Rentrée scolaire 2022 : face à l’inflation, ces collectivités réduisent la facture des familles à la cantine

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JGI/Tom Grill / Getty Images/Tetra images RF

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Face à l’inflation, certaines collectivités ont décidé de ne pas répercuter l’augmentation des prix des denrées sur la facture des familles à la cantine (Image d’illustration).

RENTRÉE SCOLAIRE - Bretagne, Alpes-Maritimes, Lyon ou Poitiers… Pour lutter contre l’inflation qui s’invite au menu des cantines scolaires, certaines communes, régions ou départements s’affairent en cuisine pour réduire les coûts et servir des repas aux tarifs inchangés. Car autour de la table, les familles n’ont pas forcément les moyens d’assumer cette énième augmentation des prix.

Les entreprises privées de restauration collective ont tiré la sonnette d’alarme cet été : à cause de la hausse des prix alimentaires et de l’énergie, elles ont demandé en moyenne à leurs clients de payer au moins 7 % plus cher les prestations fournies.

Face à la crise, chacun s’organise à sa manière. Valérie Pécresse a annoncé le gel des tarifs pour les lycées d’Île-de-France. La région, où « le coût de la vie est le plus cher », va concéder « un effort financier de 4 millions d’euros » pour ne pas « répercuter sur les familles l’augmentation des matières premières », a détaillé la présidente LR de la région.

Des initiatives qui se multiplient

Les Alpes-Maritimes ont recours au même procédé : les tarifs seront gelés dans les 73 collèges publics du département, qui a voté lors de sa dernière séance une aide estimée entre 3 et 5 millions d’euros pour l’année, selon BFM Côte d’Azur.

La mairie de Lyon assumera aussi l’augmentation du prix des denrées alimentaires dans toutes les cantines scolaires, selon l’adjointe déléguée à l’Éducation, Stéphanie Léger, jointe par RMC. Les tarifs resteront donc identiques : entre 80 centimes et 7,50 euros selon les revenus des familles. Même chose à Libourne en Gironde ou Dunkerque dans le Nord, qui ont « décidé de prendre en charge la totalité de cette augmentation tarifaire », indique la Confédération syndicale des familles (CSF).

À Lille, la ville fera en sorte que le prix du repas à la cantine n’augmente pas pour les plus modestes. Un effort évalué à environ 115 000 euros sur un budget restauration scolaire de 8,9 millions d’euros.

Dans un article pour Marianne, le responsable éducation de la CSF Johan Jousseaume estime qu’une cantine sur 3 ne verra pas son tarif augmenter grâce à la prise en charge d’une collectivité.

Certaines mairies vont même jusqu’à réduire les coûts, comme à Avignon, toujours selon RMC. Dans les cantines de la ville, les repas seront désormais commandés 15 jours à l’avance, ce qui permettra aussi de limiter le gaspillage. Le coût annuel de 500 000 euros sera compensé et certaines familles économiseront jusqu’à un euro par repas.

À chacun sa technique

La municipalité de Poitiers a aussi fait le choix de ne pas augmenter les tarifs. Au prix d’un effort financier de 400 000 euros. « On ne va pas s’interdire de revoir nos modes de tarification, en changeant par exemple les tranches, en revenant aussi à une cuisine plus simple avec une réduction de cinq à quatre nutriments pour les déjeuners en maternelle, en revoyant les goûters, en retravaillant les coûts, en respectant encore plus la saisonnalité des produits, en réduisant le gaspillage » a déclaré Élodie Bonnafous, adjointe à la production alimentaire locale et à la restauration collective, au journal La Nouvelle République.

La région Bretagne harmonisera les tarifs dans ses 115 lycées publics, par souci d’équité, selon 20 Minutes. Jusqu’à maintenant, chaque établissement fixait ses prix. Désormais, ils varieront entre 2,70 euros et 4,30 euros selon les revenus des familles. Ce qui fera des gagnants, mais aussi des perdants, précise le journal. Mais la vice-présidente de la région en charge des lycées Isabelle Pellerin précise : « Nous regarderons la réalité de ces coûts à la fin de l’année et nous verrons s’il y a besoin de rééquilibrer des choses à la prochaine rentrée, indique l’élue. Mais ce sera à la charge de la région. »

Dans la petite commune de Caudebec-lès-Elbeuf, en Seine-Maritime, la mairie proposera quatre composants par jour au lieu de cinq. Par exemple, pas d’accompagnement le lundi, pas de produit laitier le mardi, etc. « En contrepartie, nous maintenons le même volume de nourriture pour les enfants car la quantité des autres plats est augmentée. Tout cela est bien sûr validé par des nutritionnistes qui nous expliquent que la diversité et l’équilibre alimentaire des enfants se jugent sur 10 jours et pas sur un repas », assure le maire (Horizons) Laurent Bonnaterre.

Une prise en charge pas toujours possible

Mais certaines collectivités ne pourront pas compenser. Contacté par Marianne, le spécialiste des questions alimentaires au sein de l’Association des maires de France Gilles Pérole alerte sur un contexte d’austérité qui touche tout le monde : « Déjà, il y a une hausse du prix de l’énergie. Pour les communes qui arrivent en fin de contrat, cela engendre de très fortes hausses. »

Il continue : « Ensuite, le point d’indice des fonctionnaires a été revalorisé de 3,5 %. Cela augmente les dépenses, d’autant que 70 % du prix d’un repas à la cantine, ce sont des frais liés au personnel. Tout cela s’est ajouté à une baisse des recettes, liées notamment à la fin progressive de la taxe d’habitation. Les mairies ont vraiment du mal à équilibrer leurs budgets. »

Le maire (DVD) de Chennevières-sur-Marne (Val-de-Marne), Jean-Pierre Barnaud, assume de devoir augmenter les prix d’environ 60 % dans ses cantines scolaires : « C’est un choix politique, si on faisait autrement, on ne pourrait pas faire les investissements nécessaires », explique-t-il à RMC. Il se justifie par le contexte d’inflation et l’augmentation des prix pratiqués par le prestataire. Ce choix n’est en tout cas pas au goût des familles, qui ont lancé cet été une pétition. Elle a recueilli près de 600 signatures.

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