PSG-Barça: quelle part de responsabilité pour Luis Enrique?

Kylian Mbappé est passé à côté, Gianluigi Donnarumma s'est raté, Lucas Beraldo était dépassé. Plusieurs joueurs du Paris Saint-Germain n'ont assurément pas brillé lors de la défaite 3-2 du Paris Saint-Germain contre le FC Barcelone en quarts de finale aller de la Ligue des champions. Mais les défaillances de certains joueurs ne sont pas indissociables des choix de Luis Enrique, plus ou moins inspiré lors de cette soirée au Parc des Princes.

Avec la suspension d'Achraf Hakimi, la question était de savoir qui allait débuter au poste d'arrière droit. Cette saison, Warren Zaïre-Emery est le principal remplaçant de l'international marocain. Il est aussi arrivé que Carlos Soler et Nordi Mukiele assurent l'intérim. Le choix s'est finalement porté sur Marquinhos, qui n'avait plus occupé cette position dans un match important depuis l'ère Laurent Blanc. Ses 45 premiètes minutes dans ce rôle ont malgré tout été de bonne facture. Mais par ricochet, le duo formé par Lucas Hernandez et Lucas Beraldo en charnière n'a pas donné satisfaction. Ce qui a poussé Luis Enrique à recentrer son capitaine brésilien à la mi-temps.

Marquinhos latéral droit permettait d'aligner Warren Zaïre-Emery au milieu plutôt que sur le banc. Bien que le grand espoir du football français ait récemment affiché quelques limites finalement normales, son absence au coup d'envoi a surpris alors même que Luis Enrique ne cesse de vanter son pouvoir de bonfier un collectif avec son sens du placement et de la compensation. D'autant que Kang-In Lee à son poste, bien qu'il ait tenté d'apporter offensivement, continue de montrer ses difficultés pour s'imposer dans l'entrejeu.

"On n’a rien compris"

Le pari le plus raté est celui de la titularisation de Marco Asensio comme faux numéro 9 amené à dézoner à gauche. Invisible, l'atout offensif espagnol n'a globalement servi qu'à obtenir un carton jaune de Sergi Roberto. Il n'a su fournir le dynamisme qu'a pu démontrer Ousmane Dembélé dans l'axe, ni la présence d'un avant-centre comme Gonçalo Ramos. Pouvait-il en être autrement compte tenu de ses ternes prestations depuis deux mois et, tout simplement, de son profil?

"On n’a rien compris au onze de Luis Enrique", a fustigé Daniel Riolo dans l'After Foot sur RMC, dans une critique qui peut rappeler celles qui visaient les chamboulements tactiques de Pep Guardiola avant la saison du sacre européen avec Manchester City. "En Espagne, ils sont comme moi, personne n'a rien compris. Peut-être qu'ici on va continuer à dire qu'on a un génie à la tête du club. Comment mettre de l’intensité alors que tu as des joueurs qui ne jouent même pas à leur poste?", a ajouté le polémiste.

Le plan de départ n'a pas tenu

Au regard de la performance de la charnière Beraldo-Hernandez et des intentions relativement simples de jeu long du Barça, était-ce une bonne idée de faire jouer le PSG aussi haut avec des situations de un-contre-un en défense durant les 45 premières minutes? Sur les ballons directs, Robert Lewandowski a fait vivre un calvaire à Lucas Beraldo, incapable de le suivre et déjà en difficulté dans cet exercice contre l'OM en mars.

Malgré la frappe folle de Raphinha, la situation s'est améliorée en seconde période avec Lucas Hernandez à droite et Marquinhos dans l'axe pour prendre en charge la couverture. Ce qui est à mettre au crédit de Luis Enrique, au même titre que l'entrée de Bradley Barcola à droite pour faire sortir Marco Asensio.

Certains ajustements auraient éventuellement pu être faits avant la mi-temps, même s'il convient de rappeler que des modifications de plan de jeu en cours de jeu ne sont jamais sans risque. Peut-être est-ce pour cette raison que l'entraîneur espagnol s'est montré plutôt conservateur après l'entrée décisive de Pedri à l'heure de jeu. Il a d'ailleurs fallu attendre la 85e minute pour qu'un troisième changement parisien ait lieu, avec l'entrée de Gonçalo Ramos.

Plusieurs matchs européens en mode diesel

En conférence de presse d'après-match, Luis Enrique a, comme à son habitude, assumé ses choix sans pour autant trop en dire: "La seule personne qui peut voir les entraînements et qui revoit tous les matchs, c’est moi. C’est pour ça que je suis l’entraîneur, que je travaille depuis tant d'années et que je suis là. Je pensais que les joueurs choisis étaient les meilleurs pour ce match. Logiquement, le résultat suscite des critiques et des questions. J'accepte".

Au cours de la saison, le Paris Saint-Germain a plusieurs fois été surpris par le plan de jeu adverse en première période. C'était le cas lors du huitième de finale aller contre la Real Sociedad, mais aussi contre Milan à San Siro, lors des deux matchs contre Newcastle et, plus récemment, à Marseille. "Le coach va tout analyser, il sait toujours faire des ajustements qui sont utiles", a promis Marquinhos.

Reste le cas Kylian Mbappé. L'immense majorité des entraîneurs admettent ne pas vouloir sortir leur meilleur atout offensif même lorsqu'il déjoue, en espérant un éclair de génie dans le money time. Mais à l'heure actuelle, le champion du monde 2018 est-il encore l'élément-clé du PSG? Si oui, Luis Enrique s'égare peut-être en n'arrivant pas à le mettre dans les meilleures dispositions. Sinon, Luis Enrique devrait sans doute se montrer plus intransigeant dans la gestion de son temps de jeu.

Article original publié sur RMC Sport