Retrouvées après 80 ans dans un grenier, des photos inédites du ghetto juif exposées à Varsovie

L’une des photos inédites du ghetto juif, retrouvée 80 ans plus tard. Ici, un groupe de juifs - hommes, femmes et enfants - est escorté par les soldats allemands, armes à la main
Elle fait partie d’une exposition au musée de l’Hisoitoire des Juifs à Varsovie en Pologne.

HISTOIRE - En Pologne, ce mercredi 18 janvier, le musée de l’Histoire des Juifs a exposé des photos inédites du ghetto de Varsovie. « Ce sont les seules photos connues du ghetto qui n’ont pas été prises par les Allemands et qui ne soient pas faites à des fins de propagande », souligne Zuzanna Schnepf-Kolacz, une des commissaires de l’exposition.

La pellicule de ces 33 photos était rangée dans un grenier depuis 80 ans. Elles ont toutes été prises par Zbigniew Grzywaczewski, un pompier polonais appelé à éteindre les incendies provoqués par les nazis après le déclenchement de l’insurrection du ghetto de Varsovie, le 19 avril 1943.

Un autre point de vue

Pour Jacek Leociak, historien spécialiste de l’Holocauste, « cette pellicule est un document inestimable car elle dépasse cette perspective allemande, (...) cette perspective des bourreaux, qui photographiaient les juifs en tant que victimes déshumanisées, anonymes ».

Ces photos n’illustrent pas de scène de combat. Sur l’une d’entre elles, on aperçoit un groupe de juifs - hommes, femmes et enfants - est escorté par les soldats allemands, armes à la main, vers Umschlagplatz, lieu de départ vers les camps d’extermination. Sur une autre, des pompiers éteignent les bâtiments en feu.

In this Handout photo made available by the Maciej Grzywaczewski Archive at the POLIN Museum on January 18, 2023 shows a picture of a negative by Zbigniew Leszek Grzywaczewski, amateur photographer and firefighter at the Warsaw Fire Brigade during the Second World War showing Nowolipie street, author’s comment written after the war on the reverse of the print, kept in the USHMM archives in Washington : « around April 20, 1943 Setting fire to houses abandoned by the Jewish population during the ghetto evacuation. From the window marked X (balcony) the entire Jewish family, about 5-6 people, jumped out onto the pavement and died on the spot. Because they hid and did not evacuate, they could not escape after the house was set on fire, and we were unable to help them despite the technical possibilities » in Warsaw, Poland. Photos, partly unknown, taken 80 years ago during the German liquidation of the Warsaw Ghetto Uprising were presented on January 18 at the POLIN Museum of Jewish History in the Polish capital.
Zbigniew Leszek Grzywaczewski / AFP

Le ghetto de Varsovie avait été créé par les Allemands un an après l’invasion de la Pologne en 1939. Leur but était d’exterminer ses habitants par la faim et les maladies, ou de les déporter vers le camp de la mort de Treblinka, à 80 kilomètres à l’est de Varsovie.

Les photos ont été retrouvées il y a 6 mois

Jusqu’à présent, seules 12 photos de cette pellicule étaient connues, mais uniquement sous forme d’empreintes sur du papier de mauvaise qualité, cadrées étroitement. La pellicule elle-même étant longtemps restée introuvable.

Les empreintes ont été transmises par l’auteur à une famille juive qui se cachait dans son appartement pendant la guerre et qui a émigré par la suite aux États-Unis. Dans les années 1990, elle les a offertes au Mémorial de l’Holocauste à Washington.

Comme ils connaissaient déjà les clichés, les organisateurs de l’exposition cherchaient à savoir s’il y avait d’autres photos, ils ont contacté la famille du pompier. C’est Marcej, le fils de Zbigniew Grzywaczewski qui a retrouvé le reste des photos dans une boîte oubliée. « Mon père ne nous a jamais dit qu’il avait pris des images dans le ghetto, peut-être parce que c’était trop dur », déclare-t-il.

Après de longues recherches, Marcej Grzywaczewski a retrouvé la pellicule dans la dernière boîte du dernier des cartons contenant les archives photographiques de [son] père. Sur la pellicule se trouvent également des photos de sa mère et de sa famille. « On peut dire que toute cette pellicule s’appelle ’la guerre et l’amour’ », conclut-il.

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