Qui sont les Français les plus touchés par l'inflation ?

(Photo illustration by Christopher Furlong/Getty Images)
(Photo illustration by Christopher Furlong/Getty Images)

Lieu de vie, type d'habitat, âge... Ces critères jouent un rôle dans l'impact de l'inflation sur le porte-monnaie des Français.

+5,9% sur un an, et notamment + 22,7 % pour l'énergie sur un an en août, et + 7,9% pour l'alimentation. L'inflation continue de sévir en France, et impacte le pouvoir d'achat, obligeant le gouvernement a sortir le chéquier pour limiter les conséquences, avec la remise carburant, le bouclier tarifaire pour l'énergie ou encore la prime transport.

Si l'inflation touche indifféremment plusieurs secteurs, les Français ne sont pas touchés de la même manière selon leur situation. "Les prix de l'ensemble des biens et des services n'évoluent pas de la même façon. De fait, chaque ménage a sa propre inflation, en fonction de sa structure de consommation", explique à France Info Mathieu Plane, économiste à l'OFCE et spécialiste des questions de pouvoir d'achat.

Les ruraux plus touchés que les citadins

Parmi les facteurs qui jouent, le lieu de vie, qui impacte les postes de dépenses et donc les conséquences de l'inflation. Selon l'Insee, les habitants des zones rurales consacrent une part plus importante de leurs revenus que la moyenne pour le carburant et les factures d'énergie : 12% contre 7% pour un ménage d'une grande ville et seulement 6% pour un ménage de l'agglomération parisienne, par exemple.

Or, l'inflation a particulièrement touché l'énergie et les carburants, avec respectivement + 22,7 % sur un an en août et + 28,7 %, touchant donc davantage les habitants de zones rurales que les citadins dans leur budget. En avril selon l'Insee, les ménages des zones rurales subissaient une inflation moyenne de 5,9% sur un an, contre seulement 4% pour les habitants de l'agglomération parisienne (4%).

Les habitants des Hauts-de-France sont les plus touchés

Selon la même logique, les habitant des Hauts-de-France sont les plus touchés par l'inflation, explique l'Insee. En cause, des logements chauffés au gaz et des trajets domicile-travail plus longs que la moyenne et souvent effectués en voiture.

Les 10% les plus modestes davantage touchés

Autre élément qui joue un rôle, le revenu. Selon une étude de l'Insee, qui remonte toutefois à 2017, ce sont les plus modestes qui consacrent la part la plus importante de leurs revenus aux dépenses liées à l'énergie et aux carburants.

Selon cette étude, les factures énergétiques représentaient 6% des dépenses des 10% ménages les plus précaires, et le carburant 4%. Des dépenses qui ne représentaient respectivement que 4 et 3% des dépenses des ménages les plus aisés, et 5% des dépenses des ménages de la classe moyenne. La hausse particulièrement importante des prix dans ces deux secteurs ont donc davantage impacté les budgets des plus modestes.

L'impact de la hausse des prix de l'alimentaire

Autre poste de dépense particulièrement impacté par l'inflation ces derniers mois, l'alimentation. En un an, les prix de l'alimentaire ont bondi de plus de 7%. Là aussi, ce sont les plus modestes les plus impactés. Toujours selon cette même étude de l'Insee, les 10% des ménages les plus pauvres consacraient en moyenne 19% de leurs dépenses aux courses alimentaires, contre 18% pour la classe moyenne et 15% pour les 10% de ménages les plus aisés.

L'impact de l'inflation selon le revenu est tel qu'en avril, l'inflation des 10% les plus modestes était ainsi de 0,4 point supérieure à la moyenne nationale, selon une étude de l'Insee. À l'inverse, les plus aisés enregistraient un taux d'inflation inférieur à la moyenne (-0,1 point).

Plus on est âgé, plus l'inflation a un impact

Les plus modestes sont d'autant plus touchés que l'inflation a un impact plus important dans les enseignes hard-discount. La preuve en est : l'inflation a atteint 8,66% en août dans les surfaces comme Aldi ou Lidl contre 7,70% dans les hypermarchés. En cause, des marges trop serrées chez les hard-discounter pour absorber la hausse de prix. C'est la même chose du côté des marques distributeurs, où les prix ont augmenté de 10,67%.

L'âge a aussi un effet sur l'impact de l'inflation, relève l'Insee. En cause, des dépenses très différentes au fur et à mesure de l'âge. Les plus de 75 ans consacraient ainsi avant la crise 8% de leurs dépenses aux factures énergétiques, contre 3 à 6% pour le reste de la population. Même constat concernant l'alimentation, une dépense dont la part augmente avec l'âge : elle représente 23% des dépenses des plus de 75 ans, contre 11% chez les moins de 25 ans. Un secteur où les prix ont bondi de plus de 7% en un an. Toujours selon l'étude de l'Insee parue en juin dernier, en avril, l'inflation était en moyenne de 4% sur un an pour les moins de 30 ans, et bondissait à 5,7% pour les plus de 75 ans.

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