Qui est Charles Biétry, qui a ému Yann Barthès avec sa lettre sur le suicide assisté ?

Malade, le journaliste sportif souhaite avoir recours au suicide assisté. Il l’explique dans une tribune que l’animateur de Quotidien a lue hier, dans son émission.

Atteint de la maladie de Charcot, l'ancien journaliste sportif a préparé son suicide assisté en Suisse.
Atteint de la maladie de Charcot, l'ancien journaliste sportif a préparé son suicide assisté en Suisse.

"Laissez-moi mourir tranquille". Ainsi s’intitule la tribune lue par l’animateur Yann Barthès mardi soir, sur le plateau de Quotidien (RMC). Devant un public silencieux et ému, l'animateur a parcouru les mots rédigés par Charles Biétry pour le Journal L’Équipe quelques semaines plus tôt.

En lisant la tribune de son confrère journaliste, Yann Barthès a remercié un homme "qui a énormément compté pour la télévision et le sport, atteint de la maladie de Charcot". Mais qui est Charles Biétry ?

Journaliste émérite et éphémère patron du PSG

Originaire de Rennes, Charles Biétry a aujourd’hui 80 ans. Pour toute une génération, il est indissociable du foot et de la télévision française des années 1990 et 2000. Il fait ses armes à l’AFP dans les années 1960 et 1970. ll couvre notamment les Jeux Olympiques de Munich en 1972 et doit annoncer en direct la mort de onze athlètes israéliens, pris en otage par un commando terroriste palestinien lors de l’événement sportif. Un deuil qui le troublait encore 50 ans après, et qu’il a raconté à Ouest France.

En 1980, le jeune envoyé spécial breton prend la tête des sports à l’AFP. Il passe ensuite à la direction des sports pendant les grandes années de Canal +, de 1984 à 1998. Il y rencontre Michel Denisot, qui le surnomme "Le Menhir" en référence à ses origines rennaises, et avec qui il commente en parallèle les matches de football. Un sport que Charles Biétry pratique également, puisqu’il est gardien de but de l’équipe d’Avray (Hauts-de-Seine) ! Mais "pas assez bon pour devenir professionnel" selon ses propres mots à Foot31.

Il remplace par la suite son collègue Michel Denisot à la présidence du Paris Saint-Germain en 1998. L’ancien grand reporter rennais souhaite y faire le ménage ! Mais peu fructueuse, l’aventure ne dure que six mois. Charles Biétry quitte son poste, ainsi que le groupe Canal +.

Du service public aux ondes qataries

Au fil des ans, il continue de jongler entre le ballon rond et la télévision. Dans les années 2000, il rejoint le service des sports de TF1 puis dirige celui de France Télévisions. En parallèle, le Breton siège au conseil d’administration du FC Lorient puis devient recruteur du Stade Rennais.

Contacté par les Qataris d’Al-Jazeera en 2012, Charles Biétry revient finalement dans le giron du groupe Canal + où il finira patron de beIN Sports. Alors âgé de 71 ans, "Le Menhir" n’a pas l’intention de raccrocher les gants et se lance dans la politique ; amoureux fervent de sa terre natale bretonne, il intègre le conseil municipal de Carnac.

La maladie de Charcot comme épée de Damoclès

Jusqu’à ce jour d’avril 2013, où le couperet tombe. Charles Biétry annonce être atteint de la maladie de Charcot, qui paralyse peu à peu l’ensemble des muscles. C’est le début d’une décennie de souffrance durant laquelle il témoigne à plusieurs reprises sur ses douleurs et met en lumière le débat sur la fin de vie.

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Dans sa lettre forte publiée par l’Équipe le 13 mars dernier et lue par Yann Barthès, l’ancien journaliste sportif évoque le voyage qu’il compte entreprendre pour la Suisse. Accompagné de sa femme et de ses deux enfants, Charles Biétry souhaite y avoir recours au suicide assisté, qui fera l’objet d’un futur projet de loi annoncé par Emmanuel Macron – une initiative face à laquelle le Breton exprime "a gratitude".

"Avec ma femme et mes enfants, nous partirons ensemble pour mettre un terme à ma merveilleuse vie. Je n’ai toujours pas peur de mourir mais j’ai peur d’avoir peur durant ce voyage qui sera difficile".

Dès le 27 mai, le projet de loi sur la fin de vie sera débattu au Parlement. Il prévoit la légalisation d’une "aide à mourir" permettant de s’administrer, seul ou à l’aide d’un tiers, une "substance létale". Il concernera uniquement les personnes majeures, "capables d'un discernement plein et entier", et atteintes d'une pathologie "incurable" avec "pronostic vital engagé à court ou moyen terme".