Qui est Sébastien Delogu, suspendu par l'Assemblée nationale après avoir brandi un drapeau palestinien ?

Le député LFI Sébastien Delogu, originaire de Marseille, "se fout complètement" des sanctions, après qu’il a brandi un drapeau palestinien au sein de l’hémicycle.

Originaire des quartiers Nord de Marseille, Sébastien Delogu s’est fait expulser de l’Assemblée nationale ce 28 mai après avoir brandi un drapeau palestinien (Photo by MIGUEL MEDINA / AFP)
Originaire des quartiers Nord de Marseille, Sébastien Delogu s’est fait expulser de l’Assemblée nationale ce 28 mai après avoir brandi un drapeau palestinien (Photo by MIGUEL MEDINA / AFP)

"Est-ce que, enfin, le président de la République va se réveiller et se dire qu'il faut cesser de vendre des armes ?" Ces mots, ce sont ceux de Sébastien Delogu, dès sa sortie de l’Assemblée nationale ce mardi, après y avoir brandi un drapeau palestinien en pleine séance. Survenu dans l’après-midi de ce 28 mai, l’incident a engendré une suspension de séance immédiate. Sébastien Delogu a écopé de la plus lourde sanction possible : une exclusion pour une durée de 15 jours et la privation pendant 2 mois de la moitié de son indemnité parlementaire. La même sanction donc que le député RN Grégoire de Fournas qui avait lancé "qu’il retourne en Afrique !" au député LFI Carlos Martens Bilongo.

"Il y a un génocide qui est en cours là-bas. Peu de personnes osent disent le mot génocide. (…) Des enfants sont massacrés par les armes françaises."Sébastien Delogu, député La France Insoumise

Sébastien Delogu avait également déclaré, avant de connaître sa sanction : "Je me fous complètement de la sentence que va me donner la présidente de l'Assemblée et le bureau de l'Assemblée qui (...) nous disent que nous n'avons aucun mot pour la libération des otages (du Hamas, ndlr) alors que c'est faux", rapporte BFMTV. Mais qui est ce député marseillais de 36 ans, applaudi par ses collègues LFI après son geste à l’Assemblée ?

Né à Marseille le 8 juin 1987, Sébastien Delogu est syndicaliste, fils de syndicaliste (sa mère est responsable de la CGT des Bouches-du-Rhône) et d'un père d’origine arménienne, chauffeur de taxi.

Après avoir grandi dans les quartiers nord de Marseille et obtenu son brevet en candidat libre, il travaille comme vendeur de costumes, serveur, agent de sécurité puis, pendant neuf ans, chauffeur de taxi de nuit. "Je pense que personne n’a eu la même vie que moi ici. J’ai galéré", confiait-il à Libération en 2023.

En 2012, il est expulsé de son logement et devient un temps sans-domicile fixe. Il dort dans sa voiture et décide de se syndiquer à la Confédération nationale du logement (CNL). Il est notamment le porte-parole de la grève des taxis marseillais contre Uber.

Sébastien Delogu entre alors dans le grand bain politique. D’abord engagé dans les rangs du Parti communiste français, il rejoint La France Insoumise en 2017. Occasionnellement chauffeur et garde du corps de Jean-Luc Mélenchon, le Marseillais admire son chef de parti. "J’ai été comme un buvard, et l’encre, c’était lui, je me suis imprégné", raconte-t-il à Libération. "Il tenait à être militant sans être payé, à en oublier de chercher du boulot, avec une générosité et une sincérité désintéressée", raconte Lise Maillard, directrice de cabinet de Jean-Luc Mélenchon, à 20minutes.

Depuis, l’ancien chauffeur de taxi a franchi les étapes. Il arrive en tête des élections législatives de juin 2022, dans la septième circonscription des Bouches-du-Rhône.

"C’est l’histoire d’un couple de jeunes de 25 ans, avec deux enfants en bas âge. Le jeudi 12 avril 2012, ils sont expulsés de leur logement."

Ainsi s’est présenté Sébastien Delogu, en novembre 2022, devant l’Assemblée nationale, alors que celle-ci recevait sa proposition de loi sur les expulsions. Le père de deux enfants a depuis expliqué s’être séparé de sa femme et "avoir perdu (s)es enfants". L’an dernier, il trouvait finalement un logement, après des années à vivre entre chez sa mère et les hôtels.

Depuis son élection, le député a déjà fait parler de lui, comme en mars 2023, alors qu’il menaçait de démissionner ou "de ne plus remettre les pieds à l’Assemblée" si la réforme des retraites passait.

Depuis un an, il est également visé par deux plaintes pour des "violences volontaires", survenues en mars 2023 lors du blocage du lycée marseillais Saint-Exupéry contre la réforme des retraites. Les accusations ont depuis été démenties par son entourage, un communiqué de la CGT affirmant que ces violences ont été commises sur des élèves par des membres de la direction de l'établissement, et que Sébastien Delogu aurait lui-même été "pris à partie physiquement".

L’Insoumis, qui n’en est plus à son premier coup d’éclat, a déjà prévenu sur ses futures ambitions politiques : l’enfant des quartiers Nord confiait à Libération avoir en ligne de mire la mairie de Marseille.