D’Aubervilliers à l’équipe de France, l’ascension fulgurante de Warren Zaïre-Emery

D’Aubervilliers à l’équipe de France, l’ascension fulgurante de Warren Zaïre-Emery

A Milan, le 8 novembre dernier, juste avant le match de Ligue des Champions du PSG pour lequel Warren Zaire Emery était à nouveau titulaire, son père Franck était comme tous les observateurs du foot: bluffé par la progression de son fils.

"Il me surprend encore, et j’espère qu’il va encore me surprendre. Il fait ce qu’il faut, qu’il continue comme ça", confiait-il au micro de RMC Sport.

Si beaucoup prédisaient un avenir radieux au jeune milieu de terrain parisien, personne n’aurait pu imaginer une progression aussi fulgurante. Il y a un peu plus d’un an, Warren Zaïre-Emery découvrait la Ligue 1 avec le PSG, lancé par Christophe Galtier lors d’un match face à Clermont, le 6 août 2022. Déjà, il battait des records, devenant le plus jeune joueur de l’histoire du club de la capitale à fouler les pelouses de L1.

14 mois plus tard, le voilà titulaire indéboulonnable dans l’entre jeu parisien, capitaine des Espoirs et désormais appelé chez les A. En à peine trois mois, le Titi parisien a séduit Luis Enrique, Thierry Henry et désormais Didier Deschamps.

Des débuts très précoces à Aubervilliers

Mais Warren Zaïre-Emery a toujours tout fait plus vite que les autres. Dès 4 ans et demi, il accompagne son père, éducateur au FCMA (Football Club Municipal d’Aubervilliers) et se fait vite remarquer. Avant même d’être en âge d’avoir une licence, il est pris en charge par le club. "Il avait quelque chose que les autres n’ont pas", confie Zizek Belkebla, son éducateur à ses tout débuts.

"Savoir se positionner sur un terrain, être attentif au jeu, à son positionnement. Quelque chose d’inné mais de déjà très réfléchi pour son âge", détaille-t-il.

Au-dessus du lot

Il n’est alors pas le plus grand, pas le plus rapide, loin de la puissance qu’il dégage aujourd’hui, mais il se démarque déjà par ce qui fait sa grande force: son calme et sa maturité. Au-dessus de la mêlée, il est rapidement surclassé. Zizek Belkebla le fait jouer avec des enfants d’un ou deux ans ses aînés pour le faire progresser. "Dans sa prise de conscience, dans le jeu, il avait déjà de l’instinct, de l’intelligence. Il n’avait pas besoin de répéter un exercice pour comprendre. Il appliquait avec sérénité ce qu’on lui demandait. Il avait un don."

Rapidement, il fait gagner des matchs à son équipe, est fréquemment élu meilleur joueur des tournois. Mais le FCMA devient vite trop petit, et à 8 ans, il est repéré par le Paris Saint-Germain lors d’une détection. Le jeune Warren passe le périph' et s’envole vers le club de la capitale. Impossible pour autant d’imaginer à cet instant un tel destin, avec le PSG et en sélection, moins de dix ans plus tard.

Surclassé au PSG

Le club de la capitale dispose alors d'une pépite et va la polir pendant plusieurs saisons. L’objectif, pour Abdou Fall, ancien formateur au PSG, éducateur de Warren Zaïre-Emery en U11, c’est déjà de le challenger, de le préparer au haut niveau, comme il le confie à RMC Sport. "On identifie d’abord les axes d’amélioration, les qualités fortes du garçon. Et on le fait avancer là-dessus, pour l’amener au très haut niveau. L’idée était de le mettre avec des joueurs plus âgés pour le mettre en difficulté, le pousser à résoudre des problèmes. Le fait de le faire jouer avec des plus vieux, ça nous a permis de voir quelle était sa limite."

Et la limite du jeune garçon semble dure à atteindre. Le milieu de terrain est surclassé pendant toutes ses années de formation au Paris Saint-Germain. A 14 ans, il participe à des tournois avec les U16, à 15 ans, il est l'un des cadres de l’équipe U19, et avant de fêter son seizième anniversaire, il intègre pour la première fois le groupe professionnel, alors entraîné par Mauricio Pochettino.

En équipe de France également, Warren Zaïre Emery fait tout plus vite que les autres. En 2022, il remporte l’Euro U17 à 16 ans, en étant le plus jeune joueur de la sélection.

Une progression fulgurante

Mais c’est sur les douze derniers mois que la progression du milieu de terrain est la plus impressionnante. Il intègre donc le groupe professionnel parisien, remporte son premier titre de champion de France à seulement 17 ans. Et monte en flèche dans les catégories jeunes de l’équipe de France. Six matchs en U18, six matchs en U19, et le voilà déjà appelé en Espoirs, dans la première liste de Thierry Henry, qui en fait immédiatement son capitaine. Alors même qu’il a quatre ans de moins que certains de ses coéquipiers.

"Je voulais savoir s’il était prêt", explique alors le champion du monde 98.

"Sur le terrain, il l’était, mais je voulais le voir dans le vestiaire. On a eu beaucoup de réponses. On sait très bien ce qu’il a dans ses pieds, on voulait voir comment c’était dans la tête." Constamment challengé, Warren Zaïre-Emery a toujours répondu présent. L’enjeu des matchs qu’il dispute ne semble pas l’atteindre. Il prend même de plus en plus de d’initiatives, avec à la clé ses premiers buts en Ligue 1, et un statut de meilleur passeur de Ligue des champions. Son père Franck le confirme: il ne connaît pas le stress.

"Je pense que cela glisse sur lui. Je ne l'ai jamais vraiment vu avoir la pression. Peut-être qu'il l'a et la cache vraiment bien."

Vers un nouveau record

Talentueux et travailleur, le jeune homme séduit tous les entraîneurs qu’il croise. Et Didier Deschamps ne fait pas exception. "Il est là avec nous parce qu’il a toutes les qualités pour être au très haut niveau. Ce qu’il est capable de réaliser avec son club à son âge démontre déjà un potentiel énorme et une maturité affirmée. C’est un candidat pour le prochain championnat d’Europe."

Le Parisien a donc rejoint le château de Clairefontaine cette semaine et s’est intégré sans faire de vagues, participant à ses premières séances d’entraînement. Il pourrait devenir le plus jeune international français depuis 1911, s’il foule la pelouse à Nice face à Gibraltar samedi, ou en Grèce mardi prochain.

Article original publié sur RMC Sport