Qui est Rachel Keke, la députée LFI qui a brandi un drapeau palestinien à l'Assemblée nationale ?

Quelques jours après la suspension de Sébastien Delogu, Rachel Keke a imité le geste de son collègue en brandissant un drapeau de la Palestine dans l'hémicycle.

Rachel Keke, députée LFI de la 7e circonscription du Val-de-Marne (Photo : GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Une marque de soutien qui pourrait lui valoir des sanctions. Ce mardi 4 juin, la séance de question à l'Assemblée nationale a été marquée par le happening vestimentaire de plusieurs élus de la NUPES en soutien à la Palestine, mais aussi par le geste de la députée de La France Insoumise (LFI) Rachel Keke.

Ne se contentant pas de "dessiner" le drapeau palestinien en compagnie de ses collègues, cette dernière a en effet sorti et brandi la bannière noire, blanche, verte et rouge, imitant son camarade Sébastien Delogu, qui avait manifesté son soutien à la cause palestinienne de la même manière le 28 mai dernier. Alors que ce geste a valu à ce dernier d'être exclu de l'Assemblée pour une période de deux semaines, la députée de la 7e circonscription du Val-de-Marne n'a donc pas hésité à braver à son tour l'interdit.

Projetée sur le devant de la scène médiatique, Rachel Keke détonne dans le paysage politique français. Née en 1974 à Abidjan (Côte-d'Ivoire), elle est familialement liée à l'Hexagone par l'un de ses grands-pères, qui a combattu pour la France au cours de la Deuxième Guerre mondiale, d'après Le Point. Confrontée au décès de sa mère à l'âge de 12 ans, elle s'est retrouvée brutalement en charge de ses frères et sœurs et a commencé à travailler très jeune.

Décrivant un parcours "chaotique", l'hebdomadaire explique que Rachel Keke est arrivée en France en 2000, à l'âge de 26 ans. Travaillant dans la coiffure, puis dans l'hôtellerie (et rapidement syndiquée à la CGT), la jeune femme réussit à construire sa vie, malgré les difficultés et de nombreuses années passées entre "les squats" et "les appartements d'amis en banlieue parisienne".

Après avoir obtenu la nationalité française en 2015, Rachel Keke va devenir une figure médiatique en participant activement à la mobilisation des femmes de chambre de l'hôtel Ibis Batignolles (Paris), où elle travaille depuis 2003. Comme le raconte Libération, ces employées se sont mises en grève en juillet 2019, pour protester contre des conditions de travail et une rémunération indignes, et ont ensuite poursuivi leur mobilisation sans relâche pendant 22 mois.

Particulièrement impliquée dans ce mouvement social dont elle fut la porte-parole, Rachel Keke a finalement pu savourer un succès collectif, les travailleuses ayant obtenu gain de cause en mai 2021. "C'est une très belle victoire, commente-t-elle à l'époque, citée par Franceinfo. Je me sens bien, très bien même. Je me suis dit ouf ! Enfin, la lutte paie et notre lutte a payé. Je suis fière d'avoir gagné ce combat parce que le groupe Accor (propriétaire de l'hôtel Ibis Batignolles, ndlr) ce n'est pas un petit groupe."

À la suite de cette conquête sociale, Rachel Keke a décidé de monter encore en régime en termes d'engagement politique. En 2022, elle est ainsi investie en tant que candidate de la NUPES (sous l'étiquette LFI) pour les élections législatives dans la 7e circonscription du Val-de-Marne. "On connaît le niveau d'une femme de chambre, on sait que je n'ai pas de Bac+5, rappelle-t-elle alors à l'AFP. Je dis ce que je ressens. Si on me pose une question sur quelque chose que je ne comprends pas, je ne répondrai pas. Il faut que les médias s'habituent à ça."

Finalement élue de peu (50,30% au deuxième tour) face à la candidate du parti présidentiel et ancienne ministre des Sports Roxana Maracineanu, Rachel Keke exerce donc depuis 2022 la fonction de députée à l'Assemblée nationale, où elle est l'une des seules élues appartenant à la catégorie socioprofessionnelle des employés. Fidèle à ses convictions, elle est restée en première ligne sur les questions sociales.

En juillet 2022, elle avait par exemple interpellé l'exécutif sur la question de l'augmentation du salaire minimum. Plus récemment, en avril 2024, la députée LFI a pris la parole dans les médias pour dénoncer les agressions sexuelles dont sont victimes les femmes de chambre, révélant avoir été elle-même victime d'attouchements à l'époque où elle travaillait à l'hôtel Ibis Batignolles.