Russell Banks, mort sur la piste des géants

L'écrivain Russell Banks en 2015.  - Credit:ULF ANDERSEN / Ulf Andersen / Aurimages via AFP
L'écrivain Russell Banks en 2015. - Credit:ULF ANDERSEN / Ulf Andersen / Aurimages via AFP

« Quel type de livre évitez-vous ? », demandait le New York Times à Russell Banks en 2014, alors que paraissait son recueil de nouvelles Un Membre permanent de la famille. Et l'auteur de répondre : « Ceux que l'auteur ou l'éditeur présente comme de la fantasy, ce qui pour moi est une façon de dire : ne t'en fais pas, lecteur, la Mort restera absente. Comme Thomas Pynchon, je pense que la littérature sérieuse est celle dans laquelle la Mort est présente ». Russell Banks – qui vient de disparaître des suites d'un cancer à l'âge de 82 ans – faisait toujours, dans ses romans comme dans ses nouvelles, la part belle à la mort. Et écrivait de cette « littérature sérieuse » qui, en donnant vie à des personnages saisissants, propose une véritable vision de l'Amérique et du monde.

Reconnu de son vivant comme un grand romancier américain – sans jamais atteindre le statut de ses presque contemporains Philip Roth et Cormac McCarthy -, Russell Banks laisse une œuvre conséquente (une vingtaine de romans et recueils de nouvelles), hantée par les failles du rêve américain. Fils d'un plombier alcoolique dont les coups laissèrent des traces (un œil gauche immobile), il est le type même du « transfuge de classe » : marié à 18 ans et père à 19, il est lui aussi plombier avant d'entrer à l'université – une première dans sa famille -, grâce à l'aide de la famille de sa seconde épouse. Il deviendra professeur de littérature à Princeton et sera deux fois finaliste pour le prestigie [...] Lire la suite