Salaire des profs : la gauche crie à l’arnaque sur l’augmentation promise par Macron

La gauche crie à l’arnaque sur la hausse du salaire des profs annoncée par Macron
La gauche crie à l’arnaque sur la hausse du salaire des profs annoncée par Macron

POLITIQUE - Les comptes ne sont (toujours pas) bons. Selon plusieurs médias, la hausse moyenne du salaire des profs n’atteindra pas la barre symbolique des 10 % promise par Emmanuel Macron lors de la dernière campagne présidentielle.

Selon un document du ministère de l’Éducation nationale consulté notamment par franceinfo, l’AFP ou l’agence spécialisée AEF info, l’augmentation moyenne de la rémunération des enseignants sera de l’ordre de 5,5 % à partir de la rentrée de septembre. C’est donc moins que l’inflation, mesurée à 5,7 % sur un an, et bien loin des engagements présidentiels.

Malgré le flou entretenu depuis des mois autour de ce dispositif, Pap Ndiaye, le ministre de l’Éducation avait encore martelé le 20 avril dernier, sur France inter, l’objectif des 10 %. De quoi susciter la colère des syndicats et de la gauche qui constatent désormais, avec les chiffres du ministère, que la moyenne claironnée pendant des mois ne sera pas atteinte.

« Il y a tromperie », dit le SNES

Le SNES-FSU, principal syndicat de l’enseignement dans le second degré, n’hésite pas à dénoncer la nouvelle « tromperie » du gouvernement, qui ne manquera pas de rappeler à certains les imprécisions ou contre-vérités de l’exécutif sur les 1 200 euros dans la réforme des retraites.

« Durant tout l’automne, le gouvernement va jouer de ce flou, tout en continuant de vanter l’effort inédit pour la rémunération des personnels. Mais les chiffres de ces derniers jours ont confirmé nos analyses : il y a tromperie », écrit ainsi le SNES dans un communiqué publié mardi 25 avril. Et de préciser : « La somme de 1,9 milliard d’euros va permettre une augmentation moyenne de 5,3 % (5,5% en prenant comme base de calcul 2 milliards) par rapport à septembre 2022, donc inférieure à l’inflation et très loin de la promesse de campagne des 10 % pour toutes et tous. »

Dans ce contexte, la déception agacée des enseignants trouve écho dans la sphère politique, où Manon Aubry, l’eurodéputée voit par exemple « une baisse des salaires réels vu le niveau actuel d’inflation. » « Voilà ce qu’il reste des annonces tonitruantes de Macron », cingle l’élue insoumise sur Twitter.

L’adjoint communiste à la maire de Paris Ian Brossat critique de son côté la « nouvelle arnaque » d’Emmanuel Macron « comme la fameuse retraite à 1 200 euros. » Dans le même esprit, le député socialiste Iñaki Echaniz en appelle lui à son collègue Jérôme Guedj, le parlementaire qui a débusqué une partie des approximations du gouvernement sur le mirage de la retraite minimum.

« Allô Inspecteur Guedj ? Après la retraite à 1 200 € pour tous, je crois qu’on est sur une nouvelle erreur de calcul ou une approximation… », écrit l’élu PS les réseaux sociaux, avant de s’interroger : « Ou un mensonge ? »

Quelles augmentations pour les profs ?

Alors qu’en est-il ? Analysé par l’AFP, le document du ministère de l’Éducation nationale donne un bon état des lieux des mouvements qui sont à l’œuvre sur les fiches de paie des enseignants. Celui-ci récapitule les niveaux de rémunération des professeurs avant la mesure, en septembre 2020 et septembre 2022, puis ceux attendus pour septembre 2023, d’une part pour la hausse de la rémunération dite « socle », d’autre part en cas d’adhésion des enseignants aux trois niveaux successifs du « pacte » prévoyant de nouvelles missions.

La hausse de la rémunération « socle » se fera via une hausse de la prime d’attractivité et des indemnités que touchent les enseignants pour le suivi des élèves (réunions de parents, conseils de classe…): l’indemnité de suivi et d’accompagnement des élèves (Isae) dans le premier degré et l’indemnité de suivi et d’orientation des élèves (Isoe) dans le second degré.

Dans le premier tableau, qui concerne les seuls enseignants du public, l’évolution de la rémunération « socle », qui n’est conditionnée à aucune nouvelle mission et s’appliquerait donc à tous, affiche une hausse moyenne de 5,46 % entre septembre 2022 et septembre 2023.

Dans le détail, on constate que les hausses de rémunération seront plus élevées pour les enseignants en début de carrière, entre 8 % et 11 % avant 11,5 ans d’ancienneté, mais de seulement 3 à 6 % au-delà.

Où sont donc les fameux 10 % de moyenne ? C’est en fait par rapport à 2020 que la progression du salaire des professeurs dépasserait ce niveau pour atteindre près de 12 %, toujours selon les projections du ministère.

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