Quelle est la différence entre un agriculteur, un paysan et un exploitant ?

Les trois termes sont employés comme synonymes, mais le sont-ils vraiment ?

Agriculteur, paysan et exploitant recouvrent différentes notions (crédit : getty image)
Agriculteur, paysan et exploitant recouvrent différentes notions (crédit : getty image)

Agriculteur, paysan, exploitant… tous ces mots sont utilisés de manière indifférente dans les articles de presse évoquant la grogne qui s’est emparée du monde agricole. Mais sont-ils vraiment des synonymes ?

L'agriculteur ou l’agricultrice est une “personne dont l’activité a pour objet la culture du sol”, définit Le Larousse. Le mot “agraire” vient en fait du latin, “agrarius”, qui signifie “champ cultivé”. Par extension, le terme a fini par englober toutes les activités agricoles. Les planteurs, les cultivateurs mais aussi les éleveurs sont des agriculteurs. Auparavant tous paysans, ils sont devenus majoritairement des exploitants au fil des ans.

Paysan, exploitant, une question d'échelle

Le paysan ou la paysanne est tiré de l’adjectif pagensis qui "qualifie celui qui habite la campagne et cultive la terre", note l’Académie française. Il peut le faire pour sa propre consommation et celle de sa famille, et éventuellement commercialiser ce qui lui reste à petite échelle. Le mot a ensuite été réutilisé de manière péjorative pour désigner une personne qui a des manières grossières. Parmi ses synonymes, on retrouve les mots “bouseux”, “cul-terreux” ou encore “pedzouille”, qui ne connaissent pas non plus les bonnes manières de la ville.

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Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, l’agriculture française s’est modernisée grâce aux nouveaux outils. Elle est ainsi passée d’un système familial à un système industriel où le rendement est devenu le centre des préoccupations. Dès le traité de Rome de 1957, la Politique Agricole Commune (PAC) a souhaité rendre l’agriculture européenne plus performante pour atteindre l’autonomie alimentaire. Avec la vague de modernisation est née le terme d’exploitant agricole.

Plus que cultiver, il est alors question de tirer profit de la terre. “Le sociologue Henri Mendras évoque ainsi dès 1967 la fin des paysans, le progrès technique ayant contraint cette classe sociale jusqu’alors majoritaire à une réduction drastique de ses membres, qui se sont eux-mêmes transformés en chefs d’exploitations agricoles”, note Revue Histoire.

Quelques agriculteurs se réclament encore de la mouvance paysanne comme la Confédération paysanne, qui est le troisième syndicat agricole de France. Fondé en 1987, il défend l'”agriculture paysanne et les travailleurs” en proposant une “alternative réaliste à un modèle d'agriculture industrielle qui élimine trop de paysans et de structures agricoles diversifiées”. Contrairement à la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), interlocuteur privilégié de l'exécutif et premier syndicat agricole français, il se bat contre l’agriculture intensive.

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