec mon club ou ailleurs, je prendrai mes responsabilités. On dit toujours que quand on tombe de cheval, il faut remonter très vite.

Cette séance de tirs au but était hors norme dans une ambiance incandescente à Brisbane. Les émotions doivent être à leur paroxysme à ce moment-là?
Oui après il s’est passé tellement de choses à ce moment-là, que faire la liste serait beaucoup trop long. De toute façon, les gens ne comprendront pas, ils diront que c’est de la victimisation, que la gardienne me connaissait... mais non.

Mais c’est un vrai élément cette relation d’ancienne coéquipière entre vous et la gardienne ?
J’ai décidé aujourd’hui de laisser ce match derrière moi. Forcément, la dernière fois que j’ai porté le maillot bleu c’était avec ce penalty. J’ai hâte avec ce stage juste de passer à autre chose. Si je commence à vous expliquer ce qui s’est passé à ce moment-là, l‘interview durerait 2 heures.

Jusqu’aux Jeux olympiques, la concurrence va être rude, car le sélectionneur ne pourra retenir que 18 joueuses sur ce tournoi...

Cela fait partie du football. On a toujours su que les JO ce serait une liste de 18. Les places vont être chères, mais c’est avant tout un groupe. On ne peut pas penser forcément en étant ici individuel. Il faut performer mais il faut aussi penser aux objectifs collectifs.

Cette saison doit vous permettre aussi d’embarquer encore plus le public d’ici au tournoi olympique que vous jouerez à domicile.

Complètement, les JO pour tout athlète c’est différent parce que c’est une team France, il y a tous les sports. C’est une autre compétition, et puis c’est à la maison! Quand on porte le maillot bleu, on sait que booster l’engouement cela passe par un titre chez nous. Après franchement pour une Coupe du monde à l’autre bout du monde, je trouve que les gens ont vraiment été présents, cela a vraiment marché. Forcément cela aurait plus marché avec un titre. Jouer à domicile, c’est un moyen de vraiment booster l’envie des gens de venir nous voir.

Vous qui évoluez en Angleterre, le titre de des Lionesses a-t-il changé leur vie, leur statut dans la société britannique?

Bien sûr. Leah Williamson a reçu une décoration du roi (ndlr: l’Ordre de l’Empire britannique, début octobre). Leur vie a complètement changé, mais elles ont ramené un titre. C’est mérité. Elles ont complètement changé de vie, ce sont des superstars maintenant. Elles ont eu une vie avant et elles ont une vie après le titre.

La discipline continue d’ailleurs son développement Outre-Manche avec l’annonce il y a quelques jours de la création d’une structure (NewCo) qui gérera les deux premières divisions à partir de la saison 2024-2025?

Les Anglais se remettent toujours en question sur la façon d’améliorer le format de la Ligue. Vues les retombées qu’ils ont en termes d’audience, et d’affluence au stade, ils veulent surfer sur ça et mettre en place un format plus avantageux pour les droits TV et pour les joueuses. Ils demandent énormément l’avis des internationales anglaises. Ils ont d’ailleurs des "leadership group" avec des séminaires où ils demandent aux joueuses leur ressenti sur les axes d’évolution. C’est important d’avoir leur ressenti car les personnes de la fédération ne voient pas forcément tout, comment cela se passe dans les vestiaires etc. Ils sont sur un gros travail depuis deux ans sur l’évolution du format. Tant mieux!"

Article original publié sur RMC Sport