Les consignes de vote, chimères d’appareils ou réalité électorale ?

À la question « de manière générale, avez-vous l’intention de suivre les consignes de vote au second tour ? », 74 % répondent par la négative. 80 % des électeurs potentiels du RN disent qu’ils ne vont pas tenir compte des consignes de vote données par leur parti, contre 70 % des électeurs de la majorité présidentielle et 53 % des électeurs du NFP.  - Credit:SYSPEO/SIPA / SIPA / SYSPEO/SIPA

Devant son poste de télévision, Christophe* s'esclaffe. Nous sommes le dimanche 30 juin, il est bientôt 20 h 30, et les appels à « faire barrage au Rassemblement national » se multiplient. Emmanuel Macron, Gabriel Attal, Jean-Luc Mélenchon, Olivier Faure, Édouard Philippe… Bardés de nuances sur la teneur de ce « rassemblement républicain » – notamment sur la question d'y inclure ou non La France insoumise –, les discours des responsables politiques centristes n'en restent pas moins clairs : il faut, à nouveau, constituer un front républicain apte à vaincre le RN.

« C'est trop drôle ce cirque, lance Christophe. Un jour, ils se traitent de tous les noms, et le lendemain, ils appellent à voter pour eux ! » Farce électorale pour les uns, cordon salutaire pour les autres, ce « barrage républicain » est en tout cas une formule déjà bien cultivée par la classe politique depuis 2002, qui a su jusqu'ici porter ses fruits en barrant la route de l'Élysée au parti à la flamme.

Des électeurs insensibles aux consignes de vote

Certains espèrent qu'il en sera encore de même cette année. Quelques jours avant le premier tour, la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier disait déjà que « si tout le monde tient la digue comme nous nous apprêtons à le faire, Jordan Bardella ne sera pas Premier ministre ». Mais, quand bien même le barrage républicain serait assuré par tous les candidats de la gauche et du centre, est-ce bien certain qu'il empêcherait le RN d'obtenir u [...] Lire la suite