Qu’est-ce que la FNSEA, le puissant syndicat agricole reçu par Gabriel Attal ?

Alors que la grogne agricole prend de l’ampleur, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) se présente comme un interlocuteur privilégié de l’exécutif.

Le président nouvellement élu de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), Arnaud Rousseau, pose lors d'un entretien dans sa ferme de Trocy-en-Multien, en Seine-et-Marne, en région parisienne, le 7 avril 2023. (Photo by BERTRAND GUAY / AFP)
Le président nouvellement élu de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), Arnaud Rousseau, pose lors d'un entretien dans sa ferme de Trocy-en-Multien, en Seine-et-Marne, en région parisienne, le 7 avril 2023. (Photo by BERTRAND GUAY / AFP)

En amont de son entretien avec le Premier ministre, le patron du premier syndicat agricole de France a donné le ton. “Dès aujourd’hui et toute la semaine et aussi longtemps qu’il sera nécessaire, un certain nombre d’actions vont être menées”, a déclaré Arnaud Rousseau sur France Inter lundi 22 janvier. Et de préciser que “chaque département” serait concerné. Un coup de pression en règle pour dénoncer la situation des agriculteurs dans le pays.

“Il y a trois problématiques, a précisé Arnaud Rousseau dans les colonnes de Midi Libre. La reconnaissance et la dignité du monde agricole, les revenus et la compétitivité, l'exercice du métier avec un point précis sur ce qui entrave et désespère les agriculteurs depuis trop d'années.” Qu’est-ce que la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA) qui entend faire durer la gronde des agriculteurs jusqu’à obtenir des garanties de l’Etat ?

Le premier syndicat d’agriculteurs avec un accès au pouvoir

La fédération a été fondée en 1946 dans un contexte d’après-guerre. Une période notamment marquée par l’essor de la mécanisation et l’ouverture de l’agriculture au marché européen. Au fil du temps, elle s’est imposée comme un acteur clé du secteur. Elle regroupe désormais 31 associations spécialisées (céréales, lait, viandes, fruits et légumes, etc.) et revendique quelque 212 000 adhérents, s’imposant ainsi comme le premier syndicat agricole français.

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Une position qui lui permet d’avoir l’oreille attentive du pouvoir, comparé aux autres syndicats du secteur agricole. Citons par exemple la Coordination rurale (CR), la Confédération paysanne (CP) ou encore le Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef).

Un modèle productiviste

La FNSEA explique se battre “pour accompagner les paysans Français dans leurs projets et trouver des solutions à leurs difficultés quelle que soit la taille de leur exploitation, leur mode de production, leurs signes de qualité ou circuits de commercialisation”. Son modèle est tout de même davantage tourné vers productivisme et l’exportation à l'échelle européenne, avec possibilité de se positionner sur les marchés mondiaux.

La fédération se présente également comme “la voix des agriculteurs dans les instances européennes et internationales”. Son président, Arnaud Rousseau, a d’ailleurs fait savoir que les sujets abordés avec Gabriel Attal seront en grande partie européens. Le producteur de grandes cultures (colza, tournesol, blé, betterave, maïs) de Seine-et-Marne, à la tête du syndicat majoritaire depuis avril 2023, est aussi maire de Trocy-en-Multien et président du groupe agro-industriel Avril (connu pour ses marques d’huiles Lesieur, Puget).

Le quinquagénaire "incarne une agriculture liée à l'agro-industrie", avait réagi Nicolas Girod de la CP après son élection. Du côté de Greenpeace, il "coche toutes les cases pour poursuivre sur une vision conservatrice de l'agriculture, où productivisme et agrobusiness dominent". Quoi qu’il en soit, c’est lui qui sera chargé de défendre les intérêts des agriculteurs ce lundi.

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