Punaises de lit : la situation s’aggrave-t-elle vraiment dans les lieux publics ?
PUNAISES DE LIT - Ces dernières semaines, plusieurs cas d’infections de punaises de lit dans des lieux publics ont été particulièrement médiatisés en France, notamment à Paris et Marseille. Début juillet, des conducteurs de métro de la Régie des transports métropolitains (RTM), qui gère les transports en commun marseillais, s’étaient plaints de voir leur cabine infestée de punaises. Près de 30 % des agents s’étaient mis en arrêt maladie à cause de cette affaire.
Durant le mois d’août, plusieurs clients de l’UGC Ciné Cité Bercy à Paris ont été victimes de piqûres dans les salles obscures. Le groupe avait fini par communiquer début septembre en présentant ses excuses, indiquant que les salles concernées avaient été traitées en plusieurs temps.
#Cinema Les salles impaires en bas, @UGCcinemas @ugcdistribution de #Bercy Village sont infestées de punaises de lit, ATTENTION ‼️‼️‼️#Paris12
En DM ici, on vous remercie de l’info, mais PAS un mot de regret, ni aucune excuse. RIEN.
La direction du ciné ne traite PAS les salles. pic.twitter.com/VwPkBNlwEF— Nawal ⚡️ (@Nawal_) August 26, 2023
Dimanche 24 septembre, un signalement de punaises sur un siège avait été effectué par un passager sur un TGV Marseille-Paris, vidéo à l’appui. La SNCF a depuis assuré aux voyageurs de la voiture concernée un « remboursement intégral de leur billet », rapportait Le Parisien.
Un passager d’un TGV reliant Marseille à Paris ce dimanche 24 septembre a signalé et filmé la présence d’insecte ressemblant à des punaises de lit sur son siège.
La SNCF a assuré aux voyageurs du wagon un «remboursement intégral de leur billet»https://t.co/baUhk4h9Au— Le Parisien (@le_Parisien) September 26, 2023
Enfin, cette semaine, c’est le métro parisien qui était touché. Le conducteur d’un métro de la ligne 8 a déclaré mercredi 27 septembre avoir aperçu des punaises dans sa cabine, indique Le Parisien. Le syndicat Force ouvrière (FO) a alors aussitôt demandé à la direction de la RATP que les locaux du personnel et tous les métros et RER soient traités, avec une priorité pour les lignes 7, 8 et 13 en raison du tissu dont sont faits les sièges des cabines de conduite.
Record d’interventions
Cette « série » d’événements impliquant les nuisibles redoutés montre-t-elle pour autant que l’on assiste à une recrudescence d’infection par rapport aux dernières années ? S’il est impossible de mesurer avec des chiffres réels, ce qui est sûr, c’est qu’« il y a plus de demandes en termes de traitement que d’habitude en Île-de-France, on sent qu’il y a vraiment une infestation », répond au HuffPost l’entreprise Docteur Nuisibles implantée à Charenton-le-Pont dans le Val-de-Marne.
Même si cette structure d’extermination de nuisibles, qui emploie une dizaine d’employés, tempère aussi en évoquant des cas non avérés d’infestations : « on a aussi des personnes qui psychotent parce qu’elles ont vu des nuisibles un peu partout sur les réseaux sociaux, aux informations. Elles partent du principe que dès qu’elles ont trois piqûres, ce sont automatiquement des punaises de lit ».
Cependant, chez 3D Habitat, une autre entreprise basée dans le Val-de-Marne, à Créteil, le constat est aussi là : « cette année, on a battu notre record de nombre d’interventions », explique un responsable au HuffPost, indiquant tourner ces derniers temps à entre 10 et 15 interventions par semaine, sur un marché très concurrentiel.
Selon lui, la situation résulte d’une « explosion après le Covid » : « pendant le Covid, on est restés longtemps sans voyager, sans sortir. Pendant ce temps, les hôtels qui étaient peut-être infestés n’ont pas forcément fait de traitements, les punaises ont pu proliférer. Après le Covid, ceux qui ont pu voyager sont tous partis, et ça a favorisé le transport des punaises de lit ».
Les hôtels et Airbnb principalement concernés
Chez Docteur Nuisibles, on met aussi en avant la période de la rentrée pour expliquer cette recrudescence, où « on sent que le mois de septembre est plus important que les années passées ». Le quatrième été le plus chaud enregistré en France depuis 1900 n’est pas anodin puisque « quand il fait chaud, il y a beaucoup plus d’interventions : les insectes ressortent plus souvent », nous précise. Cela se conjugue à la fin « des périodes de vacances, après lesquelles on ramène des punaises de lit » chez soi dans sa valise ou ses vêtements, après avoir dormi dans des lieux infestés.
Sur les cas médiatiques récents dans des lieux publics, là encore, il s’agit d’endroits brassant énormément de population et favorisant la prolifération de punaises. « Ça peut être en entreprises, dans les transports, à l’école, au commissariat de police, dans les salles de garde à vue, dans les chambres d’hôpitaux, les ascenseurs... », énumère le responsable de 3D Habitat auprès du HuffPost.
Mais au total, les interventions dans les lieux publics ou chez les particuliers représentent actuellement que 20 % de celles de son entreprise : les 80 % restant, selon lui, concernent essentiellement les hôtels, gîtes, campings et Airbnb. « L’État devrait obliger les hôtels et les gîtes à avoir un contrat de désinsectisation avec des passages annuels ou même mensuels », préconise-t-il d’ailleurs.
Face à cette situation, la mairie de Paris réclame d’ailleurs désormais au gouvernement un plan contre les punaises de lit, ayant constaté une « recrudescence importante ». « Les punaises de lit sont un problème de santé publique et doivent être déclarées comme tel. Il faut que l’État réunisse urgemment l’ensemble des acteurs concernés afin de déployer un plan d’action à la hauteur de ce fléau alors que la France entière s’apprête à accueillir les Jeux olympiques et paralympiques en 2024 », écrit ce jeudi 28 septembre Emmanuel Grégoire (PS), le premier adjoint de la maire Anne Hidalgo, dans une lettre adressée à la Première ministre Élisabeth Borne.
Des conseils pour s’en débarrasser
Il demande notamment l’organisation d’« assises de la lutte contre les nuisibles », que l’Agence régionale de santé (ARS) « mette en oeuvre un mécanisme de déclaration obligatoire et accompagne les particuliers par une prise en charge financière » ou que « le risque psychologique après une telle infestation soit pris en charge ».
Les punaises de lit, réapparues depuis les années 1990, ont infesté plus d’un foyer sur dix en France entre 2017 et 2022, peu importe le niveau de revenus. Ces petits insectes de la taille d’un pépin de pomme, qui se nourrissent la nuit, principalement de sang humain, se cachent le plus souvent dans les matelas et les sommiers et sont transportés dans les vêtements et les bagages.
Après leur repas, les femelles fécondées pondent, tout au long de leur vie d’adulte, environ cinq œufs par jour dans un endroit abrité de la lumière. Disparues de la vie quotidienne dans les années 1950, ces insectes ont fait leur grand retour depuis une trentaine d’années dans de nombreux pays développés à la faveur de modes de vie de plus en plus nomades, de consommations favorisant l’achat de seconde main et d’une résistance croissante aux insecticides.
Au début de l’été, le ministère de la Transition écologique avait publié une série de conseils pour éviter d’être infesté, ainsi que la marche à suivre pour s’en débarrasser, comme on peut le voir sur l’infographie ci-dessous.
« Quand on intervient chez les particuliers, c’est parfois des situations compliquées. On tombe sur des gens dépressifs à cause de la situation car c’est usant, angoissant », nous fait part le responsable chez 3D Habitat. Mais il termine sur une note d’optimisme : « je pense que dans les années à venir, ça va quand même baisser un peu car il y a beaucoup d’interventions qui sont en train d’être faites par pas mal de sociétés. »
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