Le réalisateur croate Dalibor Matanic, récompensé à Cannes, avoue plusieurs agressions sexuelles

La police croate a ouvert une enquête lundi après que l'un des réalisateurs les plus célèbres du pays, Dalibor Matanic, a avoué dans un long post sur Facebook avoir agressé sexuellement plusieurs femmes.

"Tout ça a eu lieu à des moments où j'étais sous l'influence de l'alcool ou de drogues. Notre travail est terriblement stressant - mais cela ne justifie certainement pas mon comportement", a écrit sur Facebook le cinéaste de 49 ans, après la parution d'articles de presse faisant notamment état de gestes, d'invitations déplacées et d'envois de photos et de messages à caractère sexuel.

Aucune plainte enregistrée

Environ 200 femmes seraient concernées par le comportement du réalisateur, qui a annoncé entrer dans un centre de désintoxication.

"D'après les informations publiées dans la presse, il pourrait s'agir d'actes criminels", a déclaré le responsable de la police Antonio Gerovac, cité par l'agence de presse officielle HINA, annonçant l'ouverture d'une enquête. Jusqu'à présent, la police n'a enregistré aucune plainte, a-t-il ajouté.

Par ailleurs, l'Académie des arts dramatiques de Zagreb, où Matanic donnait occasionnellement des cours, a annoncé que leur coopération avait "pris fin à la fin du semestre d'hiver" et qu'elle ne serait pas renouvelée.

"Il se présentait comme un allié"

Le réalisateur, primé à Cannes en 2015 pour son film The High Sun (prix du jury Un Certain Regard), a souvent utilisé ses films pour faire la critique de la culture patriarcale et des violences faites aux femmes.

"C'est un choc terrible, car il se présentait comme un allié", a réagi la militante des droits des femmes Sanja Sarnavka.

La violence et les agressions sexuelles ont longtemps été considérées comme des sujets tabous dans les Balkans, où les valeurs patriarcales restent ancrées dans certaines parties de la région.

Ces questions ont cependant pris davantage d'importance ces dernières années après l'avènement du mouvement #Metoo et une affaire en Serbie voisine où une actrice a accusé son ancien professeur d'art dramatique de viol, ce qui a incité des milliers de femmes à raconter leurs propres histoires.

Article original publié sur BFMTV.com