Qu'est-ce que l'École alsacienne, où le Premier ministre Gabriel Attal a effectué sa scolarité?

Une école "à la fois élitiste et bobo". Selon Lucas Bretonnier, auteur d'un livre consacré à l'École alsacienne, L'École du Gotha, l'établissement fréquenté par le nouveau Premier ministre Gabriel Attal pendant sa scolarité "consacre les noces, discrètes mais solides, de la culture et de l’argent." Une définition donnée lors d'une interview à Capital.

Cette école privée située dans le 6e arrondissement de Paris est accusée d'entre-soi et d'être un berceau de l'élite parisienne. La scolarité de Gabriel Attal a d'ailleurs plusieurs fois été critiquée et vue comme un comble pour un ancien ministre de l'Éducation nationale.

Outre le nouveau chef de gouvernement, elle a accueilli de nombreux responsables politiques, d'intellectuels ou d'artistes comme Agnès Buzyn, André Gide, Léa Salamé, Joyce Jonathan, Élisabeth Badinter ou encore les enfants d’Isabelle Adjani ou de Louis Bertignac.

"L'ouverture sur les autres et le monde"

L'École alsacienne a été fondée en 1874 par des familles strasbourgeoises réfugiées à Paris après l'annexion de l'Alsace-Lorraine par l'Empire allemand. Même si fondée sur les préceptes religieux du protestantisme, elle se veut laïque et est sous contrat d’association avec l’État, c'est-à-dire qu'elle dispense les mêmes programmes que l'école publique.

Ses préceptes? "Le plaisir d'apprendre, l'écoute des élèves, l'ouverture sur les autres et le monde".

Elle dit s'attacher à cultiver la particularité de chaque élève en mettant l'accent sur les langues étrangères, les projets personnels, l'art, la culture, le sport...

"Il n’existe aucune hiérarchie entre les matières, les maths ne sont pas plus importantes que le théâtre ou le chinois", explique Lucas Bretonnier à Capital.

Évoquant un "turbo social", l'écrivain et journaliste pointe aussi du doigt l'importance donnée aux compétences relationnelles, "dans une société où le "faire savoir" est devenu tout aussi important que le "savoir-faire".

"Les compétences intellectuelles et scolaires sont déjà acquises chez eux, donc l’école peut se concentrer sur le reste. Ils apprennent ainsi à pitcher des idées, des projets, et même à se pitcher eux-mêmes, donc à se vendre et à avoir confiance en eux", ajoute-t-il dans les colonnes du Monde.

L'École alsacienne veut aussi développer un rapport différent à l'autorité en encourageant "les enfants à se comporter avec les adultes (professeurs et personnel) d’égal à égal", explique Lucas Bretonnier.

Environ 4.000 euros par an

Un programme louable mais accessible à une minorité d'élèves. Au total, elle accueille en maternelle, élémentaire, au collège et lycée réunis, 1.800 élèves.

"Chaque année nous n’avons que 210 places à proposer aux 1400 élèves qui veulent entrer à l’École alsacienne", précise l'école sur son site internet.

En effet, les élèves qui rentrent en maternelle restent souvent jusqu'au lycée, laissant la possibilité de nouvelles inscriptions uniquement en sixième et en seconde.

Lucas Bretonnier pointe aussi une priorité tacite faite aux fratries, soulignant que 67% des 1.800 élèves de l’Alsacienne ont au moins un frère ou une sœur à l’école.

En maternelle et en primaire, la priorité est de plus donnée aux riverains du 6e arrondissement de Paris qui réunit des familles aux forts capitals financiers. Un capital nécessaire pour payer les presque 4.000 euros de frais de scolarité, voyages scolaires inclus, par an.

L'école dit toutefois s'ouvrir aux élèves boursiers: avant la rentrée 2023, elle affirmait que "23 % des élèves admis à l’École alsacienne bénéficieront d’une scolarité gratuite ou partiellement prise en charge". Le journal La Croix faisait quant à lui état pour l'année 2022 de seulement 9% d'élèves boursiers.

Article original publié sur BFMTV.com