D'ex-héritier d'Aulas à possible sauveur de Textor, comment Tony Parker a tissé sa toile à l'OL

D'ex-héritier d'Aulas à possible sauveur de Textor, comment Tony Parker a tissé sa toile à l'OL

Dernier du classement, l’OL n’a toujours pas gagné cette saison en championnat. Dimanche, lors de la 11e journée de Ligue 1, l’équipe dirigée par Fabio Grosso a concédé le nul contre Metz (1-1) devant son public du Groupama Stadium. Un duel pour le maintien auquel a assisté Tony Parker… depuis le siège de John Textor.

En l’absence du propriétaire américain, la légende de la NBA et de l’équipe de France de basket a pris, physiquement, la place de grand patron des Gones. De quoi ouvrir la porte à une collaboration entre "TP" et Lyon. Ou plutôt rouvrir la porte, tant l’ancien basketteur - patron de l’Asvel - et le club de football ont entretenu des liens étroits lors des quinze dernières années. Même si selon les informations de RMC Sport, Tony Parker n’a pas l’intention de briguer la position de président délégué de l’OL.

Aulas et Parker se sont rencontrés pour l’Euro 2008

Avant de s’afficher à la place de John Textor, Tony Parker a entretenu des liens étroits avec Jean-Michel Aulas. Les deux hommes ont été mis en en contact lors de l’Euro 2008 de football. L’ancien président emblématique de l’OL emmenait alors le basketteur et son épouse, l’actrice Eva Longoria, à chaque match de l’équipe de France lors du tournoi continental disputé en Autriche et en Suisse.

En parallèle à sa brillante carrière en NBA, Tony Parker a su faire fructifier les dizaines de millions de dollars gagnés grâce à ses contrats avec les Spurs de San Antonio. A tel point que le meneur s’est rapidement mué en redoutable homme d’affaires et a multiplié les investissements financiers. Parmi ceux-ci, son entrée au capital de l’Asvel en février 2009 a constitué un tournant. Dès le mois de juin de la même année, TP va voir sa participation au club augmenter à hauteur de 20% et faire de lui le deuxième investisseur du club de basket derrière Gilles Moretton.

Parker, le successeur parfait d’Aulas

Devenu principal actionnaire et président de l’Asvel en 2014, Tony Parker a voulu y développer une nouvelle salle pour permettre à son équipe de jouer l’Euroligue tous les ans. Pour y parvenir, le basketteur va s’associer à Jean-Michel Aulas qui cherchait de son côté à développer une salle de spectacles et multisport au sein d’OL Vallée. Le basketteur et le dirigeant de l’OL n’ont jamais coupé le contact et sont même restés proches depuis leur rencontre en 2008.

Malgré la concurrence de deux dossiers annexes, celui du maire de Villeurbanne à proximité de l’Astroballe et celui du duo Gérard Collomb-Olivier Ginon pour relooker le palais des sports de Gerland, le projet porté par Tony Parker et Jean-Michel Aulas rafle la mise. En juin 2019, le rapprochement se fait encore plus sérieusement lorsque OL Groupe (la société mère de l’OL) rachète environ 33% du capital de l’Asvel. Le mariage est annoncé en grande pompe et le futur semble radieux. Comme un symbole, c’est JMA qui remettra à Tony Parker sa médaille de l’Ordre national du mérite en octobre 2019.

Partenaires économiques, les présidents de l’OL et de l’Asvel ont semblé en parfaite harmonie. Au point que Jean-Michel Aulas a imaginé Tony Parker lui succéder à la tête du club de football à l’horizon 2024-2025.

"Il a ce côté mystique de la réussite dans le sport et de la réussite dans l’entrepreneuriat et il n’y en a pas beaucoup. Indépendamment de l’envie que pourrait avoir Tony, de l’envie que pourraient avoir les autres actionnaires, c’est vrai qu’il a le profil pour s’occuper d’un groupe de sport professionnel mondial, avec toutes les composantes économique et de communication qui y sont associées", a ainsi estimé Jean-Michel Aulas au sujet de TP courant 2020. "On le voit bien quand on va aux États-Unis pour racheter le Reign FC, que je débarque avec Tony à Seattle : les Américains s'enflamment ! Quand je parle aux Chinois de ce que l'on pourra faire avec Tony dans le futur en Chine, les Chinois s'enflamment ! Je me dis que les cases, elles peuvent coller."

Le business a tendu les relations entre l’OL et Parker

Adoubé par Jean-Michel Aulas, Tony Parker a moins convaincu du côté d’OL Groupe. Déjà réticent autour du projet de salle multisports commune, l’actionnaire de référence, Jérôme Seydoux (Groupe Pathé), n’est pas emballé par une possible présidence de Tony Parker.

L’homme d’affaires a rappelé dans un courrier recommandé, avec copie à tous les autres administrateurs, que l’OL est une société avec des actionnaires et qu’il voudrait avoir son mot à dire sur l’éventuelle présidence à venir. Tout cela est de nature à tendre les relations d’autant que le mariage se heurte aux difficultés du modèle économique du basket.

Principal actionnaire de l’Asvel derrière Tony Parker, l’OL doit parfois remettre au pot pour équilibrer les comptes au début. Quelques absences de l’ancien basketteur, très pris par d’autres affaires, aux conseils d’administration, ne passent pas. Surtout, petit à petit, TP semble de plus en plus en recul et s’efface des radars à l’OL. Les présences du board lyonnais dans la loge du président de l’Asvel à l’Astroballe s’espacent.

Textor ne veut plus du basket dans OL Groupe, Parker veut la LDLC Arena

L’annonce de la mise en vente des actions d’OL Groupe appartenant au Groupe Pathé en mars 2022, et donc le retrait de Jérôme Seydoux, aurait dû permettre à Tony Parker de revenir en force à Lyon. Idem lorsque Jean-Michel Aulas a annoncé la vente du club à John Textor.

Avec un homme d’affaires américain à la tête du club, la relation avec le basketteur parait alors pouvoir revenir au centre du projet. Toutefois, bien vite après le rachat en décembre 2022, le patron d’Eagle Football n'a donné que peu d’espoirs à TP avec cette formule cash: "Le basket ne restera pas dans le groupe OL".

En clair, John Textor veut se séparer des actifs qui ne concernent pas le club de football. C’est notamment le cas des parts d’OL Groupe dans l’Asvel et de la LDLC Arena, pour laquelle l’OL a un emprunt de 145 millions d'euros. Sauf que depuis rien n’a bougé et aucune vente n’a été bouclée officiellement (pas même celle de la franchise américaine féminine de l’OL Reign).

Quelques personnes s’intéressent au dossier, dont le prix de vente souhaité par John Textor se situe autour de 200 millions d’euros. Notamment Jo-Wilfried Tsonga et Thierry Ascione, qui viennent d’ouvrir une académie dans le périmètre d’OL Vallée.

Mais une seule véritable offre serait sur la table: celle de Tony Parker, qui a saisi la balle au bond pour revenir dans le jeu. L’ancien basketteur a réuni, en septembre 2023, un parterre de financiers de son cercle. On évoque le nom d’Alekszej Fedoricsev, fondateur de Fedcom, par ailleurs partenaire de l’Asvel à travers la plateforme de streaming spécialisé en basket, Skweek, qui a les droits du basket français pour sept ans mais aussi l’Euroligue. Et pourquoi pas aussi, LDLC, déjà partenaire naming de la future Arena qui jouxte le Groupama Stadium.

Un rapprochement de raison destiné à séduire les financiers américains?

L’éventuelle proposition de Tony Parker concerne-t-elle les "murs" de l’enceinte ou seulement l’exploitation d’une salle que des observateurs annoncent rapidement rentable? Peut-être les deux. Quid alors de la convention entre OL Groupe et la Métropole de Lyon sur quelques engagements pris par Jean-Michel Aulas en échange du permis de construire?

La présence de Tony Parker dans le fauteuil de John Textor pourrait aussi constituer un geste "amical" au moment d’entrer en négociations pour la LDLC Arena. "Il veut que je revienne dans le board de l’OL, que j’intègre le board d’Eagle", a confirmé Tony Parker en marge du match contre Metz en Ligue 1.

De quoi établir un lien avec la possibilité d’une entrée en bourse de la société Eagle Football ou celle d’OL Groupe (qui deviendra la nouvelle société mère de John Textor) aux Etats-Unis.

La présence de Tony Parker, quadruple champion NBA, et par conséquent de son énorme aura médiatique, constituerait un vrai plus avant une introduction en bourse. Un moyen, aussi, pour John Textor de s’offrir une forme d’immunité et de garantie bienvenue en cette période de tempête sportive pour l’OL.

Article original publié sur RMC Sport