Remaniement : Castaner, Belloubet, Pénicaud... Le bilan des sortants

Christophe Castaner fait partie des ministres qui ont été balayés lors du remaniement de ce 6 juillet.
Christophe Castaner fait partie des ministres qui ont été balayés lors du remaniement de ce 6 juillet.

De nombreux ministres ont quitté leur poste lors du remaniement, annoncé ce lundi 6 juillet en fin de journée. Entre bilan en demi-teinte et polémiques, retour sur leurs années au sein du gouvernement.

Les détails du remaniement ont été dévoilés ce lundi 6 juillet, et plusieurs grosses figures ont quitté leurs fonctions ministérielles.

Christophe Castaner critiqué de tous les côtés

À commencer par Christophe Castaner. Il y a encore quelques mois, ça aurait pu étonner. Aujourd’hui, son départ semble logique. Ce soutien historique d’Emmanuel Macron ne présente pas un bilan exemplaire. Loin de là. Entre la gestion des Gilets jaunes et des manifestations contre la réforme des retraites, l’épuisement des forces de l’ordre et la hausse du nombre de suicides dans la police, le locataire de la Place Beauvau essuyait déjà bon nombre de critiques depuis son arrivée en octobre 2018.

Mais ces dernières semaines, le “premier flic de France” s’est, en plus, mis à dos les forces de l’ordre, après son intervention sur le racisme dans la police et l’annonce de l’abandon de la clé d’étranglement comme technique d’interpellation. Sans, pour autant, s’attirer les faveurs de ses anciens détracteurs, échaudés par les violences à l’encontre des manifestants - notamment avec le LBD, mais pas seulement.

Nicole Belloubet, impopulaire depuis la réforme des retraites

Nicole Belloubet a quitté son poste de Garde des Sceaux, qu’elle occupait depuis juin 2017, après avoir remplacé au pied levé François Bayrou. Son mandat a notamment été marqué par la crise que la réforme des retraites a créé dans le milieu de la justice. Les avocats ont poursuivi une grève pendant plusieurs semaines, à la fin de l’année 2019 et au début de l’année 2020, face à la perspective de voir leur régime autonome - excédentaire - disparaître.

La réaction de la ministre de la Justice face à cette situation a été particulièrement critiquée dans le milieu judiciaire, notamment après ce qui a été décrit comme une tentative d’opposer les avocats aux magistrats et greffiers, en “soutenant” ces derniers face aux effets de la grève des premiers. Résultat, Nicole Belloubet s’est attirée l’hostilité de bons nombres de professions qui dépendent de son ministère. “Tout ce qu'elle touche se transforme en plomb”, résume un parlementaire, dont les propos sont repris dans Challenges.

Nicole Belloubet a également créé la polémique en février dernier, au moment de l’affaire Mila - du nom d’une lycéenne, menacée de mort après avoir violemment critiqué l’islam sur les réseaux sociaux. Interrogée sur le sujet sur Europe 1, la ministre avait estimé que “l'insulte à la religion, c'est évidemment une atteinte à la liberté de conscience, c'est grave”. Une inexactitude puisque le blasphème n’est plus un délit en France depuis... 1881. De quoi lui valoir de nombreuses critiques.

Muriel Pénicaud, un bilan plombé par une polémique

Muriel Pénicaud était également sur la sellette depuis plusieurs semaines. Cette ancienne DRH, en place dès le premier gouvernement d’Édouard Philippe, s’est vue particulièrement critiquée ces derniers mois. Les chiffres du chômages ont pourtant affiché une baisse impressionnante en 2019, qui s’est accompagnée d’une forte hausse des contrats d’apprentissage. Pas suffisant pour convaincre, notamment depuis qu’elle s’est retrouvée au coeur d’une polémique qui a laissée des traces, sur l’allongement du congé de deuil après le décès d’un enfant.

Invités à débattre sur le sujet en début d’année, les députés de la majorité ont rejeté ce projet. La ministre du Travail s’interrogeant, au micro de l’Hémicycle, sur le coût d’une telle mesure pour les entreprises. Résultat, le projet n’a pas pu passer. De quoi déclencher la colère de l’opinion publique et même un recadrage d’Emmanuel Macron, qui a demandé plus “d’humanité” à son gouvernement. Et même si elle a reconnu une “erreur collective” et lancé une concertation sur le sujet, le mal était fait : cette erreur lui a collé à la peau jusqu’à la fin.

Didier Guillaume, roi des polémiques

Trois jours à peine après son arrivée au ministère de l’Agriculture, Didier Guillaume provoquait déjà la polémique. Un premier couac en forme de présage, puisque son mandat en restera parsemé. Dès le 20 octobre 2018, il s’est attiré les foudres de plusieurs associations alors qu’il était interrogé sur le problème des bébés nés sans bras, dans l’Ain. Le ministre fraichement nommé à expliqué qu’il n’y avait “aucune preuve scientifique” que ce soit lié aux pesticides, ce qui lui a valu d’être taxé de porte-parole des lobbies.

Quelques mois après, en janvier 2019, le ministre s’attirait cette fois les foudres des professionnels de santé, en affirmant que le vin n’était “pas un alcool comme les autres”. À la fin de l’année 2019, il s’est d’ailleurs montré complètement défavorable au “Dry January”, un défi consistant à ne pas boire d’alcool durant tout le mois de janvier.

Autre polémique, au cours de l’été 2019 : Didier Guillaume a été photographié lors d’une corrida dans les arènes de Bayonne. De quoi se mettre à dos les défenseurs des droits des animaux. Une pétition avait d’ailleurs été mise en place pour réclamer sa démission. En parallèle, il a été obligé de reconnaître, lors d’une audition au Sénat en novembre dernier, non seulement le problème de la rémunération des agriculteurs mais aussi le phénomène de l’agri-bashing. Un bilan qui lui a coûté sa place.

Sibeth Ndiaye, entre couacs et maladresses

La porte-parole du gouvernement et secrétaire d’État, Sibeth Ndiaye, fait également partie des départs. Il faut dire que ces derniers mois ont été particulièrement compliqués pour elle. Entre maladresses et contradictions, ses prises de parole durant la crise sanitaire ont été très critiquées.

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On retient notamment son explication bancale sur la possibilité pour les citoyens d’aider les agriculteurs durant le confinement. “Nous n'entendons pas demander à un enseignant qui aujourd'hui ne travaille pas, compte tenu de la fermeture des écoles, de traverser la France entière pour aller récolter des fraises gariguettes”, avait-elle expliqué le 25 mars dernier, alors que les enseignants étaient mobilisés pour assurer la continuité pédagogique.

Avant la crise, Sibeth Ndiaye était déjà familière de ce genre de maladresses. En septembre dernier, à la veille d’un mouvement de grève de la RATP de grande ampleur attendu à Paris, elle avait expliqué sur BFMTV : “Demain matin, j’utiliserai ma voiture de fonction, comme tous les jours, donc je serai de cœur avec tous les Franciliens qui galèreront dans les couloirs du métro”.

Elle a, par ailleurs, choisi d’apporter de la nouveauté dans son rôle, en mettant en place #ASKPPG sur Twitter, des sessions de réponses aux questions posées par les internautes. Pas sûr que son successeur, Gabriel Attal, maintienne ce rendez-vous hebdomadaire.

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