Roland-Garros: "Trop de gens sont venus comme au théâtre", le coup de gueule du coach de Moutet contre le public du Chatrier

Sur un nuage durant le premier set, Corentin Moutet jouait comme dans un rêve, déployant face à Jannik Sinner, l'homme fort de la première partie de saison et vainqueur de l’Open d’Australie, toute sa panoplie de coups. L’obtention d’un nouveau break à l’entame du deuxième set laissait même entrevoir la possibilité d’entretenir ce rêve encore plus longtemps, et pourquoi pas de parvenir à faire douter l’Italien, impassible devant la magie qui semblait opérer entre un Corentin Moutet inspiré et un court Philippe-Chatrier qui ne demandait qu’à sortir de sa torpeur habituelle pour être transporté vers des sommets d’émotion.

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"Si ça se joue sur le Lenglen, c'est un autre match"

Las, l'atterrissage fut aussi brutal que le décollage avait été sensationnel. Sans se laisser gagner par la frustration, la tête haute et les idées claires, Sinner a emmagasiné les informations et a compris le jeu tout en variations du Français, qu’il a fini par annihiler, froidement. L’Italien a alors retrouvé du rythme et de la justesse dans ses frappes, qui sont redevenues létales. C’en était fini des espoirs du Français et de l’atmosphère bouillante qui régnait en début de match sur le central. Les "Moutet, Moutet, Moutet" scandés en début de match se sont fait plus discrets. Un regret pour l’entourage du Français.

A l'issue du match, le Serbe Petar Popovic, entraîneur de Corentin Moutet, a regretté que les milliers de spectateurs du court Philippe-Chatrier n’ait pas davantage poussé son protégé, qui s’est souvent servi de ses ambiances un peu folles pour se sublimer. "Il a très bien commencé par un set et un break mais j'étais déçu pour lui que le public n'ait pas plus poussé, a-t-il déploré. Ses trois premiers matches, c'était la folie en tribunes. Là, il a donné toutes les raisons au public de s'enflammer et ça ne s'est pas enflammé. Trop de gens sont venus comme au théâtre juste pour prendre des photos et être là. Je pense que si ça se joue sur le Lenglen, c'est un autre match. (...) Sinner a switché à un moment. C'est le meilleur joueur du monde depuis quelques mois, il ne faut pas se mentir. Mais s'il avait joué dans une autre ambiance, peut-être qu'il ne se serait pas relâché à ce point."

"Forcément déçu" de ne pas avoir réussi à maintenir son niveau de jeu du premier set, Corentin Moutet n’a pas rendu le public du Chatrier responsable de son relâchement, même s’il a reconnu que "c’était plus équilibré dans les encouragements" que lors des tours précédents. "C'est un court mythique, le plus grand court du tournoi, c'était incroyable de pouvoir y jouer. C'était différent des autres matches, Sinner est deuxième mondial donc c'était plus équilibré dans les encouragements, c'était une expérience différente. Je suis allé sur le terrain pour faire mon match. Je pense que j'aurais pu faire encore mieux mais je ne peux pas refaire l'histoire, je suis arrivé sur le terrain en croyant en moi, je savais que je pouvais gagner. J'avais un set et un break mais je n'ai pas su faire mieux, ça sera pour la prochaine fois. En tout cas, c'était un plaisir de pouvoir jouer sur ces grands courts à Roland-Garros."

Article original publié sur RMC Sport