Résultats législatives 2024 : désistements, "ni-ni"... les consignes de vote données par les partis pour le second tour

Désistements, cas par cas, "ni-ni"... Tour d'horizon des différentes consignes de vote pour le second tour des élections législatives le dimanche 7 juillet, à l'issue du premier tour qui a placé le RN en tête.

Alors que le Rassemblement national a remporté le premier tour des élections législatives ce dimanche 30 juin et pourrait obtenir une majorité absolue à l'Assemblée nationale, les consignes divergent pour le second tour selon les partis.

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Emmanuel Macron a appelé immédiatement après les résultats à un "large rassemblement" au second tour des législatives face au Rassemblement national. Son camp n'a obtenu que 22% des voix au premier tour, selon une estimation de l'institut Elabe pour BFMTV, RMC et La Tribune Dimanche, arrivant en troisième position. Le RN arrive en tête avec 33% des voix.

"Face au Rassemblement national, l'heure est à un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour", a dit le président de la République dans une déclaration écrite.

Ayant régulièrement exclu La France Insoumise (LFI) du champ républicain, Emmanuel Macron semble ainsi opter pour une approche au cas par cas, en fonction des candidats qualifiés pour le second tour, comme l'ont évoqué des membres du camp présidentiel.

La ministre chargée de l'égalité femmes-hommes, Aurore Bergé, a rejeté tout désistement automatique au second tour des élections législatives: "Je ne retire pas un mot de ce que j'ai dit, ni face à l'extrême droite, ni face à l'extrême gauche." "Aucune voix pour le Rassemblement national" a déclaré sur BFMTV, la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, tout en disant que "les retours de chaque circonscriptions" sont étudiés.

La présidente sortante de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet a appelé à voter pour "le plus républicain". "Il y en a de très nombreux au sein de l'alliance de la gauche, mais ils ne sont pas tous sur cette ligne-là, et donc en aucun cas je pourrais appeler à (...) voter pour un certain nombre de candidats" du Nouveau Front populaire, a-t-elle ajouté.

Le Premier ministre, Gabriel Attal, a ensuite déclaré dans une allocution que "pas une voix ne doit aller au Rassemblement national" au second tour. "Notre objectif est clair, empêcher le Rassemblement national d'avoir une majorité absolue au second tour", a-t-il dit.

"Dans plusieurs centaines de circonscriptions, nos candidats Ensemble pour la République seront présents au second tour et constitueront le meilleur choix pour éviter que le Rassemblement national ne dispose d'une majorité absolue", a poursuivi le Premier ministre.

"Dans d'autres circonscriptions", cela "passera par le désistement de nos candidats dont le maintien en troisième position aurait fait élire un candidat du Rassemblement national face à un autre candidat qui défend comme nous les valeurs de la République", a assuré Gabriel Attal.

Le ministre délégué chargé de l'Industrie, Roland Lescure, a néanmoins adopté une position différente, appelant "tous les électeurs à faire barrage à l'extrême droite sans état d'âme en votant pour le candidat alternatif le mieux placé au premier tour". Il a aussi demandé aux candidats du camp présidentiel de "se désister en cas de troisième position".

Édouard Philippe a estimé dimanche soir qu'"aucune voix" ne devait "se porter sur les candidats du Rassemblement national, ni sur ceux de la France insoumise".

"En cohérence avec cette position, je proposerai aux candidats Horizons arrivés troisièmes, qui pourraient, par leur présence au second tour, sans espoir de victoire, favoriser l'élection d'un candidat des extrêmes, de se retirer au profit des candidats, des partis avec lesquels nous partageons les mêmes exigences démocratiques et républicaines", a déclaré le président d'Horizons.

La France insoumise (LFI) "retirera" ses candidatures dans les circonscriptions où elle est arrivée en troisième position et où le Rassemblement national (RN) est en tête en vue du deuxième tour des élections législatives, a assuré Jean-Luc Mélenchon.

La coalition de gauche à laquelle appartient LFI, le Nouveau Front populaire, est arrivée en seconde position au premier tour, selon une estimation de l'institut Elabe pour BFMTV, RMC et La Tribune Dimanche, avec 28,5% des voix.

"Nulle part nous ne permettrons au RN de l'emporter. (...) Notre consigne est simple, directe et claire. Pas une voix, pas un siège de plus pour le RN", a exhorté le leader Insoumis, qui a qualifié ce scrutin de "lourde et indiscutable défaite" pour le président Emmanuel Macron.

Les Écologistes avaient déjà annoncé que dans les circonscriptions où leurs candidats arriveraient troisièmes, ils se désisteraient en cas de second tour avec un candidat du Rassemblement national.

La cheffe du parti, Marine Tondelier, a appelé dimanche soir à la "construction d'un nouveau front républicain" au second tour des élections législatives, interpellant directement le camp d'Emmanuel Macron.

"Il serait incompréhensible que certains continuent à ne pas faire la différence entre la gauche et l'extrême droite", a-t-elle déclaré, appelant les "responsables politiques centristes" au "désistement si vous êtes troisièmes dans les triangulaires, et si vous n'êtes pas qualifiés au second tour, appel à voter pour un candidat qui défende les valeurs républicaines".

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a estimé sur TF1 qu'on ne pouvait "pas dire" que la victoire de l'extrême droite est "historique" et "en même temps, commencer à faire des tris" selon les partis pour les consignes de vote.

"La position des socialistes est extrêmement claire: il n'y aura pas, à aucun endroit, de candidat qui pourrait être au second tour qui se maintienne dès lors qu'il y a un risque de faire élire un candidat de l'extrême droite", a-t-il déclaré.

Le parti de Raphaël Glucksmann, Place publique, a demandé à tous les partis arrivés en troisième position de se désister face au RN en cas de triangulaires au second tour des élections législatives, a-t-il indiqué dimanche soir dans un communiqué.

"L'Histoire nous regarde et nous juge", a ajouté Place publique qui appelle également à "voter clairement" contre les candidats du RN. "Nous avons sept jours pour éviter à la France une catastrophe", a lancé dimanche Raphaël Glucksmann.

Les Républicains (LR), arrivés en quatrième place au premier tour avec 10,5% des voix, selon une estimation de l'institut Elabe pour BFMTV, RMC et La Tribune Dimanche, ont appelé à voter pour leurs candidats qualifiés pour le second tour, refusant de donner de consigne de vote dans les autres cas.

"Là où nous ne sommes pas présents au second tour, considérant que les électeurs sont libres de leur choix, nous ne donnons pas de consigne nationale et laissons les Français s'exprimer en conscience", a indiqué la direction de LR dans un communiqué.

Dans la future chambre, selon les estimations de l'institut Elabe, le RN devrait rassembler entre 260 et 310 députés. Avec pour enjeu du second tour la majorité absolue (289 députés) ou relative du mouvement de Marine Le Pen. De son côté, le NFP devrait former le second groupe à l'Assemblée nationale, avec entre 115 et 145 députés. Devant Ensemble qui pourrait compter sur 90 à 120 députés.

Article original publié sur BFMTV.com